Chapitre 1

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Layla

Je suis fatiguée.

- « C'est une nouvelle ville, un nouveau départ ma chérie. »

C'est la 5ème fois que j'entends ma maman me répéter cette phrase en moins d'un an. Les deux mains sur le volant, elle me lance des regards furtifs parce que je ne lui réponds pas. Mais voir du coin de l'œil son regard se poser sur moi chaque 10 secondes me fait perdre patience.

- « Maman, ce n'est pas en me fixant que tu vas avoir une réponse. »

Elle a l'aire déçue et se concentre enfin sur la route, et plus sur moi. Je sais que ce n'est pas juste de lui en vouloir, mais je ne suis jamais resté plus d'un an dans la même maison. J'ai bientôt 18 ans et j'ai plus déménagé que n'importe qui de mon âge. Je n'ai jamais eu d'endroit stable où vivre, je n'ai jamais pu m'adapter complètement à chaque nouvelle ville. On dit qu'un jeune à besoin de constance pour avoir une vie saine, et bien moi je n'ai ni constance, ni bonne santé mentale. C'est compliqué quand on est constamment en mouvement. Je suis seule avec ma maman depuis toute petite, elle dit que mon père ne mérite pas de partager notre vie et c'est probablement pour ça qu'on change souvent d'endroit. À ce qu'elle m'a raconté, mon père sait que j'existe et veut absolument me connaître. Alors dès qu'il nous retrouve on déménage dans une autre ville. Maman dit qu'elle ne veut pas que je subisse la même chose qu'elle à cause de mon père. Je sais qu'elle fait tout ça pour me protéger mais je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se passerai si je croise mon père un de ces jours. Je suis plus grande maintenant. On a toujours bougé avant qu'il ait le temps de me voir, c'est aussi pour ça que je ne prends plus la peine de déballer mes cartons, parce que du jour au lendemain on doit tout remballer pour partir à nouveau. Ça nous est déjà arrivé de dormir 2 ou 3 jours dans la voiture parce que ma maman n'avait pas trouvé d'appartement à louer directement. La bonne nouvelle c'est que même avec tous ces déménagements, on n'a jamais eu de problème d'argent car ma maman est secrétaire dans un grande entreprise internationale, donc elle n'a pas besoin de changer de boulot à chaque déménagement parce qu'elle travaille depuis son domicile.

J'ai la tête tournée vers la vitre et je regarde le paysage défiler sous mes yeux, ça fait déjà 2h30 qu'on roule, mais on arrive bientôt. Le Sud va me manquer, le soleil, le chaud. Je ne peux pas vraiment dire que mes amis vont me manquer parce que je n'ai pas eu le temps de me faire d'amis, on n'est pas resté longtemps et vu que je suis arrivé en fin d'année les gens me trouvaient bizarre. Comme si eux n'avais jamais dû déménager. Je suis toujours plus âgé que tous les gens dans ma classe parce que tous ces déménagements m'ont fait redoubler. C'est aussi plus compliqué de crée des liens quand on n'a pas le même âge, même si on a un an de différence entre 16ans et 17ans il peut y avoir beaucoup de différences. Comparé à la plupart des jeunes, je suis très indépendante, j'ai dû m'habituer à passer mes journées seule et je n'ai aucun problème avec ça. D'ailleurs je préfère être seule la plupart du temps. C'est mieux que d'être constamment entouré de dizaine de personnes, la plupart hypocrites. Je n'ai jamais été quelqu'un de très sociable, je préfère me poser dans un coin avec ma musique dans mes oreilles et un livre, ce que les gens trouvent bizarre. Et puis je ne suis pas comme les autres, et je le sais. Dans certains endroits, je me fais insulter pour mon orientation sexuelle, je sais que certains esprits ne sont pas assez ouverts et ça m'énerve. Je dois toujours cacher une partie de moi et ne pas dévoiler qui je suis vraiment à n'importe qui au risque de me faire critiquer. J'espère que ce nouveau lycée sera mieux parce qu'habituellement je n'ai pas honte. Mais ces derniers mois ont été plus compliqué, et je me suis caché. Pourtant quel est le mal à aimer les filles ? Je crois que je l'ai toujours su, ma mère ne m'as jamais demandé mais je crois qu'elle s'en doute.

Maman me coupe dans mes pensées.

- « Tu sais que je fais ça pour ton bien Layla. »

Elle dit ça d'un ton tellement coupable que je ne pas lui en vouloir.

- « Je sais maman... »

Ça m'épuise que l'entendre répéter ça car ces trois dernières années ont été pareil et c'est toujours le même discours. Et peu importe ce que me dit ma mère, je ne peux pas faire comme si j'étais heureuse d'encore bouger. Et surtout si c'est pour quitter le bord de la mer pour me retrouver en ville.

- « Ton père... »

Je lui coupe la parole, je n'ai pas envie d'en entendre parler.

- « Maman c'est bon, je sais ne t'inquiète pas. Tu m'as déjà raconté ce que j'avais besoin de savoir. »

La vérité c'est que même quand j'étais petite j'ai toujours eu une bonne mémoire. La dernière fois que j'ai vu mon père j'avais 7ans. Maman m'avais dit de me cacher dans le placard et de mettre de la musique sur mes oreilles et de ne pas bouger avant qu'elle vienne m'ouvrir. Évidemment que je ne l'avais pas écouté, je suis très têtue et intriguée pas tout mais ce n'est pas toujours une bonne chose. Je pouvais voir par l'ouverture de l'armoire ce qui se passait. J'étais petite je ne comprenais pas mais avec le temps j'ai compris. Les cris de ma mère quand elle tomait au sol résonnent encore dans ma tête et je dois vite chasser ces mauvais souvenirs de ma tête car ce ne sont pas les seuls, mais quoi qu'il arrive ma mère ne doit jamais être au courant, elle a fait trop de sacrifices pour que je lui dise qu'elle n'a pas réussi à me protéger comme elle le souhaitait.


Je crois que je me suis endormie parce que maman me caresse l'épaule pour me réveiller. La voiture est garée devant un appartement.
- « Ma chérie, on est arrivé. » Dit-elle d'une voix calme et douce, comme elle a fait tant de fois pour calmer mes crises d'angoisse ou m'endormir le soir quand j'étais petite. Je me réveille assez vite, j'ai le sommeil léger dû aux cauchemars que j'ai l'habitude de faire la nuit. Elle me lance un dernier regard pour vérifier si je suis bien réveillée et elle sort de la voiture. Elle s'allume une cigarette en m'attendant dehors. Je prends une grande inspiration et ouvre ma portière. Je me lève et sens le froid de novembre me fouetté en plein visage. Même le réchauffement climatique ne me permet pas d'avoir chaud. Je suis tout le temps frigorifiée mais mes mains elles sont toujours chaudes, mais ça ne suffit pas. Je frissonne et reprends aussi vite que possible ma veste sur le siège arrière de la voiture. Ma mère fait le tour de la voiture et viens se placer à côté de moi. Elle me regarde et me prend par l'épaule.
- « On y est ! »
Elle a l'aire fière d'être devant ce grand immeuble. On a souvent été dans des appartements mais ma maison au bord de la mer me manque déjà. Le bâtiment n'est pas moche, c'est mieux que la cabane à l'ouest qu'on avait eu quand j'avais 10ans.
- « Viens on rentre, ensuite on monte les affaires. »
Elle est motivée, même si je suis tout le contraire, j'essaye de quand même lui montrer un sourire forcé avant de me diriger vers la porte d'entrée. Ma mère rentre et me tenant la porte, elle va appuyer sur le bouton pour appeler l'ascenseur. On monte jusqu'au 7ème étage. Heureusement que je n'ai pas le vertige et que je suis habitué. Elle sort son trousseau de clés sur lequel se trouve déjà la clé de notre nouvel appartement. Avec un petit rire d'excitations elle tourne la clé et ouvre la porte au ralenti comme si elle était dans un film, puis avance comme si elle vérifiait qu'il n'y ait personne à l'intérieur. Elle ouvre enfin la porte en grand et me laisse découvrir mon nouveau salon. Je rentre en regardant autour de moi. Les poutres, les fenêtres, les murs blancs, les armoires intégrées. J'observe tout jusqu'à la cuisine qui est relié au salon. C'est joli. De l'extérieur je m'attendais à un truc banal mais la cuisine est neuve. Les teintes de gris marbrés me plaisent et je me dirige vers un couloir qui mène à deux chambres et une grande salle de bain. Je regarde les deux portes côte à côte en me demandant lesquelles des deux je vais ouvrir. J'entends les pas de ma mère arriver derrière moi.
- « Choisis celle que tu veux ma chérie. »
Elle est venu me prendre dans ces bras et me relâche quand je me dirige vers la porte de droite. J'ouvre la porte, il y a une grande fenêtre côté sud qui donne vu sur la ville, des poutres et des armoires encastrées dans le mur. Elle est plutôt grande et j'espère pouvoir avoir le temps de la décoré. C'est vrai qu'on a beaucoup déménager, mais au moins ma mère a toujours fait en sort de trouver des beaux appartements, histoire qu'on se sentes toujours bien.

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