L'Étincelle des Ombres - La Trilogie Sans-Frontière 1

30. Michiko - 2024.

Assise sur le canapé en L de Koen, Michiko massait sa nuque endolorie, les yeux fixés sur son katana déposé sur la table basse. Le soleil à peine levé éclairait la lame d'une fine particule de lumière.

— Tu comptes l'assassiner dès qu'il passera le pas de la porte ? l'interrogea Masai, alors qu'il revenait avec deux tasses de café.

Michiko lui lança un sourire fatigué alors qu'elle récupérait l'élixir désiré. Elle en huma le parfum un peu aigre avant de porter le liquide réconfortant à ses lèvres. Masai s'assit à ses côtés, déjà bien réveillé malgré l'heure trop matinale.

— C'est tout ce qu'il mériterait, grogna Michiko.

— Tu ne le penses pas, sourit Masai avec un œil compatissant.

Michiko émit un nouveau grognement. Son meilleur ami la connaissait trop bien.

— Je ne le comprends vraiment pas, Masa-chan, se plaignit-elle. Il cherche à me rendre totalement dingue, c'est ça ?

Masai garda son regard franc planté dans le sien.

— Koen-kun a toujours fait comme il le désirait, finit-il par dire. Je doute que ça change maintenant.

— Oui mais avant... avant, il nous parlait...

Ça frustrait la jeune femme, de voir la distance entre elle et le télépathe grandir jour après jour. Elle savait qu'elle en était en partie responsable. Elle s'était montrée trop méfiante à son égard, mais pour les bonnes raisons.

— J'ai l'impression que si on n'agit pas maintenant, on va le perdre, avoua Michiko.

— Et tu ne veux absolument pas le perdre, finit Masai pour elle.

Michiko observa son ami. Bien évidemment, Masai était au courant de la relation un peu particulière qui l'unissait au télépathe, mais il n'avait jamais émis de jugement. L'emprunteuse de pouvoirs se sentit obligée de clarifier la situation.

— Non, mais pas de la manière dont tu le penses. Je... je ne suis pas amoureuse de Koen, précisa-t-elle. J'aurais pu l'être, mais c'est trop compliqué.

— Tu ne veux pas encore perdre quelqu'un d'important pour toi.

Michiko sourit à son meilleur ami. C'était exactement ça, oui. Elle avait déjà perdu ses parents et elle avait trouvé une nouvelle famille avec Masai. Quelque part, Koen s'était invité dans ce nouvel équilibre familial un peu bancal. 

S'ils le perdaient, cet équilibre s'effondrerait.

— Je sais qu'il a toujours eu une dent contre l'Organisation, enchaîna-t-elle. J'ai toujours su qu'un jour viendrait où il chercherait à se venger, et c'est encore plus évident depuis qu'il a approché Hyehara-san. C'est pour ça que... que je n'ai jamais réussi à lui faire confiance.

« Et que je ne me suis pas permise de tomber amoureuse de lui », songea Michiko, mais elle garda cette pensée pour elle.

— J'ai joué la carte de la méfiance avec lui, parce que je me suis dit que la douceur ne servirait à rien, mais je crois que je me suis complètement plantée, finit-elle dans un murmure.

Koen avait toujours démontré une fierté mal placée, et leur relation s'était tissée sur la capacité qu'ils avaient à se lancer des piques pour faire réagir l'autre. C'était pour cette raison qu'elle avait continué sur cette lancée, mais les piques étaient devenues sérieuses et évidemment, 

Koen l'avait bien senti. Dès lors, leur relation un peu complexe avait chaviré et Michiko ne savait pas comment rétablir le contact pour le faire réagir.