DERRIERE LE MIROIR

Chapitre 7 - Lui

— Comme ton père me manque, se lamente Ivan.

— Mon père dirait la même chose, s'insurge Kane Walsh.

— Et bien, vois tu, je ne pense pas. Avec ton père j'ai toujours pu discuter et trouver un terrain d'entente. Seulement là, nous tournons en rond depuis un moment déjà et j'ai d'autres préoccupations qui m'attendent.

— Libre à toi de partir, je ne te retiens pas, ricane l'Irlandais.

— Hmm hmm... nous allons devoir remettre ces négociations à plus tard. 

— Je me retire de la vente au Sud de Phoenix si tu m'en donnes un meilleur prix. Il n'y a pas de négociation. Reviens donc me voir quand tu seras prêt à baisser ton prix.

— Ton arrogance te perdra ...

Nous sortons à la suite de Razine. Lorsque nous sommes assez éloigné, Razine appuie sur un bouton, faisant exploser l'entrepôt, la marchandise et ses occupants. 

Premier problème de régler.

— Efficace, je constate satisfait.

— Je vais devoir m'expliquer avec Pharell. Son père était bien plus enclin à une harmonie entre nos cartels. Espérons qu'il comprendra ma décision... Il a encore le bras long...

—  On restera vigilent, je lui assure.

Les heures tournent et mon rythme cardiaque s'accélère à mesure qu'on approche de notre entrepôt de stockage. Il y a bien longtemps que la voiture contenant Valmir a disparu. Ivan reçoit un message qu'il montre à son second, évitant soigneusement que je vois de quoi il s'agit, ce qui ne me plaît pas. Nikolaï s'évertue à respecter scrupuleusement les limitations de vitesse, s'amusant avec mes nerfs. Je scrute les alentours mais aucun signe de celle de Valmir. Une fois garé, je descends avec nonchalance et regroupe mon matériel. 

C'est une fois à l'intérieur que je fais une erreur. Je me fige l'espace d'une seconde en l'apercevant. Une micro seconde, c'est tout ce dont il a besoin pour comprendre. Harper est là, ligotée à une chaise. Levi, Sergueï et Valmir autour d'elle. Son regard suppliant happe le mien, mais je reste de marbre. 

— Regarde un peu ce que j'ai trouvé Alexander, ricane Levi. Tu nous en veux pas de l'avoir ramené ici, j'espère?

— Tu fais bien ce que tu veux Levi, je rétorque avec indifférence.

— Eh bien, eh bien... Tu nous as caché quelque chose qui a beaucoup de valeur, constate Ivan.

— Valmir en a profité un peu avant qu'on l'amène ici! Apparemment, elle est bien serrée, se gausse Sergueï. 

Si c'était Valmir alors je n'ai pas d'inquiétude à avoir.

—  Tu vas pouvoir la faire passer pour vierge, surenchérit mon ami.

Ils me donnent la gerbe mais je dois rester calme et concentré. Ce n'est plus qu'une question de temps. 

— Et tu l'as trouvé où? demande Ivan.

— Dans son lit, le salaud voulait la garder pour lui, ricane Levi fier de lui.

— Dans mon lit? je répète un sourcil levé, un regard noir vers la jolie brune qui perd un peu plus ses couleurs à chaque mot prononcé dans cet entrepôt.

— Apparemment, elle attendait gentiment ton retour. 

— Qu'est ce qu'on va faire de toi ma jolie?, roucoule Ivan en posant son index sous son menton.

Je vois d'ici la lueur de rage au fond de ses yeux, d'un signe discret de la tête je l'intime au silence. Si elle ne prononce ne serait ce qu'un mot on est tous mort. 

— Pourquoi donc me cachais tu une créature pareille? 

— Je comptais en profiter un peu avant que tu ne la mettes sur le trottoir, j'informe Ivan. 

— C'est pas sympa de ne pas partager, constate t il.

— Je ne passe pas derrière tes hommes, jamais. Tu devrais le savoir, je lui rappelle.

— Hmm tu as raison. Tu ne verras aucun inconvénient à ce qu'on ... joue un petit peu, n'est ce pas?

— J'adore jouer. Tu me laisses la préparer?, je m'extasie.

Il hoche la tête et je m'empare du 357 Magnum qui attend sur la table. Leur tournant le dos, je prends soin de changer les 5 balles que contient le barillet avant de le faire tourner avec minutie. Je tends l'arme à Ivan qui sourit, avide de sang. 

— A toi l'honneur. Après tout, tu voulais te la garder et je n'ai pas envie de me salir.

Je détache Harper qui tremble de tout son être. Je ne sais pas ce que Valmir a eue le temps ou la possibilité de lui dire. Peut être qu'elle sait tout et qu'elle aura une totale confiance en nous, ou peut être ne sait elle rien et continuera à la jouer guerrière du dimanche. Quelle merde!

— Evite les tentatives absurdes d'évasion, on sait tous que tu ne parcourras pas 10 mètres avant d'être abattue, je me moque. Et puis, tu as une chance sur 5 de finir dans mon lit plutôt que sous la Terre, c'est non négligeable.

Je me gausse comme les 5 autres, la faisant frémir d'horreur. Je place le 357 Magnum entre ses mains, pose son index sur la détente, baisse le chien et pose le canon sous son menton. Je lui lance un clin d'œil avant de reculer tout en restant face à elle. Ma main sur mon holster, Valmir se tient près à ma droite. Les autres ne font même pas attention à mon geste, persuadés que je vais pleurer sa mort. 

— Quand tu veux Darling, je roucoule avec un sourire diabolique. 

Deuxième erreur de la soirée, mais cette fois ce n'est pas moi qui la commet mais elle. Elle retourne l'arme contre moi et tire. Rien. Parce que j'ai fait tourner le barillet de façon a ce qu'elle ne risque rien mais apparemment Valmir n'a rien eue le temps de lui dire. Quand je lève les yeux au ciel, elle comprend sa terrible erreur. 

— Dommage beauté, tu m'aurais rapporter un max de blé mais ... un jeu est un jeu... Ce n'est pas sur mes hommes que tu devais tirer mais sur toi. Alors la prochaine sera pour toi ma jolie, prévient le russe.

Ivan me fixe, attendant une réaction quelconque. Je sors mon arme et la plante sur son front. Avant de m'accroupir face à elle. 

— Promis, tu ne sentiras rien, je lui assure. 

Ses yeux complétement perdu m'observent sans comprendre.

— Joue le jeu, j'ordonne avant de la forcer à remettre le Magnum sous sa tête.

De tout mon être je la supplie de comprendre ce que je lui tais mais je n'ai aucune certitude au moment où son index appuie sur la détente. Le coup part et raisonne contre la taule tout autour de nous.