— Tu veux venir, ma jolie ? s'écria une voix de host qui épiait Michiko de haut en bas, clairement intéressé.
La jeune femme resta impassible à ses avances et poursuivit son chemin dans un des nombreux boulevards éclairés de Kabukicho. Elle connaissait bien le quartier pour déjà avoir passé des heures au pachinko avec un Koen éméché, et elle n'aimait pas l'ambiance décousue qui régnait dans le quartier.
Le soir venu, la fête battait toujours son plein, et le Japon rangé qu'on connaissait se transformait en royaume de la débauche. Michiko ressassait sans relâche l'adresse des frères Shirai et Hyehara alors qu'elle pourfendait la foule, tentant d'ignorer au mieux les effluves d'alcool qui s'échappaient des bars, boites de nuit et soap-lands.
Elle passa devant un Family Mart avant de s'engouffrer dans une ruelle sombre où quelques couples s'embrassaient de manière passionnée. Michiko roula des yeux. Il y avait des chambres pour ça. Ce n'était pas comme s'il y avait un Love Hotel tous les vingt mètres, bon sang...
L'obscurité de la ruelle devint tout d'un coup incroyablement sombre et Michiko ne pouvait plus distinguer personne.
Avant qu'elle n'ait eu le temps d'interpréter cet événement, elle ressentit une vague étouffante avant qu'un lacet fumant et ombragé ne lui serre le cou et la projette violemment contre un mur.
Michiko en eut le souffle coupé, et le frisson qui remontait dans son dos lui fit comprendre une bonne fois pour toutes qu'elle était en danger. L'Organisation avait trouvé l'adresse de la fratrie avant elle.
La brume s'évapora quelque peu et un visage fit son apparition. Michiko n'avait vu cette personne qu'une fois dans sa vie. La seule et unique fois où elle avait laissé son pouvoir s'emparer d'elle.
— Michiko, ravie d'enfin te rencontrer, déclara la femme sans un sourire, son regard neutre ancré dans le sien. J'ai beaucoup entendu parler de tes exploits.
Ses longs cheveux noirs et lisses tombaient en cascade sur ses épaules habillées d'une longue cape noire, bien trop chaud pour l'été brûlant.
— Vous êtes la maîtresse des ombres, murmura Michiko, qui ne pouvait pas bouger.
— C'est comme ça qu'on m'appelle ? demanda la femme avec un petit sourire, et Michiko ne sut si elle prenait le surnom comme un compliment ou une insulte.
- C'est votre pouvoir, n'est-ce pas ?
L'inconnue ne baissa pas les yeux et Michiko se dit qu'elle devait en faire de même. Elle ne voulait pas lui montrer à quel point elle était effrayée.
— Tu allais chez Shirai-san et Hyehara-san, n'est-ce pas ? demanda la femme.
— Vous connaissez déjà la réponse, répondit Michiko.
A quoi bon nier ?
— Ce n'est pas une bonne idée de vouloir les protéger. Ça ne changera pas la fin de cette histoire, dit la maîtresse des ombres.
— Ah parce que vous voyez le futur, vous, maintenant ? ironisa Michiko.
Le lacet d'ombre autour de son cou se resserra.
— Ce n'est pas une blague, grinça la femme entre ses dents. Sauver les innocents, tout ça, c'est bien joli. Mais il faut penser au but final.
Si le but final en question était de se servir des pouvoirs d'un pauvre garçon qui peinait à les contrôler, Michiko ne voyait franchement pas l'intérêt.
— Il y a des manières de faire les choses, cracha-t-elle.
Michiko pensa aux vies sacrifiées pour le bien des petites manigances de l'Organisation. Ses parents, Hyehara Mai... et il devait y en avoir tant d'autres.

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L'Étincelle des Ombres - La Trilogie Sans-Frontière 1
Ciencia Ficción2014 : Une pensée réveille Kazuhei en pleine nuit. Celle de deux adolescents sous le joug d'une mystérieuse Organisation, qui pénètrent la maison familiale dans le but de mettre la main sur les dons de voyance de Sei, son aîné. 2024 : Kazuhei et Se...