L'héritage

18 5 7
                                    


Le contact de l'eau m'arrache un hurlement de douleur qu'elle étouffe. Je retourne à la surface et jette un coup d'œil à la fenêtre de Leone qui est vide. En quelques brassées, je sors de la piscine, passe par-dessus la petite grille de clôture et cours dans le seul but de m'éloigner de cet endroit. Au bout du trottoir, une silhouette familière sort de l'arrière de la voiture garée.

Ezio

— Monte !

Je m'exécute et m'affale sur le siège grimaçant de douleur. Il ferme la porte et le chauffeur démarre en trombe.

— C'est quoi tout ce sang May ??

Je suis son regard écarquillé et découvre que le rouge a déteint le blanc immaculé du peignoir. Essoufflée, déboussolée, je mets un peu de temps avant de lui répondre, reprenant ma respiration et mes esprits.

— Le sang de Leone et le mien. réponds-je entre deux respirations.

— Comment ça le tient ?!

Les actes valant plus que les mots, je me tourne alors et lui montre l'état de mon dos. Après quelques secondes, je remets le peignoir et me retourne face à un Ezio à la bouche entr'ouvertes, aux poings fermés et aux yeux humides.

— Mais putain qu'est-ce-qu'il t'a fait subir ce fils de pute ?!

— Des coups de fouet. Je me suis vengée et il est mort avec son joujou autour du cou.

Il me tend des affaires sèches dont je m'empare avant de les mettre.

— Je sais..

— Comment ?

— J'ai compris que tu avais réussi quand j'ai entendu les deux colosses s'en prendre à la porte. J'étais dans le hall de l'hôtel à attendre ce signal. Une fois qu'ils ont réussi à l'ouvrir, je suis monté et je les ai tué d'une balle dans la tête. Leone mort, ça ne nous garantissait pas que ces gardes ne continueraient pas son affaire, seuls ces deux là demeuraient une menace. On ne laisse jamais de témoin vivant. Maintenant qu'ils sont morts tous les trois nous sommes tranquilles. Et bravo tu as réussi par toi-même comme tu le désirais.

Sa dernière phrase sonne comme un reproche. Piquée au vif par sa remarque qui a l'effet d'un coup de couteau dans le cœur, je fixe Ezio les larmes aux yeux. N'ayant pas la force de dire quoi que ce soit, je détourne le regard pour le poser sur le paysage qui défile à travers la fenêtre le reste du trajet.

Une fois arrivés, sans dire un mot, je me précipite jusqu'à ma salle de bain pour prendre une douche et me laver de toutes ces insanités. J'arrive tant bien que mal à retirer le sweat d'Ezio puis je file sous la douche.

L'eau chaude sur mes blessures m'arrache un cri de douleur ainsi que des larmes. Malgré ma souffrance, l'effet thérapeutique de l'eau me donne l'impression de me laver de chaque empreinte laissée par Leone. Chaque goutte vient, par son passage, enfermer la toxicité de son touché pour la faire disparaître dans le siphon, libérant ma peau de son emprise. Ce n'est qu'après m'être savonnée puis nettoyée vigoureusement plusieurs fois d'affilée que je me sens prête à sortir.

La serviette enroulée autour du corps, je me rends compte qu'il faut que je soigne mes blessures mais qu'il m'est impossible d'y parvenir seule que je le veuille ou non. Ne voulant pas me rhabiller de peur d'avoir mal, je décide d'envoyer un sms à Ezio pour qu'il vienne m'aider.

Quelques secondes plus tard, j'entends frapper à ma porte.

— Je peux entrer ?

— Oui, je suis dans la salle de bain.

Le Phénix - Consumation [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant