𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞]

𝟗¦

Une clope coincée entre mes lèvres, je tire une longue latte en fixant − depuis mon transat −, Phantom qui s'agite sur l'herbe avec une balle. De l'index, je remonte le long de l'arête de mon nez ma paire de Prada, le soleil tape fort pour une fois et pour un mois d'automne. Je lève le visage vers le ciel dégagé, en expirant un nuage de fumée.

Plusieurs jours se sont écoulés depuis qu'elle a déboulé ici. Évidemment, mon putain de paternel qui l'a envoyé pour me surveiller, voire que je ne fasse pas de conneries. Comme si j'allais de nouveau sombrer. Je ne suis plus ce gamin... Ai-je des doutes sur ce fait ?

De toute évidence, qu'est-ce que cette petite brune aurait bien pu faire ? Cet idiot n'a même pas décliné son identité, elle pensait que c'était moi.

Comme si j'avais son numéro. Comme si je m'intéressais un tant soit peu à elle. Ce n'est qu'une pute comme toutes les autres, putain.

Au moment où elle a signé ces papiers, elle en est devenue une. Ce soir sera son premier au club. Un fin sourire se dessine sur ma bouche, je tire une nouvelle taffe.

C'est une foutue croyante en plus de ça. L'est-elle à fond ? Si c'est le cas, cette petite chose est vierge. J'éclate de rire, attirant l'attention du berger allemand qui tend l'oreille. C'est le comble pour une chrétienne de se retrouver dans l'antre du péché, du vice et des esprits lubriques. Je jubile de la voir paniquer, apeurée et complètement déboussolée là-dedans ce soir.

― Ça se fend la poire tout seul.

Je pivote vers la baie vitrée, baisse légèrement mes lunettes sur le bout de mon pif. Mains dans les poches, Chiller s'avance, un rictus moqueur étire la commissure de ses lèvres.

― Tu n'as pas chaud, habillé tout en noir ? Je le questionne en me remettant droit sur mon transat.

Chase porte son éternel costard hors de prix noir, chemise également, celui-ci exigé par Sean et depuis mon grand-père. George Clark, fondateur de l'empire Clark. S'il le porte, c'est que mon meilleur ami revient d'une mission. Où je n'ai pas été convié. Encore.

― Il ne fait pas si chaud.

― Tu reviens d'où ?

― On en a parlé l'autre jour... Après que tu as pété un plomb et que tu sois parti.

J'écrase ma cigarette dans le cendrier posé sur l'herbe verte, me relève pour me mettre à la hauteur de Chase.

― Je comprends. T'es venu me faire ton débriefe ?

Le blond hoche la tête. Je retire mes Prada, les balances sur le transat et me concentre sur le rapport de Chiller. Encore une sale histoire. Quelqu'un en a après nous depuis plusieurs mois. Des personnes cherchent des renseignements personnels sur notre clan. On est sur le coup, on essaye de le débusquer, mais ce connard est malin. D'après le peu d'informations, cela nous a reliés au casino le plus côté de la ville. Mais le dossier n'est pas assez concret pour en être certain.