Chapitre 19 - Lui

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— Elle se réveille pas putain! Il faut qu'on l'amène à l'hôpital, je hurle face à son corps inerte.

— Calme toi Théo! Elle a pris un coup sur la tête, c'est normal. Laisse lui quelques minutes, tente de m'apaiser Valmir.

— J'ai mal calculé, j'ai .. elle aurait dû atterrir plus à droite, elle ... j'ai mal calculé, elle devait pas..

Mon ami pose sa main sur mon épaule.

— Je sais et elle le sait aussi. Ca va aller, regarde elle bouge.

— Harper? Tu m'entends.

Ses yeux se plissent alors qu'elle tente de se redresser. Je passe un bras autour de sa taille pour l'aider à s'asseoir. Sa main touche son crâne douloureux.

— Je vais vomir.

Elle finit à peine sa phrase que le contenu de son estomac se retrouve sur le parquet à ses côtés. Valmir jure avant de s'éloigner. Il y a 6 cadavres autour de nous mais c'est le vomito d'Harper qui le chamboule! Ce mec reste un mystère! Ses émeraudes me sondent en silence et le doute m'assaille. Est ce qu'elle sait? Est ce qu'elle a compris? Ou me prend elle pour un monstre?

— Tu as encore servi de gilet par balles? demande t elle en souriant. 

— Ce n'est pas mon sang, Darling. 

— J'ai mal, geint elle en touchant son cuir chevelu.

— Je sais. On va aller à l'hôpital.

— Non, panique t elle en tentant de se lever.

— Ehh, tout va bien Harper. Assieds toi, regarde moi. Tout va bien, ok? Il n'y as plus aucun danger. Walsh est mort, ses hommes aussi. Tu ne risques plus rien, tu comprends? Tu es libre. 

Mes mots la percutent sans aucune réaction, ses yeux regardent dans le vide. Je la porte jusque dans ma voiture. Installée à l'arrière, je la couvre d'un plaid et lui donne un oreiller. Valmir a déjà chargé nos affaires et j'en profite pour appeler Larry.

— Je t'ai dit que je ne pourrais rien pour toi.

— J'ai laissé tes colis au pied du sapin. 

— Déjà?! La livraison a été rapide...

— C'est la dernière fois que je joue les Père Noël.

— Ecoute...

Je raccroche avant d'en entendre plus. Je regarde la jolie brune allongée à l'arrière du 4X4 et je sais à cet instant que ma décision est prise. Arrivés à l'hôpital, le médecin décide de garder Harper en observation pour les 24 prochaines heures. Elle a une légère commotion cérébrale mais sa perte de connaissance les fait rester prudent. Quand je vais la voir après ses examens, elle est profondément endormie. Je passe la nuit à ses côtés. Plus je la regarde, plus je suis persuadé qu'elle est ma rédemption. Dans la matinée, Valmir me rejoint et s'installe sur un siège. 

— J'ai un truc à faire. Tu restes avec elle?

— Bien sûr.

Quelques minutes plus tard, je suis garé devant les bureaux de la DEA. La voiture de Larry est déjà là, je sors et passe le portique de sécurité. Devant son bureau, je ne prends pas la peine de frapper avant d'entrer. Son téléphone à l'oreille, il me jauge avant de finalement raccrocher. 

— Comment tu vas Théo? 

—  Comme quelqu'un qui a été pris pour un con.

— Ne dis pas ça, tu sais bien comment ça se passe? Les mandats d'arrêts ont été refusé, on avait l'occasion d'en terminer et ...

Je lui balance une enveloppe au visage, l'empêchant de terminer ses explications minables.

— Qu'est ce que c'est?

— Ma lettre de démission. 

— Non, mais attends. Tu es mon meilleur élément. Je sais que ton retour a été dur et je comprends. D'ailleurs, j'ai une nouvelle mission pour toi. Il y a un réseau de prostitution au Nord de l'Etat qu'il faudrait infiltré. Ca te fera du bien de retrouver le terrain.

— Ca me fera du bien?! Mais pour qui tu me prends?! Va te faire foutre. Allez tous vous faire foutre. 

Je sors sans me retourner. Je savais que ses méthodes étaient douteuses et controversées dans le milieu, mais j'étais jeune quand j'ai signé avec lui. Maintenant, j'aspire à autre chose. Je ne veux plus jamais remettre les pieds au sein d'un gang quel qu'il soit. Je veux faire ce pour quoi j'ai été formé. Protéger et secourir. Pas tuer parce qu'on a pas réussi à obtenir un mandat d'arrêt.  

Dans la boutique de l'hôpital, je prends le temps de choisir un bouquet de fleurs et un ours en peluche. J'ai l'air un peu ridicule dans l'ascenseur mais je m'en fou. J'ai envie de la voir sourire avec insouciance, comme elle méritait de le faire ses 9 dernières années. Elle est désormais libre et va enfin pouvoir débuter et reprendre possession de sa vie. J'ai hâte de la voir s'épanouir sous mes yeux en espérant qu'elle ait les mêmes envies que moi.. Parce que depuis que j'ai croisé son regard hypnotique sur cette chaise au milieu du chaos, je sais que c'est elle que je veux à mes côtés pour le reste de ma vie. Bon, ok, je m'emballe un peu. Disons au moins pour le reste de la semaine déjà. Après, on verra si on se supporte plus de quelques jours.

C'est tout sourire que j'entre dans sa chambre. Le lit est vide. Je rigole de ma bêtise et ressort pour vérifier le numéro de la chambre. Tellement impatient de la voir, j'ai réussi à me tromper. Dans le couloir, je croise le regard de Valmir et je comprends que je n'ai pas fait d'erreur. 

— Elle est partie. Je suis désolé.

— Mais...

— Elle avait besoin de se retrouver. Seule.


DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant