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Les rayons du soleil percutent mes paupières closes

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Les rayons du soleil percutent mes paupières closes. Je n'ai pas fermé les volets hier soir ?

Je les ouvre difficilement, puis m'extirpe du lit mollement, assise au bord du matelas moelleux que je n'ai franchement pas envie de quitter en sachant la journée qui m'attend.

Je reprends mes esprits, jette un coup d'œil à mon portable posé sur la table de chevet. L'heure indique : Sept heures, seize minutes.

Sans grande conviction, je me traîne hors de ma chambre aux allures de gamine de quinze ans. Des peluches disposées un peu partout aux quatre coins de la pièce, le papier peint rose pâle et quelques poupées dans un bac que je n'ai pas viré depuis des années.

Une fois dans la salle de bain, je me dévisage dans le reflet du miroir, l'image devant moi me noue l'estomac. Les cernes mauves sous mes yeux et mon teint morne me donnent un aspect cadavérique. Je passe vivement une main sur mon visage, retire mes vêtements puis pénètre dans la douche. J'actionne le jet, faisant jaillir de l'eau tiède qui ruisselle sur ma peau. Mes doigts parcourent ma silhouette, se mettent à trembler lorsque je descends vers mon bas-ventre. Cette zone me dégoûte affreusement. Il me faut un effort surhumain pour ne pas me laisser envahir par les larmes.

J'attrape le savon liquide à la pomme, une goutte s'écrase sur le gant de bain que j'étale sur mon corps. Je frotte toujours plus fort, mais je ne ressens aucunement cette impression de propre. Rien n'y fait, mis à part irriter ma peau. Même le parfum fruité ne parvient pas à mes naseaux, seule cette effluve de vieux et aigre persiste. Une goutte saline m'échappe à l'image de son rictus malsain, mes poignets scellés au-dessus de mon crâne, sa poigne serrée autour de mon cou... Stop.

Je secoue la tête pour chasser ses mauvaises pensées, puis chantonne une musique qui me détend peu à peu.

Aujourd'hui encore, comme chaque dimanche, je vais devoir supporter les longs discours sur l'amour que nous porte Dieu. Il est vrai que mes premières fois à l'église étaient toutes intéressantes ; j'aimais y aller. C'était une sorte de refuge hors de l'enfer que je vivais à l'école. Maintenant, je suis déscolarisé et je passe mes journées à la maison. La vie me paraît si fade. Mes seules sorties sont pour aller à la messe, les boutiques de temps à autre avec ma mère lorsqu'elle a du temps à m'accorder.

Je n'aime pas sortir seule, je ressens en permanence cette boule dans mon bide. La panique me domine et je suis terrifié à l'idée d'être entouré par une foule de personnes, je me sens oppressée, observée. Alors que je sais très bien que personne ne me regarde, ni même ne me porte une seule attention. Sauf lorsque je m'effondre en plein milieu d'une foule à cause de l'anxiété...

Suite au harcèlement que j'ai subi durant mes années de lycée, j'ai développé une phobie sociale, il m'est impossible de rester seule entourée d'inconnus.

Des coups contre la porte me sortent de mes réflexions.

― Tu n'as pas bientôt fini ! S'écrie mon petit frère.

𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant