Chapitre 8 - Lui

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Ses yeux s'écarquillent, percutent les miens et son menton retombe mollement sur sa poitrine. Un léger filet de sang glisse dans son cou. Les russes sifflent et se gaussent comme des porcs. Un mouvement à ma droite m'interpelle.

— Pas trop déçu de ne pas pouvoir baiser ce soir? se marre Levi.

Je me redresse, me plante face à lui mon arme toujours à la main.

— Pas besoin d'elle pour me soulager. Je vais t'enculer comme j'ai jamais enculer personne. Ensuite je m'occuperai de chacun de tes potes, l'un derrière l'autre. Vous allez la sentir si profondément que vous ne vous en relèverez jamais.

Chacun des hommes de Razine sort son arme et me pointe. Je continue à sourire et tout dégénère. 

— Jetez vos armes, hurle un homme dans mon dos. 

Les russes ne comprennent pas tout de suite ce qu'il se passe, sauf Ivan. Son regard noir m'indique qu'il sait désormais exactement qui je suis. 

S'ensuit un échange de balles entre les agents de la DEA et eux. Moi, je cours mettre Harper à l'abri. Elle me suit sans rechigner. Mon corps voûté au dessus du sien, je la guide jusqu'à une palette de poudre un peu plus loin. Une balle me percute l'omoplate, m'arrachant un râle de douleur. 

— Putain de russe à la con, je râle en tenant mon bras. 

 Je bouge mes doigts en les faisant pianoter pour enlever cette sensation d'engourdissement mais cela me provoque une douleur aigue qui irradie jusque dans mon cou. Harper, accroupie à mes côtés arrache ma chemise pour vérifier la plaie.

— La balle est encore dedans, elle doit comprimer le nerf. Tes doigts s'engourdissent?

Je hoche la tête, la douleur s'intensifiant.

— Il va falloir l'enlever et vite, me lance t elle.

— Ah ouais? Dommage, j'avais envie de me faire une partie de Monopoly, je raille. 

Levant les yeux au ciel, je vois la plaie sous son menton. J'effleure sa peau brûler du bout des doigts, elle frémit.

— Balle à blanc? me demande t elle.

Je plonge dans ses obsidiennes sans répondre. 

— Tu m'as tiré dessus... je lui fais remarqué.

Elle sourit, les lèvres pincées.

— Tu as été un vrai connard, me rembarre t elle. 

A mon tour je souris. Elle n'a pas tord. Les coups de feu autour de nous ralentissent jusqu'à s'arrêter complétement. Harper s'apprête à se lever mais je la retiens et l'intime au silence, mon index sur ses lèvres. Le calme ne veut pas toujours dire que c'est finit. 

— Agent Brankst? On les a neutralisé, m'informe Larry.

Je me relève, aidé par Harper, avant de rejoindre mon chef. Je lui sers la main, heureux de le revoir après tout ce temps.

— 3 ans 8 mois et 27 jours. Tu as battu le record du bureau Théo! 

— J'ai hâte de rentrer, je réponds simplement. Vous les avez tous eu?

— Chaque cartel est tombé juste après vos livraisons. On les a coffré les uns derrière les autres. Toutes les grosses têtes ont été arrêtées. On a saisi près de 8 tonnes de cocaïne et pas loin de 500 bonhommes. Vous pouvez être fier de vous. Allez, viens, il faut te faire soigner.  

— Il faut la réintégrer au dispositif de protection des témoins, je lui demande en désignant Harper. C'est la fille Stone et Walsch va vouloir se venger des russes, s'il a eue vent qu'elle était là ce soir ...

— Je ne réintègrerai pas ce dispositif, me coupe t elle. 

Je fronce les sourcils sans comprendre.

— Ils n'ont rien fait pour m'aider il y a 9 ans, ils ne feront rien de plus maintenant. Je me débrouille très bien toute seule depuis 5 ans, je n'ai pas besoin de vous.

— On parlera de tout ça calmement au bureau quand tu auras été soigné Théo.

— Théo? demande t elle.

— Agent spécial Théo Brankst de la DEA, annonce Larry. En infiltration au sein du plus gros cartel du pays depuis près de 4 ans. 

— Je me vanterais bien de mes états de service toute la nuit mais je ne sens presque plus ma main gauche et j'aimerais pouvoir continuer à m'en servir alors si vous voulez bien... je réplique en désignant l'ambulance qui m'attend.  

 A l'hôpital, mes parents attendent devant les portes. Ma mère est en larmes et je crois que je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie. Je ne les ai pas revu depuis la veille de mon infiltration dans le cartel de Razine. Elle me saute dans les bras avant que je ne sois transférer en chirurgie.

— Mon chéri, tu m'as tellement manqué. Je t'aime de tout mon cœur. On se revoit très vite.

— A tout de suite Maman.  

Mon père, plus pudique, se contente de serrer mon épaule valide, les yeux brillants. Je tapote sa main en retour. Les brancardiers m'écartent d'eux et je passe les portes battantes qui vont me soulager. 

Quand je reviens à moi, c'est son visage fatigué qui m'accueille.

— Maman...

— Ohhh mon chéri. 

Elle pleure encore, je tente de lui sourire mais mon épaule me lance. Mon bras en écharpe, je tente de bouger un peu mais cela ne m'aide pas et réveille un peu plus la douleur. 

— Ne bouge pas chéri. Tu dois rester tranquille. Tu veux que j'appelle le médecin?

— Non ça va. Où est Papa?

— Il est parti chercher des cafés. Il y a ... une jeune femme qui attend dans le couloir. Est ce que tu veux la voir?

— Euh ... ouais, je marmonne mal à l'aise.

— Elle est très jolie, constate ma mère.

— Commence pas tu veux? 

— J'ai 4 ans à rattraper alors je t'embêterai autant que je veux, râle t elle.

— 3 ans et demi, je corrige alors qu'elle rejoint le couloir.

 Mes paupières sont lourdes et j'ai dû mal à rester éveillé. 

— Salut.

Mes yeux se rouvrent instantanément en entendant sa voix.  

DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant