𝐌𝐀𝐁𝐄𝐋𝐋𝐄 [𝐃𝐚𝐫𝐤 𝐑𝐨𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞]

𝟑𝟐¦

Dans ma caboche, c'est le chaos. Je ne sais plus où j'en suis, ce que je fais, ce que je veux. Un tourbillon mélange toutes mes croyances, mes émotions. J'ai été incapable de fermer l'œil après l'avoir ramené, le goût frais de ses lèvres est imprégné sur les miennes. De plus, j'avais envie de tellement plus. Mais son corps fébrile, le manque d'assurance dont elle a fait preuve dans mes bras... Mes sentiments sont incompréhensibles, dès que je suis proche de cette femme, je ne contrôle plus rien. Comme si elle éveillait en moi quelqu'un de nouveau. Ce n'est pas bon, du tout.

La porte d'entrée résonne en bas, Sean vient de rentrer. Il est six heures du matin, il a veillé toute la nuit comme d'habitude. Je me redresse et quitte la chambre. Mollement, il apparaît en haut des marches dans le couloir, ses yeux glaciaux, soulignés par d'épais cernes, me tendent. Je déglutis en essayant de reprendre une certaine contenance et d'être confiant.

― Je suis fatigué, Ezra, fait vite.

Je fourre mes mains moites dans les poches de mon jogging, je relève le menton pour garder une certaine assurance.

― Renvoie Belle.

Mon paternel relève un sourcil, silencieux. Jaugeant mon attitude que je tente de garder neutre. Au fond de moi, je bouillonne. En réalité, je ne veux plus la revoir, surtout pas après ce qu'il s'est passé, ce que j'ai ressenti durant ce baiser, mais surtout ce moment autour du piano. Et encore moins dans les pattes de tous ces pervers. Elle s'est mise à pleurer, je n'ai pas pu l'interroger à ce sujet, ça ne m'est même pas venu à l'idée. La seule chose dont j'avais envie, c'était de savourer ses lèvres, putain. Je mentirais si je disais que je n'avais pas aimé ça. Ma trique est sur le point de se réveiller de nouveau à ce simple souvenir. Focus Ez'.

― Pour quelle raison ?

Qu'est-ce que ça signifie pour moi tout cela au final ? Aucune putain d'idée.

― On n'a qu'à la faire surveiller, si c'est le simple fait qu'elle puisse nous balancer qui t'inquiète, on n'a aucune raison de la garder.

Indescriptible, son expression stoïque est bien plus difficile à déchiffrer que la mienne. Intérieurement, la pression ne cesse de gonfler. Lorsqu'il reprend la parole après plusieurs secondes qui m'ont paru durer des minutes. Je me retiens de lui péter la gueule.

― C'est non. Belle est une beauté qui mérite d'être dans mon club, je ne la virerais pas.

J'ouvre la bouche pour rétorquer, mais il me devance.

― Tu tiens à cette fille ?

― Pas du tout.

Sean m'analyse, j'essaie de contenir tout. C'est faux. Je ne tiens pas à elle. Jamais je ne pourrais tenir à cette fille qui détient les yeux du diable. Mon bourreau du passé. Il rit doucement, frottant sa barbe de trois jours.