L'Étincelle des Ombres - La Trilogie Sans-Frontière 1

7. Koen - 2024.

Matsunaga Koen, dit MK, n'était pas peu fier de lui. 

Il avait réussi à convaincre Hyehara Kazuhei avec plus de facilité qu'il n'aurait pensé de prime abord. Il avait su où appuyer : son camarade télépathe tenait à son frère plus que tout, et était prêt à déplacer des montagnes tant que son aîné fut en sécurité. Koen savait tout de même que Kazuhei aurait du mal à lui offrir sa confiance. Il allait devoir faire preuve de toute son ingéniosité pour le rallier complètement à sa cause. 

Mais pour le moment, tout s'accordait selon ses plans.

Le jeune homme se mouvait parmi les passants aussi aisément qu'il plongeait dans leurs pensées les plus intimes. Il n'hésitait pas à crapahuter de cerveau en cerveau pour en déguster un songe ou un secret. Il arriva finalement à destination, et entra dans une petite galerie d'art d'Ura-Harajuku, perdue entre deux boutiques de babioles faites maison. 

Koen ne perdit pas de temps en fioritures et se rendit directement invisible aux yeux des clients qui regardaient les peintures avec attention. L'oreille mentale aux aguets, il se faufila dans la réserve et trouva directement ce qu'il recherchait grâce aux pensées de l'archiviste de la galerie.

La peinture venait tout juste d'arriver d'une petite boutique de Shimokitazawa en urgence, suite aux ordres psychiques donnés par le télépathe. Koen était soulagé d'avoir enfin mis la main sur l'une d'entre elles. Voilà des mois qu'il inspectait chaque cerveau de Tokyo, mais l'Organisation avait toujours eu un train d'avance sur lui. 

Il sourit, cette fois il avait le dessus. Koen dévoila la toile. Un globe terrestre recouvert d'eau. Rien de plus, rien de moins. Son souffle se coupa. Le frère de Kazuhei avait un véritable don, dommage qu'il ne sache absolument pas le maîtriser. Mais si Koen avait son mot à dire, cela ne tarderait pas à arriver.

Le télépathe s'empara de la peinture et quitta les lieux sans un mot, toujours invisible aux yeux de tous.

Ce fut seulement quand il gagna la rue commerçante Takeshita-dori où il habitait, que les choses commencèrent à se gâter. Koen endura d'abord le choc mental avant de ressentir le tremblement de terre. 

Une douleur atroce lui perça le crâne, et il entendit un véritable appel à l'aide : « KAZU, KAZU, KAZU, KAZU !!!! » ! « Sei ? », s'interrogea Koen. Le tremblement cessa, et les passants s'interrogeaient du regard, surpris par la puissance des secousses.

Koen resta penaud quelques secondes, l'écho des cris de Sei encore en tête, puis entreprit de rentrer chez lui. Avait-il eu une nouvelle vision ? Koen n'avait jamais entrevu l'esprit du médium, mais l'expérience n'était pas des plus agréables. 

Lui qui se vantait d'avoir un contrôle parfait sur ses capacités, il devrait peut-être apprendre à se protéger des crises du visionnaire, maintenant que celui-ci vivait à Tokyo. 

Une autre question le troublait : Koen avait certes mis la main sur la nouvelle peinture de Saigai avant l'Organisation, mais le tremblement de terre les mèneraient-ils tout de même directement sur la piste de la fratrie ? Koen allait vraiment devoir mettre plusieurs mesures précautionneuses en place.

Debout face à la baie vitrée de son appartement luxueux avec vue imprenable sur la rue commerçante la plus célèbre d'Harajuku, Koen sondait les environs à la recherche des Sans-Frontières qu'il cherchait d'habitude à éviter comme la peste. Il voulait savoir si Kaede et Ryo étaient déjà sur la trace de Sei.

Un coup à la porte le tira de ses pensées. Bien entendu, Koen savait déjà de qui il s'agissait avant d'ouvrir.

Michiko n'attendit même pas qu'il l'invite à entrer qu'elle se frayait déjà un chemin jusqu'au salon du télépathe, ses longs cheveux attachés en éternelle queue de cheval fouettant l'air.