L'Étincelle des Ombres - La Trilogie Sans-Frontière 1

6. Koen - 2014.

La pluie battait à tout rompre et venait casser l'été brûlant qui s'abattait sur tout le Japon. Les rues d'Akihabara étaient éteintes à cette heure-ci de la nuit, et le poste de police était la seule source de lumière aux alentours. 

De plus, le quartier était désert à cause du couvre-feu mis en place après les évènements tragiques de la nuit passée. 

Et si Koen était là ce soir, c'était parce qu'il avait une idée de qui était derrière ce drame.

L'adolescent se précipita à l'intérieur du commissariat et fut accueilli par un jeune homme, qui, vu les pensées qu'il envoyait vers le télépathe, avait commencé sa carrière depuis peu.

Parfait, la cible idéale.

— Bonsoir, déclara Koen en marchant d'un pas de félin vers le policier.

— Bah alors, bonhomme, qu'est-ce qui t'amène ?

Koen ne perdit pas de temps et s'infiltra dans l'esprit de l'homme.

« Le dossier Hyehara, tout de suite. Pas de questions », quémanda-t-il.

Les yeux de l'homme se voilèrent, signe qu'il était sous l'hypnose de Koen, et il lui adressa un sourire.

— Je vais te chercher ça, mon grand, déclara-t-il avant de quitter le hall.

Koen attendit une longue minute et fit une rapide inspection mentale des environs. Ouf, ils ne l'avaient pas trouvé.

Il entendit une voix émerger des bureaux.

— Comment ça un p'tit jeune a besoin de voir ce dossier ? Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Ça va pas bien mon vieux ! tonnait la grosse voix.

Koen soupira bruyamment. Ça aurait été trop facile. Il se fraya un chemin dans le cerveau du policier plus âgé et donna ses ordres : « Endors-toi et oublie ».

Quelques secondes plus tard, le jeune policier revint vers lui, un porte-documents à la main.

— C'est fou, il s'est endormi d'un coup, déclara-t-il, les yeux toujours voilés. Cette histoire nous épuise tous, je crois.

Koen se contenta de tendre une main pour attraper le dossier qu'il convoitait.

— Qu'est-ce que vous voulez savoir, au juste ? demanda le policier avec curiosité.

Koen lui lança un regard ennuyé avant d'ouvrir le document.

Il inspecta les photos de la scène de crime. Des meubles partout, détruits par endroits. Aucun doute, Ryo était passé par là. Quand il arriva aux photos de la victime, sa gorge se serra. Il n'avait vu qu'un seul cadavre dans sa courte vie, et ça lui avait suffi à quitter l'Organisation. 

Ce qu'il voyait là lui donnait froid dans le dos. La mère de famille avait les yeux révulsés. Malgré cela, il lui semblait toujours déceler une ombre de peur dans le blanc de ses iris. Son cou, ses bras et ses jambes étaient recouverts de traces noires qui n'avaient rien de naturel. 

Koen soupira. Il n'y avait qu'une seule personne capable d'une telle chose. Kaede avait fini par tuer, lui qui avait espéré en vain qu'elle n'en arrive pas là. Maintenant, il n'avait qu'une certitude : elle n'hésiterait pas à recommencer. En laissant la maîtresse des ténèbres aux mains de l'Organisation, Koen l'avait condamnée à un destin bien sombre.

— Je vais prendre ça avec moi, dit-il. Bonne nuit, Monsieur le Policier.

Il frappa une petite pichenette sur le front du jeune homme qui s'effondra sur le champ, le nez dans son café.

Endormir les gens partout sur son passage commençait à laisser un peu trop d'indices. Koen se dit qu'il devrait apprendre à figer les gens sur place, beaucoup plus discret.