C'est à peine si j'ai trouvé le sommeil, le réveil a été compliqué et mon reflet dans la glace affirme ces pensées. Les cernes violacés accompagnés de ma peau blafarde font peur à voir. Je sors le correcteur de ma trousse à maquillage, l'appliquant en une couche assez épaisse qui permet de camoufler le carnage de ma nuit. J'ajoute le blush ainsi que l'highlighter pour illuminer et rendre mon teint moins morne.
Je traîne les pieds jusqu'à l'armoire où j'en sors ma robe blanche habituelle pour la messe. Mon estomac se contracte sous l'anxiété, la communion de Théodore est dans quelques jours, et avec tout ce qui m'arrive ces derniers temps, je suis incapable de réfléchir à une solution pour empêcher un drame d'arrivée. Rien ne me dit que le Père posera la main sur lui, mais je ne peux pas prendre ce risque.
Je revêtis le tissu couleur neige, la seconde suivante, on toque à ma porte. La silhouette tirée à quatre épingles de ma génitrice s'impose dans ma chambre, sans que j'aie le temps de le lui permettre.
― Tu pourrais attendre que je te dise d'entrer, je râle en brossant mes cheveux.
― Ça va, je suis ta mère.
Justement. Elle sous-entend, comme d'habitude, que le fait qu'elle me mette au monde justifie donc que me voir nue comme un verre est normal. Je ne suis pas de cet avis. Mon intimité est précieuse, surtout depuis ce qui s'est passé à ma communion...
Je pousse un long soupir las, doucement sa main m'arrache la brosse. Je roule des yeux, irritée par ce geste qu'elle n'arrête jamais de faire comme si j'avais encore douze ans.
― Je peux me coiffer toute seule.
Sans un mot, Grace tire ma tignasse sur le haut de mon crâne pour les enrouler en forme de chignon bien tiré, qui, comme chaque dimanche, me donne une migraine fulgurante. Un dernier coup sur ma frange, puis me voilà prête. La bile remonte le long de mon gosier, je suis épuisée.
― Tu as l'air fatigué ma chérie, tout va bien ?
Les paumes chaudes de Grace encerclent mes épaules pour me maintenir droite face à elle.
― Ce travail ne te convient pas, je le vois bien.
― Pas du tout, j'ai simplement mal dormi.
― Arrête de me mentir Belle, tu arrives à des heures complètement hors normes. Ça suffit, tu vas démissionner et-
Je la repousse brusquement en me relevant de la chaise, manquant de la faire tomber à la renverse. Les poings serrés, je me retiens de l'injurier, la fatigue me rend à fleur de peau.
― Tout va très bien, je gronde.
Nos regards s'ancrent, se défient silencieusement. Ma poitrine monte et descend sous la rage qui grimpe en flèche dans mes veines, tandis que ma génitrice tente de reprendre son calme.
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𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞]
Romance« 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑐𝑖𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠, 𝑡𝑢 𝑎𝑠 𝑠𝑢𝑟𝑣𝑒́𝑐𝑢. 𝑀𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒𝑛𝑎𝑛𝑡, 𝑣𝑖𝑡 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑐𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑎𝑢𝑚𝑎𝑡𝑖𝑠𝑚𝑒𝑠 ». Dans son univers, le crime, le pouvoir et l'argent règnent en maître. Mais dans le sien, ce sont la foi, le pardon et...