Le silence m'accueille. Je dépose mes sacs sur la table du salon, prends soin de verrouiller la porte avant de rejoindre sa chambre. Recroquevillée sur son lit, elle tremble jusqu'à ce que j'allume la lumière. Un soupire lui échappe quand elle croise mes yeux.
— C'est toi, souffle t elle. J'ai cru que ... que tu étais mort.
— Je te manquais déjà? je me moque avant d'aller détacher ses menottes.
— C'est surtout que si tu meurs, je meurs aussi, attaché à ce lit, abruti, crache t elle.
— Toujours aussi hargneuse, Darling. Un vrai plaisir de partager un moment avec toi. Allez, lève toi. Je te laisse 15 minutes dans la salle de bain, après on mange.
Elle ne se fait pas prier et file sous la douche. J'attends dans le salon quand elle approche, portant le pantalon et le t-shirt que je lui ai ramené. J'enlève ma veste et remonte les manches de ma chemise avant d'ouvrir une boîte.
— Tu es blessé?
Elle m'observe, les sourcils froncés. Je suis son regard et découvre les éclaboussures sur ma chemise. D'habitude, je suis plus propre que ça mais là j'étais pressé..
— Mange, je lui ordonne et poussant les boîtes du chinois du coin de la rue vers elle.
— Je pourrais te tuer, me fait elle remarquer en jouant avec ses couverts.
— Ou alors tu pourrais bouffer, fermer ta gueule et me laisser respirer, je rétorque impatient.
Sans attendre, je mange alors que du coin de l'œil je la vois serrer son couteau, des idées macabres germant au fond de ses yeux. L'espoir fait vivre d'après l'adage.
— La journée de demain risque d'être plus longue, tu devrais manger. Tu auras tout le temps d'élaborer mon homicide pendant mes longues heures d'absences, Darling.
— Tu comptes vraiment me garder ici pendant un mois?
— Hmm hmm.
— Sans rien me faire?
— Pourquoi? Tu es en manques? Si tu y tiens tant que ça je dois pouvoir faire un effort pour te baiser.
— Mais c'est qu'il a de l'humour, raille t elle.
— Mange et ferme là. Tu es pire qu'un clébard, bordel.
Cette nana est un vrai calvaire et va devenir un problème dans les jours à venir. Après le dîner, je la rattache à son lit. Elle tente de négocier une nuit sans entrave en échange de sa parole. Elle me prend vraiment pour un imbécile. J'ai vérifié chacune des identités qu'elle m'a donné. Elles ont toutes une espérance de vie réduite et sont apparues comme par magie dans un Etat différent du pays. Il faut que je sache rapidement pourquoi elle cherche tant à disparaître.
Le lendemain, nous avons rendez-vous avec les Allemands. Les négociations traînent et cela ne me plaît pas. C'est Nikolaï qui est en charge de cette partie, nous, nous ne sommes là qu'en renfort. Le ton monte, et les esprits s'échauffent. Valmir, à mes côtés, se tend. Tout dégénère très vite. Nikolaï fait une erreur, s'en suit un carnage. Les coups et les balles pleuvent. Si Razine apprend ça, on est tous mort. Notre alliance avec les Allemands est aussi vieille que la mafia Russe. Cet abruti nous mets dans une position délicate. Ce n'est qu'une fois Ulrich en joue, que Abrahm se décide à m'écouter.
— On garde le prix initial, en contre partie vous serez les premiers livrés, je propose.
Abrahm ne quitte pas mon arme, pointée sur le crâne de son second, des yeux.
— Pourquoi est ce que c'est toi qui fait une proposition intéressante alors que son second est tout simplement inutile?
— Je te laisserai en débattre avec Razine, je raille. Alors, on a un accord? J'aime bien Ulrich, et j'ai déjà goûter à sa lame, j'aimerais autant en rester là pour ce soir.
— On a un accord, l'américain.
D'un signe de tête, il rappelle ses hommes et je range mon arme. Ma main sur mon flanc, je comprime ma plaie qui saigne abondamment. Génial! Nikolaï tente de reprendre le dessus au départ des Allemands.
— Ivan va te faire éliminer pour avoir désobéi, petite merde.
Mon poing termine dans son nez dans un craquement sourd. Ma patience a été mise à assez rude épreuve pour ce soir. Ca fait un bien fou! Valmir me raccompagne jusqu'à mon appartement.
— Tu es bien amoché, mec, constate t il quand j'enlève ma chemise.
— Il y a ce qu'il faut dans la salle de bain.
Valmir va chercher ce dont j'ai besoin et je ne peux retenir un hurlement de douleur quand il baigne ma plaie d'alcool. Un bruit métallique se fait entendre. Je l'avais presque oublié celle là.
— Tu veux de la compagnie pour te distraire pendant que je bande ta plaie? pouffe Val'.
— Va te faire foutre.
— Je peux t'aider, crie t elle depuis sa chambre.
Je regarde mon ami, aussi surpris que moi. Comment ça, elle peut m'aider?
— Je suis infirmière de formation, explique t elle.
— Ca sera toujours mieux que si c'est moi, énonce Val' avec un sourire niais.
Il va la chercher en trottinant comme une chèvre. Je secoue la tête en continuant d'éponger le sang avec des compresses. C'est une vraie boucherie, les compresses s'accumulent, le sang se répand et je commence à vaciller. Je ferme les yeux une seconde, mes mains agrippées au dossier de ma chaise. Quand je les rouvre, je suis allongé sur la table et on me perfore le flanc avec force. Je grogne avant de me redresser brusquement.
— Eh calme toi, tu as fait sauter deux points avec tes conneries, râle la petite brune.
Armée de son aiguille qu'elle enfonce avec un sourire sadique dans mes chaires à vif, je la saisie par la gorge et amène son visage vers le mien. La peur s'imprime dans ses prunelles envoutantes et c'est satisfait que je la préviens:
— Un faux pas et je te jure que tu me supplieras à genoux de t'achever.
Je la relâche et me recouche avant de hurler en sentant son aiguille s'infiltrer en profondeur dans mon corps.
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DERRIERE LE MIROIR
RomanceLa frontière entre le bien et le mal est parfois mince. L'un des membres les plus important du Cartel Russe de Ivan Razine, il devra choisir sa voie et prendre des décisions difficiles sans faillir à sa mission principale lorsqu'elle débarquera dan...