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Plantée dans l'entrée de la demeure Clark, je suis du regard Ezra qui s'affale sur le sofa en sortant le paquet de clope de son jean bleu nuit

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Plantée dans l'entrée de la demeure Clark, je suis du regard Ezra qui s'affale sur le sofa en sortant le paquet de clope de son jean bleu nuit. Je remarque maintenant que c'est l'une des rares fois où il ne porte pas son éternel costume tiré à quatre épingles. Il revêt par contre son éternel col roulé manche longue ébène, qui moule parfaitement son corps svelte. Sa tête pivote dans ma direction, je suis trempée jusqu'à l'os, secouée de tremblements incontrôlables. Le brun pousse un long soupir, exaltant la fumée par les naseaux.

― Suis-moi.

Sa silhouette me frôle, suivie de près par l'effluve de son odeur qui me fait, malheureusement pour moi, fondre comme neige au soleil. Ensorcelée, je lui emboite le pas. Nous grimpons à l'étage, pénétrons dans une large salle de bain aux murs et aux carrelages chrome mat, le mobilier est minimaliste. Très impersonnel une nouvelle fois.

Ezra me balance deux serviettes avant de quitter la pièce sans un mot, me laissant incrédule quelques secondes avant de réapparaître avec un jogging gris foncé et un tee-shirt blanc. Les empilant sur la charge déjà conséquente sur mes bras, tellement les essuies-main sont épais.

― Prend une douche avant d'attraper la crève.

Sur ces belles paroles, il disparaît en refermant derrière lui. Plusieurs minutes s'écoulent durant lesquelles je suis incapable de me mouvoir. Lorsque enfin, je daigne actionner mes membres pour déposer la pile sur le bord de l'imposant lavabo, je me dévisage dans le reflet.

Mon maquillage n'est que l'ombre de lui-même, mon mascara dégoulinant accentue les cernes sous mes yeux, mon chignon trempé ne ressemble plus à rien. On penserait que je sors tout droit d'un vieux film d'épouvante. Mes sous-vêtements sont visibles à travers la robe fine qui est bonne pour finir à la machine à cause de la boue. La honte !

Je m'en déleste, plonge sous le jet après avoir retiré la lingerie. L'eau chaude parcourt mon corps gelé. L'angoisse me noue l'estomac, en repensant au déjeuner, à l'œillade insistante d'Owen, à son discours sur le Bloodless club en plein repas. Il sait des choses. La peur que ma mère, Henri ou même Théo le découvre me tétanise des orteils au sommet du crâne. Leur dire que je ne suis qu'une simple dame de compagnie ne leur ira jamais. Je ne serais qu'une pute à leurs yeux... Comme le dit si bien Ezra.

Ma vision devient floue, l'air me manque et ma voix... J'ai envie de hurler, d'arracher de mes ongles cette peau sale, répugnante. Je me dégoûte. J'attrape vivement le savon, le vidant sur la totalité de mon corps. De là, je frotte, gratte jusqu'à m'en irriter l'épiderme bien plus qu'habituellement. Comme ces foies où je rentrais à la maison après la communion, après que le Père a fait ses affaires. J'ai mal, je me coupe, mais je n'en ai rien à foutre. Rien ne peut me faire sentir enfin propre, pure... On m'a volé mon innocence, brisée. Il m'a brisée en mille éclats de verre.

Une fois sèche, j'enroule la serviette autour de mon corps rougi et scarifié. Mon reflet dans le miroir dépeint le vide intersidéral que je ressens actuellement. Mes prunelles ont perdu de leur éclat, je suis vide. Répugnante. J'enfile les vêtements que m'a prêtés Ezra, sans sous-vêtements...

𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant