Chapitre 2 - Lui

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J'aurais dû prévoir qu'elle allait me les casser. Peut être est elle suicidaire? Auquel cas, je lui rendrais service en lui mettant une balle entre les deux yeux, non? Le bruit métallique de ses menottes contre les barreaux de son lit raisonne sans interruption depuis 2 h 27 min 39 sec. Ma patience est arrivée au bout du chemin. Je vais la tuer. Je me relève brusquement, sors de ma chambre pour rejoindre la sienne. Quand le battant vient rebondir contre le mur, je vois son corps frêle sursauter.

— Ah bah enfin, râle t elle. J'allais finir par croire que vous étiez sourd.

— A quoi tu joues?!

— J'ai envie de pipi, couine t elle.

— Et tu pouvais pas le dire avant, je m'emporte.

— Si j'aurais pu, mais je vous trouve tellement plus charmant quand vous êtes de mauvais poils, ricane t elle jusqu'à ce que ma main entoure sa gorge.

Elle stoppe immédiatement son rire. Je ne sers pas, pas assez pour l'empêcher de respirer en tout cas, mais assez pour que la peur traverse ses prunelles. 

— Ne joue pas trop Darling. Parce que m'encombrer de ton joli petit cul ne m'arrange vraiment pas alors si tu veux qu'on revoit le plan initial, ça sera avec plaisir. Maintenant lève toi.

Je l'emmène jusqu'aux toilettes où je l'assois sans ménagement et attends face à elle. 

— Tu ne vas quand même pas rester là à me regarder?

Pour réponse, je vérifie ma montre et lui annonce qu'il lui reste moins d'une minute trente. Elle marmonne des mots incompréhensibles avant de baisser son pantalon et sa culotte et faire ce qu'elle me réclamait. Je ne prends aucun plaisir à observer ce spectacle qui est aussi gênant pour elle que pour moi mais je sais qu'un millier de possibilité d'évasion s'offre à elle dans cette salle de bain et je refuse de lui courir après, j'ai trop à faire et trop à perdre. Je m'occuperai, dès demain, d'obstruée toutes les issues et de ranger tout ce qu'elle pourrait utiliser contre moi. Pour le moment, je veux juste dormir dans le silence. 

Le lendemain, je la réveille avec une omelette. Elle grimace.

— Je suis végétarienne.

— C'est pas ce que dit ta carte de cantine Darling.

Elle blêmit en s'apercevant que je me suis renseigné sur elle. Le problème, c'est que la miss n'existait pas il y a 4 mois. Elle est tombée du ciel un jour au fin fond de l'Arizona. 

— C'est quoi ton nom?

— Camille Green, retorque t elle du tac au tac.

— Le vrai, pas celui dont tu te sers depuis quelques mois.

— Ca dépend, Julia Clarkson, Emy White, Emma Louis, Opra Williams ou encore ...

— C'est ça, amuse toi Darling. Tu ne sortiras pas d'ici tant que je ne saurai pas ton nom, j'ai le temps.

Avant de partir, je prends soin de lui laisser de quoi boire et manger dans sa chambre, et lui attache une main au barreau du lit. La main sur la poignée, elle m'arrête.

— Attends, tu ... tu pars longtemps?

— Je rentrerai ce soir. 

— Mais je ne vais pas rester toute la journée là sans bouger, s'indigne t elle.

— Tu n'as qu'à réfléchir à ton nom, ça devrait t'occuper un moment apparemment. 

— Et si tu ne rentres pas? couine t elle.

— Je rentre toujours.


Des cartes de l'Etat s'étalent devant moi, j'étudie chaque routes, chaque chemins, chaque sentiers avec minutie. Je connais déjà tout ça par cœur pourtant à chaque livraison, je dois revoir nos itinéraires. 3 ans qu'Ivan Razine a décidé de me faire confiance et me confier l'une des tâches les plus lourdes et les plus importantes de son trafic. Pas une seule erreur en 3 longues années et je ne compte pas commencer maintenant. Chaque gramme de poudre blanche doit arriver à bon port en un temps record. 

Nikolaï vient frapper à ma porte. Le russe entre sans y avoir été invité comme à son habitude. Son sourire carnassier me donne des envies de meurtres mais c'est le bras droit d'Ivan alors je garde mes fantasmes pour moi.

— Tu en es où?

— Et toi? Tu as les mules supplémentaires que je t'ai demandé?

Le regard noir qu'il me lance est censé m'impressionner et cela lui plaît guère que j'en rigole. Nikolaï n'a jamais supporter l'importance que Razine m'a donné en si peu de temps, mais j'ai fait mes preuves et surtout, il n'a rien à en dire.

— J'ai dû mal à comprendre pourquoi cette fois tu as besoin du double de mules, souligne t il en arpentant la pièce, son index frôlant le bois de mon bureau.

— Si Ivan t'avais choisi pour tes neurones, tu l'aurais déjà compris. Malheureusement je n'ai ni l'envie ni le temps de t'en greffer. 

— Espèce de ...

J'ai toujours été plus rusé et plus rapide que lui. C'est donc tout naturellement que le canon de mon arme finit sur son front alors qu'il a à peine amorcé un geste de la main vers son holster. 

— Toujours aussi lent Nikolaï. Je veux mes mules, je crache.

Il recule lentement jusqu'à disparaître derrière la porte. Ce mec est aussi lâche que lent pourtant Razine lui confie sa vie jour après jour, affligeant! J'appelle Valmir, j'ai besoin de son avis pour un transfert. Quand il arrive, ses poings sont abîmés et sa pommette fendue.

— Qu'est ce que tu as encore foutu?

— Léger désaccord, rigole t il. Levi a ramené Camille, tu vas pouvoir t'en occuper. 

— Hmm.. J'ai un problème pour Phoenix. 

Il se penche sur la carte et longe plusieurs itinéraires du doigt. Je réfute chacun d'eux, l'un après l'autre. 

— Nous avons déjà emprunté tous ces chemins, la DEA va nous coincer.

— Tu ne peux pas inventer de nouvelles routes Alexander! 

— Je sais bien. 

— Et si on contourne par la Tonto National Forest?

— Ca va doubler les kilomètres.

— Ouais, mais les fédéraux ne vont pas nous chercher parmi les jaguars.

— Hmm.. Merde, il faut qu'on se dépêche, je râle en enfilant ma veste.

— Qu'est ce qui t'arrives? Tu as un rencard, ricane Val'.

— Je suis parti de chez moi depuis bientôt 12 heures.

— Et? Elle te manque déjà?

— Ferme là.

DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant