𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞]

𝟏𝟎¦

Nous sortons tous des vestiaires pour rejoindre la pièce principale, illuminée par les leds rouges, comme à mon arrivée. J'observe les autres femmes se placer un peu partout, dans chaque coin, récupérer des bouteilles de vin, de whisky...

Je reste un moment plantée devant la porte derrière moi, la sensation de malaise m'envahit, mon estomac se comprime de secondes en secondes, la tenue que je porte est vraiment fine, mes bras sont croisés autour de ma poitrine. Et je n'arrête pas de tirer sur les pans en espérant rallonger la longueur du kimono.

― Suis-moi, on va rejoindre le bar.

J'emboîte le pas de Vénus, pour l'instant personne à l'horizon et je suis déjà dans tous mes états. J'ai la bouche pâteuse, les paumes moites, et la chaleur ambiante semble augmenter de minutes en minutes. À moins que ce ne soit celle de mon corps.

― Donc, ce n'est pas compliqué, tu récupères une bouteille ici, n'importe laquelle et tu fais ta ronde dans le club. Tu peux très bien rester avec certains hommes à leur table, comme celle des deux idiots là-bas, m'annonce-t-elle en pointant Chase et Ezra assis dans un coin de la salle. Évidemment, tu ne peux pas rester tout le temps avec eux, ce n'est pas le but.

― Je ne comptais pas m'asseoir avec eux à la base, je lui avoue, une grimace sur le visage.

― J'ai compris pourquoi tu bosses là, ce n'est pas vraiment de ton plein gré. Je suis désolée.

Ma poitrine se serre violemment. Désolé... Ce n'est pas à elle de s'excuser, c'est plutôt à moi-même. Je devrais m'excuser d'être aussi conne et de me foutre dans des situations de la sorte.

― Ce n'est pas ta faute.

Elle me sourit, un sourire sincère.

― Je vais devoir y aller, si jamais tu as un problème, n'importe quoi, n'hésite pas. Surtout, ne te laisse pas écraser ! Insiste-t-elle en me donnant une pichenette sur le front.

Je pouffe en acquiesçant. Je la fixe s'éloigner, ses longs cheveux ébène tirés en arrière par une queue-de-cheval. J'inspire, récupère une bouteille et scan le club du regard. Les premiers clients entrent, s'installent, ils deviennent de plus en plus nombreux comme si c'était le rendez-vous préféré de chacun. Je suis incapable de bouger. Le serveur me lance des œillades curieuses sur mon inactivité, mais ne dit rien. Je suis tétanisée. Pas une crise. Pas une crise. Pas maintenant.

Une carrure imposante, vêtue d'un costume totalement noir, se positionne dans mon champ de vision, brouillé par l'angoisse. Je relève la tête pour découvrir l'identité de mon interlocuteur. Un long visage aux traits fins, une mâchoire carrée et un nez droit, percé d'un anneau argenté à la narine droite, j'identifie le personnage et me sens étrangement soulagée.

― Tu vas rester longtemps planté là ?

Chase Miller.

― Je suis un peu perdue... Je mens pour cacher ma crise de panique.