Chapitre 21 - Lui

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Elle était là, devant moi et je n'ai rien fait, rien dit. Je suis le roi des imbéciles. Come est en train de rouler sur l'avenue principale, m'éloignant à chaque pas un peu plus d'elle. 

— C'était qui cette nana? 

— Personne!

— Nooooooon.

Il pile, m'envoyant contre le tableau de bord par la  même occasion. Je jure alors qu'il se marre. 

— C'est LA fille, j'y crois pas, se marre mon coéquipier

— Je vois pas de quoi tu parles, je marmonne vexé.

— Oh arrête tes conneries! Trois mois que tu me bassines avec la jolie brune qui s'est volatilisée. Quand est ce que tu la revois?

— Aucune idée!

— T'es trop con, tu le sais ça?

— Hmm.. je suis surtout trop fier! Après tout elle est revenue voir ses amis, pas moi. Je ne vais pas lui courir après! 

C'est en tout cas ce que je me répète pour ne pas la suivre partout dans cette ville comme un chiot abandonné sur le bord de la route. A la fin de mon service, je fais un détour par son appartement avant de rentrer. Devant la porte, j'abats mon poing sur le battant qui tremble sous mes assauts.

— Théo, quelle surprise! 

— C'est ça Val'! Tu m'expliques? je gronde.

Il se décale pour me laisser entrer et je m'installe sur l'une des chaise de sa cuisine. Il sort deux bières avant de me rejoindre. 

— Une coéquipière, hein?, j'attaque.

— Au moins ça a marché! Dans l'heure qui suivait elle était dans la file d'embarquement, se marre Valmir.

Je lui raconte notre rencontre de ce matin. Plié en deux, il a du mal à retrouver sa respiration.

— J'aurais tellement aimé voir sa tête face à Come, se bidonne t il.

— Tu me fatigues! Je n'ai pas besoin d'intermédiaire, restes en dehors de ça!

— C'est vrai que tu t'en sors très bien tout seul depuis 6 mois!

— Qu'est ce que tu voulais que je fasse? Je n'allais pas aller la chercher à Portland pour l'obliger à rentrer avec moi! Elle a choisi il y a 6 mois, je vis avec, point.

— C'est comme ça que tu te bats pour celle que tu aimes?

— Oh arrêtes, on croirait entendre ma mère, je m'énerve.

— Les mamans ont toujours raison, et c'est pas moi qui le dit. Oui, même la mienne, râle t il en voyant mes sourcils levés. Après tout, si elle ne m'avait pas laissé sur le bord de la route, je n'aurai jamais atterri ici, explique t il tout sourire.

Malgré les drames de sa vie, il continue à sourire et avancer en pensant que c'était le mieux qu'il pouvait lui arriver. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec une telle force de caractère. 

Dans la soirée, Come me propose de le rejoindre dans l'un des bars de la ville. Ca ne me fera pas de mal de sortir. J'hésite une seconde à inviter Valmir, comme à chaque fois qu'on sort mais je m'abstiens. Il serait bien capable de proposer aux filles de nous rejoindre et là j'ai vraiment besoin de remettre mes idées en place. C'était sans compter mon super coéquipier, aussi lourd que mon ancien collègue. Quand j'arrive dans le bar à l'ambiance country, je découvre Come à table avec Valmir, Irina et Harper. Le tableau que je voulais absolument éviter. Harper rit à gorge déployée à l'une des blagues de Come. Ca commence toujours comme ça, ensuite ça termine dans son lit. 

Je m'installe à leur table, non sans prendre le temps de bousculer Come qui rigole comme un imbécile. Harper se fige en me voyant. Qu'est ce que je disais? Elle n'a jamais vraiment voulu me voir, alors pourquoi insister de la sorte? Une serveuse vient prendre ma commande, quelques minutes plus tard elle dépose un verre de whisky devant moi. Je l'avale d'une traite avant d'en recommander un dans la foulée.

— T'avais soif on dirait?

— J'ai besoin d'oublier les têtes de cons qui me servent d'amis, je grogne.

— Tu m'as l'air tout chiffon ce soir, se marre Come.

— Tu sais où je vais te le mettre le chiffon?

— Hmmm vas y j'ai hâte de savoir.

Les filles échangent des messes basses et Irina se gausse face à la réaction outrée d'Harper. Ses billes émeraudes croisent les miennes et j'oublie toutes mes résolutions rien qu'avec ce regard. Elle est là et je la vois, c'est tout ce que ma tête retient! On oublie les 6 mois de merde que je viens de passer, on oublie qu'elle grimace dès qu'elle m'aperçoit. Ma cible est verrouillée et je ne compte pas la louper. Je hèle la serveuse parce qu'il va me falloir un peu de courage, oui je sais c'est lamentable mais c'est comme ça. Harper en profite pour se commander des shoots sous les rires d'Irina. Les deux jeunes femmes enquillent 3 verres chacune avant de se lever et rejoindre le taureau mécanique. 

— Elles vont pas vraiment faire ça? s'indigne Valmir.

— On dirait que si, se marre Come.

— Mais elle porte une robe bordel, s'énerve le russe.

Un groupe de mecs monopolisent la bête pour le moment, les filles en profitent pour se déhancher sur la piste. Valmir saute de son siège pour rejoindre Irina. Ils échangent quelques mots sur la piste mais la jolie russe l'envoie paitre et le voilà de retour, la queue entre les jambes. Je me paie sa tête mais il me rembarre aussi sec.

— On verra si ça te fait toujours rire quand le groupe d'abrutis lui tournera autour.

Je grogne des mots incompréhensibles alors qu'Harper ondule comme une déesse. Son short en jean's dévoile la naissance de ses fesses, son débardeur qui remonte juste au dessus du nombril est bordé de dentelle sur le décolleté. Il fait chaud, non? Je vide quelques verres pour être sur de ne pas souffrir de déshydratation face aux flammes de l'enfer. Quand je me lève pour aller pisser, je comprends que je vais me brûler tout seul au fond du caniveau. 

DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant