— Pardon, pardon, excusez-moi, excusez-moi ! EXCUSEZ-MOI ! s'écriait Nijie en essayant de se frayer un chemin dans les rues de Shimokitazawa, un énorme colis entre les mains.
Malheureusement pour elle, ce n'était pas son jour. L'imprimerie du coin faisait son exposition annuelle en plein air, et il semblait que tous les touristes passaient par là pour rejoindre leur destination.
Nijie souffla quand elle atteignit enfin le petit cinéma de quartier. Elle sortit son énorme trousseau de clés, manqua de le faire tomber mais réussit finalement à ouvrir la grande porte de l'établissement.
Elle soupira de soulagement quand elle put enfin déposer son fardeau sur l'unique guichet du cinéma.
— Bon alors, qu'est-ce qu'on a là..., dit-t-elle tout haut en ouvrant le colis.
Deux secondes plus tard, elle s'énerva toute seule.
— Mais ! C'est absolument pas le bon film ! Qu'est-ce qu'ils ont encore fichus ?! Et qu'est-ce que c'est que ces goodies ? J'ai rien commandé !!
Déjà qu'elle avait dû aller chercher le colis dans le cinéma d'Uehara, parce que ces crétins de distributeurs n'avaient pas voulu envoyer deux copies du film, ces andouilles !
Nijie pesta et s'accouda au comptoir en se demandant comment elle allait s'en sortir. Elle ne pouvait pas tout assurer alors qu'elle avait une séance dans une heure. Elle allait peut-être devoir annuler la séance du soir, mais ça l'attristait. Ça l'embêtait surtout pour Mori-san, la petite dame essayait désespérément de continuer à faire vivre le cinéma depuis le décès de son mari, mais la pauvre n'y connaissait absolument rien.
Nijie était arrivée au bon moment, elle n'en pouvait plus de travailler pour des gros complexes et voulait s'investir dans un cinéma avec une âme. Pour le coup, elle avait été servie, mais elle enchaînait les problèmes, et la charge de travail était bien trop lourde pour sa petite personne.
Elle était épuisée. Elle avait bien essayé de chercher un employé avec l'approbation de Mori-san, mais aucune recrue potentielle n'avait pour le moment pointé le bout de son nez.
Alors que la jeune femme réfléchissait intensément pour trouver une solution à son problème, son ventre grogna. Elle soupira, elle n'en pouvait plus de sauter le déjeuner un jour sur deux.
— Bon. Un problème à la fois, se dit-elle en s'étirant.
Un petit tour dans un konbini, un onigiri, et ça serait reparti. Avec un peu de chance, la nourriture remettrait ses neurones en marche et une idée de génie ferait son apparition.
Ce fut néanmoins autre chose qui apparut quand Nijie retourna dans la rue. La jeune femme avait à peine mis le nez dehors que ses oreilles furent assaillies par une dispute.
Au théâtre situé à quelques mètres de son établissement, un nippon d'une quarantaine d'années déversait sa colère sur une occidentale qui devait ne pas avoir plus de vingt-cinq ans et qui semblait très embarrassée par la situation.
— Je vous en prie, je n'ai pas fait exprès..., déclarait l'inconnue en japonais, avec un fort accent britannique.
— C'est ça ouais ! répondit son interlocuteur. T'as voulu cramer mon théâtre, petite conne ! Retourne dans ton pays, voir ce qu'ils y font, aux gens comme toi !
— S'il vous plait..., reprit l'occidentale.
— Je t'ai dit de dégager ! s'écria l'homme en la poussant avec force avant de rentrer dans le bâtiment.
La jeune femme resta un moment plantée là, l'air de ne pas comprendre ce qui venait de lui arriver. Nijie avait de la peine pour elle, et oublia un instant son repas pour s'approcher d'elle.
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L'Étincelle des Ombres - La Trilogie Sans-Frontière 1
Science Fiction2014 : Une pensée réveille Kazuhei en pleine nuit. Celle de deux adolescents sous le joug d'une mystérieuse Organisation, qui pénètrent la maison familiale dans le but de mettre la main sur les dons de voyance de Sei, son aîné. 2024 : Kazuhei et Se...