28. Nijie - 2034.

3 1 0
                                    

— Encore un peu de gelée à la menthe, Nijie ? proposa Julie, un sourire aux lèvres, la cuillère déjà dans le plat.

Nijie se retint de grimacer, et réussit à esquisser un sourire maladroit. Depuis la sortie au musée qui avait relativement mal fini, Elinor et Julie invitaient la Japonaise à manger avec elles tous les soirs. 

Elles partageaient un appartement petit mais cosy à quelques rues du cinéma, et Nijie était profondément reconnaissante de leur inquiétude pour elle, mais elle n'était pas sûre de pouvoir avaler un nouveau plat typiquement britannique. 

Elle se demandait comment ce peuple pouvait être encore en vie, ces gens-là ne savaient pas manger.

— Moi je vais en reprendre, intervint Elinor en prenant la cuillère des mains de sa petite-amie.

La créatrice de feu avala une grande bouchée de gelée à la menthe, directement dans le plat. Julie lui lança un regard courroucé.

— Ma chérie, tu n'as aucune manière, dit-elle finalement avec un sourire en coin.

— Mais ch'est tellement bon, se justifia Elinor, la bouche pleine.

— Eh bien bon appétit, moi je vais prendre une douche, déclara Julie, attendrie.

La rousse embrassa le front d'Elinor et fit un signe de la main à Nijie. A peine eut-elle fermé la porte de la salle de bains qu'Elinor s'empara d'une serviette en papier avant d'y cracher sans cérémonie sa gelée à la menthe. Elle lança un regard désespéré dans le vide, comme si elle souffrait d'une gueule de bois.

— Je déteste la gelée à la menthe, j'en peux plus, lâcha-t-elle finalement.

— Tu n'avais qu'à pas te précipiter dessus, répondit Nijie, qui se retenait d'éclater de rire.

— Hé je l'ai fait par amitié ! La gelée à la menthe c'est un truc d'Anglais, c'est pas fait pour les p'tites Japonaises comme toi. Tu pourrais en mourir à la longue, s'expliqua Elinor avec des gestes animés.

Nijie explosa de rire. Elinor l'accompagna, avant de proposer de jeter le reste du dessert avant que Julie ne se rende compte de la supercherie. Elles sortaient les poubelles pour cacher les preuves quand Elinor entama une conversation moins sympathique.

— Comment tu te sens ? demanda-t-elle, et Nijie avait l'impression qu'elle n'entendait que ça de la journée, depuis quelques jours.

— Oh tu sais la routine habituelle quand on s'est aperçu qu'on est probablement au cœur de la fin du monde et qu'on a vu son père dé... disparu depuis sept ans, ironisa Nijie, mais son cœur se serra.

Julie et Elinor avaient bien sûr exigé des explications après que la Japonaise s'était donnée en spectacle. Nijie leur avait raconté, pensant qu'elles allaient la prendre pour une folle, mais ses amies avaient été très compréhensives. Elinor vivait avec des pouvoirs depuis l'enfance, il n'y avait pas grand-chose qui l'étonnait.

— Tu sais... il a sûrement tort ton médium, quand il dit que la fin du monde commencera par toi. J'ai du mal à t'imaginer démarrer une Troisième Guerre Mondiale, dit Elinor.

— Je n'ai même pas de pouvoir... je... j'y comprends rien, avoua Nijie, et son moral tirait à nouveau vers le fond.

— On va trouver, t'inquiète pas va, l'encouragea l'employée.

Elle la prit dans ses bras pour frotter amicalement son dos. Nijie frissonna alors que la température extérieure était plus que correcte. Elinor s'éloigna.

— Froid ? demanda-t-elle, prête à se moquer.

— Ben non...

— Oh, c'est moi qui te fais de l'effet alors ? continua la Britannique avec un mouvement de sourcils faussement aguicheur et parfaitement ridicule. Fais attention, je suis une femme prise ! Tu ne veux pas voir ce dont Julie est capable avec un parapluie. Cette femme est un danger publique !

L'Étincelle des Ombres - La Trilogie Sans-Frontière 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant