Je roule à vive allure, la route est jonchée de bagnoles, mais je ne ralentis pas pour autant. Les yeux embués de larmes et la tête remplie d'idées noires, je me dirige vers une destination inconnue. Je ne supporte plus ces reproches, je suis consciente d'être un boulet.
J'étouffe sous mes sanglots, j'ai besoin de me poser. Je n'ai pas envie de crever.
Je tourne à la première intersection, puis m'insère dans une ruelle qui mène à un parking isolé à l'arrière d'un bâtiment. Je stoppe net le moteur, puis rageusement, je cogne mes poings contre le volant en hurlant pour exorciser ma douleur interne. Rien n'y fait... J'ai beau crier, je ressens toujours cette souffrance qui me déchire les organes, mon cœur semble écrabouillé contre ma cage thoracique. J'écrase mon front sèchement contre le volant. Même m'infliger de la douleur physique n'atténue pas celle qui me ronge de l'intérieur.
Mon crâne cogne douloureusement à cause du manque d'air causé par les sinus bouchés et de la chaleur ambiante dans la caisse. J'ai besoin d'air.
J'ouvre la portière, l'air frais de la nuit fouette mon visage, ainsi que mes bras nus. Dans la précipitation, je n'ai pas pensé à prendre un foutu manteau. Je me laisse tomber sur le béton, mon dos collé à la carrosserie en chialant comme une gamine. Je sais déjà ce qui m'attend en rentrant. Ma mère sur protectrice qui va une nouvelle fois m'étouffer et me pousser à aller consulter. Mon beau-père qui me lance ces mêmes regards noirs de sous-entendu et la mine apeurée de Théodore, mon petit frère.
J'ai surréagi ce soir, mais je suis épuisée. Terrorisée, à l'idée qu'il recommence. Je ne le supporterai pas, surtout pas avec lui. Je ne peux pas le laisser subir ce que je vis aujourd'hui.
Un bruit de porte qui s'ouvre attire mon attention, je pivote la tête à droite. Trois hommes apparaissent. Ils ne m'ont pas vu. Mon cœur se met à battre violemment lorsque l'un d'eux fracasse le dos de l'un contre le mur. La violence dont il fait preuve me pétrifie. Je discerne nettement certains détails et leur silhouette grâce à la lumière au-dessus d'eux.
L'un est blond et les deux autres sont bruns. La différence que je note est bien leur flagrante différence de taille. L'un doit avoisiner le mètre soixante-dix, quant à l'autre, c'est un géant d'au moins un mètre quatre-vingt-dix. Je n'arrive pas à détourner mes yeux de la scène qui se joue. Un règlement de compte, c'est certain. Je n'entends que des bruits, aucun mot clair. Le grand éclate de rire comme un fou furieux.
Les minutes qui suivent deviennent abominables. Le pauvre homme se retrouve au sol, en recevant des coups sans possibilité de réplique. Du sang commence à peindre le béton. Je mords à l'intérieur de mes joues pour ne pas me faire remarquer. Qui sait ce qui pourrait m'arriver s'ils me découvrent ? Sauf que par malheur, le blond s'avance, un pistolet en main.
Quelles étaient les probabilités pour que je me retrouve témoin d'un meurtre ?
De sang-froid, ce dernier tire à bout portant dans le crâne de la victime. Cette fois-ci, je suis incapable de retenir un hurlement d'horreur. Les deux hommes me repèrent et je découvre leur faciès parfaitement détaillé. Je suis fini, je vais mourir.
C'est cette nuit-là que j'ai découvert un tout nouveau monde dans lequel j'ai plongé tête la première par mégarde.
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𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞]
Romance« 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑐𝑖𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠, 𝑡𝑢 𝑎𝑠 𝑠𝑢𝑟𝑣𝑒́𝑐𝑢. 𝑀𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒𝑛𝑎𝑛𝑡, 𝑣𝑖𝑡 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑐𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑎𝑢𝑚𝑎𝑡𝑖𝑠𝑚𝑒𝑠 ». Dans son univers, le crime, le pouvoir et l'argent règnent en maître. Mais dans le sien, ce sont la foi, le pardon et...