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Ezra m'a abandonné dans le salon dès que nous sommes arrivés

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Ezra m'a abandonné dans le salon dès que nous sommes arrivés. Je fixe l'extérieur à travers la grande baie vitrée. Phantom joue comme un fou sur l'herbe, l'animal réussit à me décrocher un léger sourire. Cela doit faire dix bonnes minutes que je poireaute ici et ma patience a ses limites. Les seules choses que je désire à cet instant, c'est un bon bain, être auprès de ma famille, principalement mon petit frère. Et surtout, oublier ce tragique séjour. Sauf que c'est impossible.

Un long soupir passe la barrière de mes lèvres, mes paumes frottent énergiquement mes cuisses par-dessus mon legging noir. Si seulement j'avais ma voiture, j'aurais déguerpi sur le champ. Sean n'était pas là lorsque nous sommes partis, ce dernier a mentionné une affaire urgente à régler et qui prendrait surement plusieurs heures. J'espère seulement que ce tordu me ramènera avant le retour de son paternel.

Je me redresse brusquement, irrité, me dirigeant lourdement pour prendre la sortie. De toute évidence, je ne suis pas si loin de chez moi d'ici. J'attrape la poignée, puis des notes mélancoliques venant de l'étage effleurent mon ouïe fine. Comme ensorcelée, je grimpe jusqu'à l'étage, en suivant la mélodie. Je reconnais ce morceau, non pas parce que je l'ai pratiqué, mais... Je l'ai déjà entendu à la maison. Impossible de me souvenir où et comment exactement.

J'approche de la porte entrouverte et me cale dans l'embrasure. Ce détraqué a forcément quelque chose derrière la tête. Pourquoi me faire venir ici, me laisser en plan, ensuite jouer du piano sans aucune raison apparente ?

Ses longs doigts fins dansent sur les touches, délicatement. Sa tête se mouvant paisiblement, de droite à gauche, en rythme. Cette vision de lui me fascine étrangement. Ezra paraît plus doux : noyé dans cette atmosphère, si opposé à ce qu'il montre réellement. Au fond... Lequel des deux est-il ?

Soudain, la mémoire me revient. Théodore diffusait souvent cette mélodie en fond, elle vient d'un de ses animés favoris. La dernière note retentit longuement, le silence s'abat. Laissant un court moment de flottement, serein.

Puis, il se brise.

― Entre.

D'un pas hésitant, je pousse doucement le battant. J'y découvre une vaste chambre aux tons taupe et blanc, contrastant fortement avec l'ambiance intérieure de la bâtisse. Cependant, elle est en accord avec l'extérieur fait de pierre. Un lit king size, méticuleusement ordonné, trône sur ma gauche. Cette pièce me semble si impersonnelle. Ezra se tient dos à moi, et j'admire le piano à queue noir, brillant, semblable au mien.

Le monstre pivote pour se retrouver face à ma silhouette, droite comme un piquet. Je dois avoir une sacrée tête, car sa première expression en m'apercevant est d'écarquiller les yeux. Il se ressaisit rapidement et récupère son éternelle impassibilité.

― Arrête de gratter tes bras, le bruit m'insupporte.

Je hausse les sourcils en remarquant qu'effectivement, de grosses marques de griffures peignent mon avant-bras. Mes vieux démons rejaillissent et je déteste cette constatation.

𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant