Après un temps indéfini, les traits d'un immeuble moderne se dessinent sous les feux vifs de la voitures. Il rentre dans le parking souterrain puis m'aide à sortir de la voiture.
— Merci. dis-je en comprimant la blessure.
— Viens, c'est par là.
Je le laisse me guider jusqu'à l'ascenseur avant de monter dedans pour rejoindre son appartement. Une fois arrivés, les portes s'ouvrent sur un magnifique et luxueux loft. Baignée de la lumière du clair de lune grâce aux baies vitrées qui font office de murs, la pièce est spacieuse. Devant moi se trouve le salon. Sur ma gauche se dresse un imposant escalier moderne qui cache en partie la cuisine nichée derrière. Tout est moderne et ouvert, une grande pièce de vie qui pourrait contenir la maison entière de Nonna.
— Va t'asseoir sur le canapé, je reviens.
Sans discuter son ordre, je descends les trois marches d'accès au salon et m'assois sur le canapé de cuir marron. De peur de le tâcher de mon sang, je m'assieds au bord. Quelques secondes plus tard, Ezio revient avec une trousse de secours. Concentré, il prend place à côté de moi.
— Je vais te demander d'enlever ton haut s'il-te-plaît.
Je rougis à cette idée. Se déshabiller devant un inconnu n'est pas chose aisée.
Après quelques gestes gênés et maladroits dus à la douleur, je me retrouve en soutien-gorge devant Ezio. Ce dernier réprime un sourire puis se concentre sur ma blessure. A son contact ma peau frissonne, mon cœur s'emballe et ma respiration s'accélère.
— C'est la peur d'avoir mal ou c'est mon touché qui te rend si nerveuse ? me demande-t-il sans lâcher ma blessure du regard avec un sourire aux lèvres.
— Je crois que je n'ai pas besoin de te répondre, mon corps le fait très bien pour moi. réponds-je en me pinçant les lèvres.
— C'est dommage j'aime l'entendre quand je ne laisse pas indifférent une femme.
Cette fois il laisse ses yeux d'un bleu profond me dévorer.
Serait-ce du désir que je lis dans ses yeux ?
Je n'ai pas le temps de trouver la réponse qu'il rompt le contact visuel pour se reconcentrer sur ma blessure.
Quelques grimaces de douleur plus tard, Ezio termine de me recoudre.
— Bravo , tu n'es même pas tombée dans les pommes, t'as une sacrée tolérance à la douleur.
— Je dois bien avouer que je n'étais pas loin. Encore quelques minutes et tu me retrouvais inerte sur le canapé, avoué-je en esquissant un sourire. Est ce que je peux aller prendre une douche ?
— Oui bien sûr, en haut de l'escalier tu prends la première porte à droite, c'est la chambre d'ami, elle a sa salle de bain. Tu trouveras également de quoi te changer.
— Okay merci.
Je suis ses indications et trouve rapidement la chambre et la salle de bain. Décorée avec goût et tout aussi spacieuse que le reste de l'appartement, on s'y sent tout de suite bien et à l'aise.
Je me dirige dans la salle de bain et prends ma douche. Une fois lavée, je décide de remettre mes affaires ne voulant pas porter des vêtements d'autrui et désireuse de rentrer chez moi retrouver mon cocon.
Je retrouve Ezio en bas devant les fourneaux. Accoudée sur l'îlot central puis lui demande:
— J'aimerais rentrer chez moi, tu veux bien me raccompagner s'il-te-plaît ?
— Impossible, tu n'y seras pas en sécurité. A l'heure qu'il est ils ont déjà dû trouver où tu habites.
— Mais je DOIS rentrer chez moi j'ai des impératifs, je dois bosser.
— Quels impératifs ? Dans une récente interview tu disais que tu prenais du temps pour te retrouver et plancher sur ton futur album. Ce qui veut dire que tu es libre et donc que tu peux attendre d'être sûre que tu peux reprendre ta vie seule en toute sécurité.
— Alors comme ça on m'espionne ? Et tu te trompes, j'ai besoin d'essayer des instru pour avancer dans mes chansons et tout mon nécessaire est dans mon appart'.
— Rappelle-toi, j'ai fait une promesse à Nonna. Te retrouver et te protéger. Alors allons chercher tout ce qu'il te faut mais on te ramène ici.
— C'est ce qu'on verra si ma sécurité n'est pas compromise, je reste là bas et j'embauche un garde du corps si ça peut te faire plaisir mais je retrouve ma liberté. m'imposé-je.
— Comme tu voudras. Mange ça et ensuite on démarre.
A peine m'a-t-il tendu l'assiette que je l'engloutis.
Impatiente, je pars devant suivie d'Ezio et nous prenons la route.
Après un moment à rouler, je reconnais enfin mon quartier. Cependant quelque chose cloche. Mes yeux ne comprennent pas tout de suite ce qu'ils voient puis plus on se rapproche et plus cela devient évident: il y a un incendie.
Mon pouls s'accélère, mes jambes s'agitent et mon souffle s'anarchise quand je comprends qu'il s'agit de mon appartement. Garés en bas des flammes je m'éjecte de la voiture pour me stopper net face à leur appétit vorace.
Le déni m'est impossible, l'odeur de brûlé qui s'est répandue dans l'atmosphère emplit mes narines et les particules de cendres que j'inhale se déposent dans mes poumons comme le mal insidieux d'une cicatrice invisible.
Sans quitter le feu des yeux, je m'avance mais très vite des pompiers me barrent le chemin en m'interdisant d'aller plus loin et me demandant de reculer.
Témoin impuissante de la dispersion de ma vie en cendres, je tombe à genoux, les yeux embués, un cri silencieux jaillissant de ma gorge.
Sans m'en rendre compte, Ezio m'entoure de ses bras, son torse contre mon dos.
Le corps rigide, mes yeux et mon cerveau ne parlent plus la même langue. Comme s'il ne comprenait pas ce qu'il voyait, mon cerveau ne me relaie plus l'information. L'effervescence qui m'entoure se brouille peu à peu, la cacophonie de la vie ambiante qui, quelques minutes auparavant assourdissait mes oreilles, se réduit pour ne devenir que de lointains sons étouffés. Isolée au milieu de la foule, je reste prisonnière de mon esprit.
Otage d'un silence oppressant ponctué de ma respiration pénible et des battements anarchiques de mon cœur, mes pensées éclatent avant même de se former.
Dans tout ce chaos, la voix murmurée d'Ezio me parvient difficilement :
— Tel le phénix tu renaîtras de tes cendres. Ils ont peut-être essayé d'attenter à ta vie mais tu es plus forte que ça. Tu es encore là. Ne sous-estime pas la force que tu as en toi pour te relever. Je suis là pour te soutenir, tu n'es pas seule dans cette épreuve.
Tandis que ses mots attisent mes larmes, un sentiment complètement nouveau naît en moi. Sans parvenir à le définir immédiatement, c'est en contemplant les cendres qui viennent se déposer sur le bitume face à moi que je mets le doigt sur la nature de ce que je ressens. Tout comme ce goudron, mon cœur se recouvre de cendres incandescentes qui allument le feu de mon désir de vengeance.
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Le Phénix - Consumation [TOME 1]
ActionL'on dit qu'avoir des ennemis signifie que l'on se bat pour quelque chose. Je ne sais pas si cette vérité est universelle mais elle s' applique bien à ma vie. Pourtant tranquille en apparence, rien ne me prédisposait à vivre une existence où danger...