Chapitre 18 - Elle

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Les garçons passent la matinée à poser des caméras, que Valmir a apporté, tout autour de la cabane. Cette situation m'échappe. Plus rien n'a de sens. La DEA devrait nous protéger, au lieu de cela elle nous envoie dans la gueule du loup? C'est absurde, je n'y crois pas une seconde. Leurs années d'infiltrations au sein du cartel de Razine biaisent leur jugement. 

— Pourquoi on reste ici si vous êtes si persuadé que Larry nous a trahi?

— Parce que si on a tord, c'est le lieu le plus sûr pour nous. Et partir en cavale, risque d'attirer l'attention sur nous.

— Mais si vous avez raison?!

— Et bien, on sera prêt, il n'y aura pas de surprise. Ca va aller Harper, tente de me rassurer Théo même si je n'en crois pas un mot.

— Je n'aurais jamais dû revenir, je murmure plus pour moi même.

— Et me laisser dans une vie ennuyante et sans aucun charme? Quel sacrilège!, raille t il. Rien ne vaut un bon cassage de pied pour se remettre en selle. 

— T'es pas marrant Théo, je râle.

— Bah non, c'est moi le rigolo de la bande, s'écrie Valmir.

— La ferme Poutine, crions nous en chœur.

 Les deux jours suivants sont ennuyeux à mourir. On a fait le tour des jeux de société du cabanon, j'ai cuisiné pour les 6 mois à venir après avoir compté le nombre de branches de chaque arbres autour de notre cachette. La seule chose que j'ai réussi à faire c'est convaincre les garçons de faire un roulement pour la chambre. Sauf que je le regrette maintenant que je me retrouve sur le canapé aux côtés de Théo!

— Tu as des frères et sœurs?

— Tu n'as pas demandé à mon père? pouffe Théo.

— Le traître! Il a vendu la mèche?! C'est pas sympa, je râle.

— Tu as espionné ma mère à travers un buisson, me rappelle t il.

— N'importe quoi! Je ne l'espionnais pas! J'attendais juste que tu .... oh puis crotte!  

— Fils unique, finit il par répondre après avoir calmé son fou rire. Pourquoi cette question?

— Aucune idée, je pouffe à mon tour. Ce silence m'angoissait alors j'ai posé la première question qui m'est venue à l'esprit, j'explique en haussant les épaules. 

— Tu es ... surprenante, sourit il. 

— Je peux te poser une question? 

— Tu viens de le faire mais vas y..

— Tu ... pendant ta mission, tu as ... 

— Qu'est ce que tu veux savoir Darling?

3 jours que je n'ai pas entendu ce surnom et la façon dont il le dit ce soir me fait frissonner d'envie. 

— Tu avais une ... petite amie?

Je ferme les yeux, sentant mon visage s'embraser et n'assumant absolument pas ma question! 

— Ne pose pas de question dont tu ne veux pas connaître la réponse... Darling. 

— Ca c'était petit, je ronchonne en entendant les mots que je lui ai dit à l'hôpital dans sa bouche. 

Il ricane avant de me jeter un plaid et un oreiller sur les genoux.

Une main entravant ma bouche me réveille en sursaut. Le salon est plongé dans le noir et cette main qui m'empêche de respirer me fait paniquer. Mes yeux s'écarquillent et j'essaie de hurler en vain.

— Chuuuut, c'est moi Darling.

Son souffle balaie mon oreille et je me détends instantanément alors qu'il retire sa main. Mes pupilles s'habituent à l'obscurité et je le vois m'intimer au silence, son index sur ses lèvres. Je hoche la tête et me redresse lentement. C'est une fois derrière lui que je remarque qu'il tient son arme devant lui. Des murmures nous parviennent de l'extérieur et mon sang se glace. Ils nous ont retrouvé. Valmir arrive derrière nous et vient se placer près de la porte d'entrée. Je le vois échanger un regard avec Théo qui hoche la tête.  

Tout se passe très vite. Valmir pointe son arme sur moi, Théo passe son bras autour de mon cou et pose le canon de son pistolet sur ma tempe, sa joue contre la mienne. Prise de court, je hurle alors que la porte explose laissant entrer une demi douzaine d'hommes qui me braquent tous. Mes mains agrippent l'avant bras de Théo qui me serre trop fort. 

— Tiens, tiens, tiens. Tu ne serais pas l'américain de Razine? demande l'un des Irlandais.

— Tu es l'un des hommes de Walsh? Désolé les gars, mais on est arrivé en premier et on compte bien s'amuser avec la marchandise, ricane Théo contre ma peau.

Un frisson d'horreur me parcourt. Je sais qu'il ment, qu'il joue la comédie, qu'il laisse Alexander reprendre possession de lui mais ses mots restent durs à entendre. 

— C'est moi le boss maintenant, se vante l'intru.

— Ah ouais? Et qu'en dit Walsh? ricane Valmir dans son dos.

— Il ne dira plus jamais rien désormais... 

— Bien. Par contre, on a toujours un problème les gars. La fille est à moi, continue Théo.

— Je ne crois pas non.

D'un signe de tête, les 5 autres s'approchent de nous. Théo recule, m'entrainant avec lui. Je trébuche mais son bras me maintient fermement contre lui. Son arme quitte ma tempe pour pointer l'un des hommes devant nous.

— A quoi tu joues l'américain? Qu'est ce qu'elle peut bien représenter pour toi?

— Un paquet de fric! Une fois sur le trottoir, je vais me faire des couilles en or grâce à son cul. 

— Les russes et les putes, rigole l'Irlandais. 

Valmir est positionné légèrement en retrait des assaillants. Sa main se lève, il montre 3 doigts qu'il baisse un à un. Lorsqu'il abaisse le dernier, Théo tire en me faisant basculer au sol derrière le canapé. Ma tête heurte la table basse alors que les tirs fusent de toutes parts. Ma vision se floute et je perds connaissance. 

DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant