Chapitre douze - Le peuple du sud

86 14 5
                                    


Doigts accrochés à la barre de fer au-dessus de son crâne, William inspire et inspire longuement. Il n'en revient pas d'avoir accepté. Le brun se racle la gorge, se dandinant dans l'armure qu'on l'a forcé à porter par-dessus la première. Comme si ça ne suffisait pas, il semblerait que ce qu'il aborde en ce moment soit un exosquelette. Pourtant, même en ayant entendu parler de ces choses dans les films, la carapace fine qu'il porte est légère et loin d'être encombrante. Presque collée à son corps, loin de manger tout l'espace autour de lui et de gêner ses mouvements. Dans son dos, une arme lourde est accrochée. On a beau lui avoir expliqué le fonctionnement de ces faucheuses d'âmes, William n'a pas compris un seul mot de que Xan'Dras a débité à toute vitesse. Le stress l'empêche de réfléchir et avec angoisse, le jeune homme observe la petite rousse à ses côtés. Quant à elle, la jeune femme n'est vêtue que d'une armure fine comme celle qu'il porte en dessous de l'exosquelette. Elle semble attribuée à un unique poste aux commandes du vaisseau dans lequel ils sont tous. Lui, Edgard, Al'Aaric et un brun silencieux aux boucles de jais, celui qu'il avait vu à Paris avec le grand brun/roux. Ses prunelles d'un bleu limpide lui font se demander s'il n'est pas courant d'avoir de telles iris dans la région, mais quelque chose le perturbe chez ce type. Will jurerait l'avoir déjà vu quelque part. C'est impossible, à part à la capitale Terrienne, William n'a jamais aperçu cet homme nulle part.

« - Qui c'est ? marmonne le brun à l'intention d'Edgard, qui fixe les portes solides du vaisseau sans avoir craché une syllabe depuis leur départ.

Le vieillard tourne la tête, plus facilement qu'on ne pourrait le penser lorsqu'on avise le col de son armure de métal, avant d'hausser les épaules.

- Nal'Aan. Très efficace, mais pas causant.

Ca aussi, ça lui rappel quelqu'un ... Will lui adresse une nouvelle œillade curieuse. C'est un très bel homme, un corps souple et élancé, une mâchoire carrée et des boucles sauvages tombant sur sa peau légèrement halée donnent à son regard un éclat presque sauvage. Oui, plus William l'observe, plus l'impression de déjà vu le dévore de l'intérieur.

- Le fixe pas comme ça, répète Edgard pour la énième fois.

L'intéressé grommelle quelque chose dans sa barbe trop épaisse, à croire que tout le monde à un problème avec les regards extérieurs dans le coin. Le vaisseau tremble légèrement, et sous les bottes du brun le sol vibre avec force. La voix légèrement étouffée de Xan'Dras remonte jusqu'à ses esgourdes, leur annonçant l'atterrissage imminent au-dessus d'une ... taverne ?

- Quoi ? qu'il s'époumone, jetant un regard à tout le monde.

- Préparez-vous, elle est dans la ruelle adjacente et on m'annonce que Kaz'Han est avec eux.

- Le foutu Gnro'rk ! grogne Nal'Aan en se redressant, ouvrant la bouche pour la première fois devant William. On doit se dépêcher avant que ça tourne au carnage !

Un quoi ? William fronce les sourcils. Depuis qu'on a intégré un petit appareil à son casque, les mots deviennent miraculeusement plus compréhensibles. Il n'avait rien suivit auparavant. Maintenant, tout est plus limpide, ou presque. La plupart des expressions familières lui échappent. C'est quoi un Gnro'rk ?

- Un truc moche avec des crocs et une carapace épaisse, lance Edgard en se mouvant pour approcher de la sortie, redressant son casque sur ses oreilles. Comme s'il avait lu dans ses songes.

L'incompréhension devait être palpable sur ses traits. Ca a même l'air de faire vaguement sourire les autres, mais William ne se vexe pas. Après tout, il est loin d'être du coin. Abbie aussi sera aussi perdue que lui. Alors pourquoi cette idée ne le réconforte-t-elle pas ?

ECHOS - La sentinelle pourpre. T.1 ( 1er jet ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant