Chapitre 22 - Elle

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Irina me tire par le bras pour m'amener devant le taureau mécanique. Je trébuche à moitié sous nos éclats de rire. 

— On va pas vraiment monter là dessus? je pouffe en regardant la bête.

— Pourquoi pas?

— Parce que je le vois en double, je dis en plissant les yeux. 

Irina se bidonne avant de passer la barrière et monter sur la machine. Un groupe d'hommes à ma droite hurlent des encouragements avec des rires gras. Irina, le bras en l'air joue les cowboys à la perfection. Sa robe se soulève à chaque assauts du taureau déclenchant des sifflements lourds. Lorsqu'elle tombe, je lâche un hurlement de terreur alors qu'elle rigole. Je passe la barrière et la rejoints pour l'aider à se relever. 

— C'est ton tour, c'est ton tour!, scande mon amie.

— C'est pas une bonne idée, j'ai déjà la tête qui tourne, je me lamente.

— Non, non, non! On ne se défile pas. Alllleeezzzz.

Sous les encouragements d'Irina, je grimpe finalement sur la bête. A peine la machine se met elle en route, que je sens la nausée arriver. Après deux à-coups, je me laisse glisser sur le tapis avant de courir vers les toilettes au fond du bar. Je bouscule plusieurs personnes avant d'arriver face à mon sauveur. Je m'agenouille devant lui et vide le contenu de mon estomac. 

— Oh merde, j'entends dans mon dos.

S'ensuit des bruits immondes qui m'aident à vider le reste de mon estomac. Je me rince la bouche et le visage dans le lavabo quand j'aperçois son regard brûlant. 

— Qu'est ce que tu fais là?

Il se penche au dessus de son lavabo pour m'imiter.

— C'est toi qui est dans les toilettes des hommes, me fait il remarquer.

Je fronce les sourcils et regarde autour de moi.

— Oups, je souffle en voyant les urinoirs. 

Théo rigole avant de s'essuyer. 

— Je suis content de te voir, murmure t il.

— Tu as bu, je constate en regardant ses yeux brillants. 

— Je n'ai pas besoin d'être sobre pour me souvenir des longs mois où tu m'as manqué. 

Il me plante là et part en titubant. Je ne fais pas beaucoup mieux que lui, niveau trajectoire, pour rejoindre la table des mes amis. Théo est affalé sur celle ci, les yeux clos. Come le secoue, ce qui le fait grogner.

— Allez, un taxi t'attend. 

— Hmmm. Faire ... foutre.

— Soit pas désagréable grincheux, râle son collègue.

— Je vais rentrer aussi, j'annonce. Tu m'aides? je demande à Come en passant un bras sous celui de Théo. 

L'afro me regarde avec un sourire en coin avant de soulever Théo comme s'il ne pesait pas plus lourd qu'un sac de patates. 

— Ca va aller? me demande Come en nous installant dans le taxi. 

Je regarde Théo qui ronfle, la joue contre la vitre. Je rigole avant de m'emmêler les pieds et manque de me fracturer le crâne sur le trottoir mais Come me rattrape de justesse. 

— De toute évidence, vous allez super bien vous en sortir, se moque Come. Amusez vous bien!

Je passe le trajet à l'observer. Il est bien plus beau que dans mes souvenirs. Pourtant, je suis presque sûr d'apercevoir un filet de bave au coin de ses lèvres. Je perds la boule, c'est n'importe quoi! Et qu'est ce que je fais là d'abord? Quand le taxi se gare devant son immeuble, je reste de longues minutes sans bouger, jusqu'à ce que le chauffeur me fasse connaître son mécontentement. Je m'extrais avec difficulté du véhicule et ouvre la portière de Théo. Je ne savais pas comment le réveiller, mais la rencontre de son crâne avec la flaque d'eau sur le macadam semble suffire. Il grogne avant de se redresser en me fusillant du regard.

— Désolée, je couine. J'ai pas réfléchi. 

— arghnouflmkdcp

— Hein??

— Casse.. pied.

— Ah j'ai compris, je m'extasie. Eh!!!! T'es pas sympa. 

 Théo pouffe en commençant l'ascension des escaliers qui me paraissent bien plus long que la première fois que je les ai vu. Théo manque plusieurs marches, menaçant de m'emporter avec lui à chaque fois.

— Tu vois combien de serrures toi? me demande Théo en fixant sa porte les yeux plissés. Je vais jamais y arriver, pouffe t il.

—  Donne moi ça.

Je lui arrache les clés des mains et déverrouille sa porte du premier coup, ou peut être du troisième, bref! Théo passe devant moi et se déleste de chacun de ses vêtements qu'il laisse traîner comme le petit poucet sur le chemin de sa chambre.

— Tu viens? crie t il depuis son lit.

Je m'approche et m'arrête contre le chambranle. 

— Je croyais que je n'avais pas le droit de mettre un pied dans ta chambre?

— Ca c'est parce que j'avais peur de ce que je pourrais te faire, ricane t il. Mais là, je ne distingue même pas ma main droite de ma main gauche alors tu ne prends pas trop de risques. Mon canapé est merdique, viens Darling.

DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant