ECHOS - La sentinelle pourpre. T.1 ( 1er jet )

Chapitre onze - Pour elle.

William passe longuement en revue la nouvelle pièce dans laquelle ils viennent de pénétrer. Ses onyx scrutant curieusement les différents écrans si fins que le jeune Anglais pourrait presque passer ses mains en travers. En regardant de plus près, il réalise même qu'il est fort probable que son hypothèse se tienne. Au milieu de la pièce, une table semblable aux supports d'opération est jonchée d'égratignures, sûrement provoquées par les nombreuses fléchettes qui rongent le sol. D'après ce qu'il a eu le temps de capter, il s'agit de tranquillisants puissants.

« - On avait plusieurs hommes sur place à son réveil, explique Al'Aaric, bras croisés et lèvres pincées. Les sédatifs étaient pourtant puissants ... elle s'est relevée avant que j'arrive et elle a pris ça.

Le géant aux filets acajou se penche ensuite, pour agripper un plateau argenté bosselé et le tendre à Edgard. Le vieil homme jauge la babiole longuement, restant silencieux comme à son habitude. Ses prunelles sombres étudient soigneusement chaque élément présent, chaque indice pouvant être utile. A l'autre bout de la pièce, perchée sur un siège, une petite rousse aux filets tressés observe le grand-père d'Abbie en silence. Elle a  l'air complètement obnubilée et impressionnée par ce dernier. Comme tous ceux qui le croisent depuis qu'ils sont arrivés ici. Al'Aaric soupire longuement, ses lèvres fines pincées alors que ses prunelles polaires passent de William à la rousse.

- Xan'Dras, tu confirmes ? demande-t-il poliment, semblant quémander un témoignage plus qu'une affirmation.

l'intéressée opine du chef en s'humectant les lèvres, se redressant souplement pour les rejoindre au centre. C'est une jeune femme minuscule, aux corps fin moulé dans des apparats de cuir. Ses vêtements donnent l'impression d'avoir été enroulés autour de ses membres, et deux bretelles tendues sur ses épaules retiennent un pantalon qui n'en a pourtant pas besoin. Le survêtement masque uniquement sa poitrine, et ses doigts sont couverts de mitaines d'une matière identique au reste. Le tout dans des coloris marron. C'est certainement la seule individu un tantinet excentrique qu'il est vue à l'intérieur de la citadelle. Il en conclut donc immédiatement qu'elle n'est pas l'un des soldats.

- .... Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Ed'GAard. J'ai longuement entendu parler de toi, je n'étais pas née lorsque tu t'es banni d'Echos pour sauver Abbie. J'ai toujours admiré ton courage à travers les légendes ... Mon respect pour toi est immense. Mais j'ai tout appris de cette histoire, comme beaucoup. Et je sais ce que personne d'autre en dehors de la citadelle ne peut savoir : Tu devais la protéger et lui offrir le savoir, la préparer. Hors, elle ne sait rien, elle est dangereuse, enragée et totalement perdue. Je vous vois bien tous, avec vos grands airs ...

William ne comprend absolument pas un mot, ne peut juger que par les expressions, les mouvements ... Pour lui, les syllables guturales crachés des lippes d'Al'Aaric et Xan'Dras sont du charabia. Un charabia qu'Edgard semble comprendre, bien entendu. 

- Xan ! s'insurge Al'Aaric en lui lançant un regard courroucé.

- C'est bon, ça va, coupe Edgard en levant une main, vrillant ses prunelles sombres sur la petite rousse. Elle a besoin de parler.

- Merci bien, s'époumone Xan'Dras, les joues rouges, vous considérez Abys comme un danger, mais c'est uniquement de votre fait ! Ce n'est pas un animal enragé, on doit l'aider, pas empirer la situation. Si tu avais été honnête avec elle depuis le début on n'en serait pas là. Abys est un danger pour ses ennemis ... Alors on doit la récupérer, faire en sorte qu'elle soit avec nous. Pas contre nous ...

La jeune femme inspire longuement, le regard suppliant.

- Je suis désolée ... mais la situation est extrêmement délicate et complexe. Un individu surentraîné tel qu'Abbie, dans cet état psychologique ... elle est imprévisible mais déterminée. J'ai vu son regard lorsqu'elle s'est enfuie, elle n'a qu'un seul objectif en tête : Trouver qui nous sommes et ce que nous voulons. Et ça, sans notre aide et par tous les moyens.

Silence. William se sent définitivement de trop. Lui qui est arrivé ici par accident se trouve soudainement projeté dans un contexte qui ne lui appartient pas. Les deux hommes n'ont encore fait aucun commentaire, si bien que le jeune Anglais se demande si ce n'est pas une caractéristique commune des hommes de cette planète.

- Bien, se contente de lâcher Ed'GAard, bras croisés. Le vieillard se détourne vers Al'Aaric sans pour autant s'occuper de Will, ses prunelles vrillant celles du chef. On va avoir besoin de William.

- Quoi ?! s'exclame l'intéressé, se redressant brusquement pour s'interposer entre les deux hommes. Attendez, j'ai pas les qualifications pour faire ça, contre vos types surentraînés, j'ai rien !panique-t-il sans même avoir eu le temps de comprendre les enjeux. Besoin de lui pour quoi ?

Mais rapidement, Edgard le coupe dans son élan, levant une main en l'air pour lui ordonner le silence. Un long soupire, et le grand-père d'Abbie reprend :

- T'as rien à faire de plus qu'être là. Elle doit juste te voir, c'est tout. Tu es le seul à savoir apaiser Abbie, on va te protéger, n'est-ce pas ? demande-t-il ensuite en jetant un regard en biais à Al'Aaric.

Ce dernier acquiesce silencieusement, l'un de ses doigts effleurant son menton pensivement.

- Si c'est ce qu'il faut faire pour la ramener parmi nous, alors sa vie sera plus importante que la mienne, lâche le brun/roux d'un ton des plus sérieux, et à la grande surprise de William, dans un Français haché et légèrement bancal, mais compréhensible.

Les paupières de William papillonnent, ce dernier n'en revenant pas d'entendre pareilles propos. Ca lui semble extrême, mais après tout, les mœurs des gens qu'il croise ici semblent radicalement opposées aux siennes. Néanmoins, il s'agit d'aider sa meilleure amie. Et pour elle, le jeune homme doit braver sa trouille et souffler un bon coup, se reprendre et prendre son courage à deux mains pour accomplir la tâche qui lui est demandée.

- D'accord, c'est quoi le plan ?»

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Le chapitre était vraiment long, et actuellement, la plupart des gens votant pour des chapitres plus courts en format Wattpad, j'ai décidé de continuer comme ça. MAIS, surprise, le prochain arrive juste après. Eh oui, cadeau des 2k ! Bonne soiré, j'ai hâte d'avoir vos retours.