ECHOS - La sentinelle pourpre. T.1 ( 1er jet )

Chapitre deux. La fuite.

Et lamentablement elle s'écrase. Face contre terre, ses lippes accrochent les particules au goût fangeux d'un sol pas si éloigné qu'elle ne le pensait. Abbie lâche un râle de douleur, avant de se tourner sur le dos. Son habit autrefois immaculé est à présent moucheté de taches sombres, sa gorge crachant une toux compulsive. La douleur dans son crâne rend sa vue soudainement trop floue, et la jeune femme doit faire preuve d'un effort presque surhumain pour se redresser sur ses chausses de métal. Un simple conduit d'aération en pente menant à l'extérieur. De quoi ? Il lui faut un moment pour se penser à reprendre sa respiration. Mais là où elle est, l'air lui-même semble lourd. Et glacial. Secouant le menton de gauche à droite, la brune tente de se débarrasser du voile de brume dans son crâne, papillonnant pour mieux aviser le monstre de pierre duquel elle vient d'être gerbée avec violence. Ses pieds reculent lentement, tandis que son menton se lève. Pourtant, plus elle hausse ses mirettes opales, plus ce qu'elle distingue semble improbable. Une montagne ? Ou plutôt l'arrière d'un bâtiment si immense, sombre et fait dans ce qui semble être une roche, qu'il y ressemble à s'y méprendre. Dans son dos, une vague d'arbres sombres lui bouchent la vue et le passage. Impossible pour elle de distinguer les environs plus clairement, et de comprendre à quelle emplacement de Paris elle peut bien se trouver.

 « - ... Quoi ?

Le murmure lui échappe malgré elle, et toujours d'une respiration saccadée, Abbie recule d'avantage.

 Mais à peine a-t-elle eu le temps d'esquisser une distance d'un mètre, que ses poignets toujours liés vibrent. Médusée et surprise, la brune à la peau d'albâtre baisse la tête, observant ses deux anneaux noirs collés à ses poignets qui tremblent avec force. Quelque chose bute, ramenant son corps en avant et lui donnant la sensation d'être tiré à même l'ossature. La jeune femme accroche ses semelles au sol, tentant tant bien que mal de résister, jusqu'à ce que l'émanation inconnue soit trop puissante pour elle. Ses pieds ricochent, son corps ballotte dans tous les sens, tandis que ses mains tendues en avant s'écrasent contre la paroi sombre. 

 - Non, c'est pas vrai ! qu'elle crache entre ses lippes, déposant déjà un pied contre la surface pour tenter de tirer ses poignets liés de la pierre. 

 Rien à faire. Ceux-ci restent aimantés. Au grand désarroi de la jeune femme, ses liens qui l'entravent sont ce qui va causer sa perte. Abbie tente tant bien que mal d'embrasser l'espace d'un regard attentif, afin d'étudier les lieux autour d'elle. Tout est sombre, la nuit semble dominer l'espace. Parfois, quelques flashes de lumières lui parviennent. Et, au loin, ses esgourdes perçoivent les brouhahas de ce qui semble être des alarmes. Des cris s'y joignent, et le palpitant battant d'Abbie menace d'exploser sous sa cage thoracique. Ils sont après elle, prêts à lui tomber dessus tels des sauvages. La panique l'emporte, une nouvelle fois, l'organe cardiaque menace d'exploser dans sa poitrine. Abbie inspire longuement, recrachant l'air par ses narines dilatées, tout en sentant une sueur froide perler le long de sa tempe. 

 - Psst !

Un son à peine audible la fait tiquer, obligeant la jeune femme à pivoter sur ses talons pour trouver l'origine du son. 

Pourtant, tout en tournant la tête autant que son entrave le lui permet, elle ne trouve ... rien. La pierre sombre est atypique de l'édifice l'empêche toujours de bouger, collant ses poignets à son grand désarroi. 

 - Là ! 

 Prunelles plissées, ses oreilles tentent de capturer l'origine de l'appel. Il provient de sa droite, elle en est certaine.

 - ... Si c'est une blague, arrêtez tout de suite et venez-en aux faits ! chuchote Abbie, juste dans l'éventualité de se faire repérer par ses vrais ennemis.