𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞]

𝟏𝟑¦

Je ronge la peau autour de mes ongles en lisant le texto de Chase une énième fois depuis que je l'ai reçu.

Chase Miller :

> Rendez-vous chez les Clark à dix-sept heures pour l'essayage des robes.

J'imagine que c'est mieux d'aller là-bas que de le faire chez moi. Mais je n'ai aucune envie de voir Ezra, alias le monstre. Je réponds un simple émoji pouce en l'air, peut-être qu'il ne sera pas là ? Je l'espère.

Allonger sur le lit, fixant le plafond, je réfléchis à une foutue excuse pour justifier à ma mère ma sortie... Si seulement, j'avais une vie comme toute celle de mon âge, je pourrais dire banalement que je sors avec une amie.

Je me redresse brusquement, les yeux écarquillés. Maintenant, que je bosse, je peux facilement dire que c'est une sortie entre collègues ! Un fin sourire se dessine sur mes lèvres, mais s'efface la seconde d'après. Si seulement, c'était vrai...

Me retrouver avec eux ne m'enchante pas. Même si l'ami du taré reste moins hostile, il a tué un homme. Et ça, je ne l'oublierai jamais.

Il est bientôt l'heure de partir, j'enfile un pantalon fluide gris, avec un pull en maille pelucheuse écrue. Je passe un rapide coup de peigne sur ma frange, du parfum et chausse mes baskets blanches ― plus si neuve qu'autrefois. Je sors de ma chambre, décide avant de partir à aller voir mon petit frère, j'ai l'impression que cela fait une éternité que je ne l'ai pas vu.

Trois coups contre la porte et ce dernier m'intime d'entrer. Théodore est allongé sur son lit, un manga en mains.

― Tu vas où ? Me questionne-t-il en me reluquant de la tête aux pieds.

― Boire un verre avec des collègues de travail.

Il dodeline la tête, sans rétorquer.

― Amuse-toi bien.

Je retiens une grimace. S'il savait vraiment ce qui se passe dans ma vie ces derniers jours... Je lui offre un faux sourire qui se veut sincère et elle ressort en fermant derrière moi. Dans les escaliers, je croise Grace, ses sourcils se haussent en me remarquant.

― Où vas-tu ?

― Boire un verre avec des collègues, ne m'attendez pas pour dîner.

― Tu ne rentres pas ?

― Si, mais je préviens seulement que je ne serai peut-être pas à l'heure pour le repas. Évitons de se prendre la tête comme l'autre soir, je glisse en passant devant elle.

Je l'entends se racler la gorge, continuant son chemin sans aucune autre remarque.

Devant le large portail en bois des Clark, l'estomac noué, je sonne à l'interrupteur qui tonne quelques secondes. Je triture mes doigts, me demandant si quelqu'un est bien là, quand ce dernier s'ouvre. Bon, il y a bien quelqu'un cette fois-ci.