Théo passe plusieurs coups de téléphone. Je l'observe déambuler dans son appartement, le téléphone à l'oreille, tout en regroupant ses affaires. Son sac à dos bouclé, il le passe sur son épaule avant de jeter un œil par la fenêtre. Contrarié, il soupire avant de pincer l'arête de son nez. Moi, j'attends bêtement devant la porte d'entrée sans trop savoir quoi faire.
— Tu as le vertige?
— Quoi? Euh.. non pourquoi?
— Parce que tes copains nous attendent en bas. Il va falloir passer par l'arrière du bâtiment mais si je déplie l'échelle de sécurité on va se faire repérer en moins de deux.
— Mais ... tu es sûr que c'est eux?
Je commence à m'approcher de la fenêtre quand il me tire en arrière.
— Certain! Allez viens.
Il attrape mon sac qu'il passe sur son ventre avant de me guider par la main vers sa chambre. Une fenêtre donne sur l'arrière du bâtiment. Il surveille la rue avant de me faire signe d'approcher. Il n'y a que 3 étages mais c'est drôlement haut. Il me regarde de bas en haut et penche la tête sur la côté, les yeux plissés.
— Quoi?!
— 1m70? demande t il.
— Euh 1,72.
— Génial!
— Pourquoi c'est génial?
Il ne me répond pas et passe par la fenêtre. Il m'intime de le suivre et je comprends vite ce qu'il s'apprête à faire. L'échelle de notre étage est dépliée, ce qui nous laisse la hauteur de deux étages à "sauter". Une fois à l'étage inférieur, il jauge la hauteur avec une moue satisfaite.
— On va pas faire ça?! je couine.
— Ca va aller Darling. Ca ne te fais faire qu'un saut d'un peu moins de 2m.
— Mais toi? et ton épaule?
Il grimace en la faisant bouger.
— C'est l'occasion de voir si elle tient. Tu préfères passer devant ou derrière? demande t il hilare face à ma moue d'horreur.
Voila comment je me retrouve pendue à ses pieds, prête à sauter. Mon atterrissage se passe plus en douceur que je ne le pensais. Par contre, Théo tombe lourdement, il y a toutes les chances qu'ils nous aient entendu. Je le regarde avec horreur alors qu'il prend ma main et commence à courir. Quand on les entend arriver derrière nous, Théo me pousse devant lui, avant que les premiers tirs fusent. Je l'entends grogner mais il me pousse en avant pour ne pas que je m'arrête. Mon souffle est court, mon cœur tambourine comme un forcené, chaque inspiration me donne l'impression que c'est la dernière. Au coin de la rue, ils nous guident dans un immeuble avant de descendre vers les sous sols. Je ne comprends pas ce qu'on fait là jusqu'à ce qu'il déverrouille un SUV noir. Je grimpe côté passager, il jette les sacs sur la banquette arrière avant de démarrer en trombe.
— Ton bras...
— Faut croire que j'adore te servir de gilet par balle.
Il lâche un râle de douleur quand je tâte la plaie.
— Elle n'a fait que t'effleurer. J'ai de quoi te recoudre dans...
— Plus tard Darling. Quand tu seras à l'abri.
Concentré, il s'insère lentement dans la circulation pour ne pas alerter les Irlandais qui nous attendent au coin de la rue. Nous passons devant eux incognito grâce aux vitres teintées avant de nous diriger vers la sortie de la ville. Il conduit un long moment en silence avant de s'arrêter devant un garage automobile qui semble à l'abandon. Il s'arrête à l'arrière du bâtiment. Il sort une arme de sa boîte à gants, la charge avant de me la tendre.
— Tu sais comment ça fonctionne?
Je hoche la tête tremblante.
— Juste au cas où, m'assure t il. Je reviens vite.
La porte ouverte, je l'arrête.
— Et si tu ne reviens pas? je demande la voix tremblotante.
— Je reviens toujours Darling, rétorque t il avec un sourire et un clin d'œil.
J'ai l'impression qu'une éternité se passe entre le moment où il entre dans ce bâtiment et celui où il en ressort. Mon cœur loupe un battement quand il me fait enfin signe de sortir et je ne me fais pas prier pour trottiner jusqu'à lui. A l'intérieur, un homme d'une trentaine d'année nous attend devant un 4X4 encore plus imposant que le SUV de Théo. Le coffre est ouvert, plusieurs sacs s'y trouvent et Théo est en train de lire un document.
— Qu'est ce qu'il se passe? je demande sans comprendre.
— Larry a tout prévu. On va rejoindre une planque, on aura plus d'informations là bas apparemment.
— C'est quoi tout ça, je l'interroge en montrant les sacs.
Théo ouvre le premier qui contient des vêtements neutres, le second est rempli de billets, le troisième continent de nombreux chargeurs et je vois les mallettes qui doivent contenir des armes juste derrière. Je blêmis, comprenant l'ampleur que cette histoire est en train de prendre.
— Eh tout va bien Darling. Ca va aller, tu verras, tente de me rassurer Théo.
Voyant que je ne réagis pas, il s'approche et me sert dans ses bras. D'abord surprise par cette attention, je finis par me laisser aller contre lui. Sa main remonte le long de mon dos m'arrachant de délicieux frisson.
— On y va? On a pas mal de route avant d'être en sécurité.
Je hoche la tête, sèche mes larmes et le suis dans le 4X4. Il récupère nos sacs et les pose à mes pieds avant de sortir de l'ancien garage. Il salue l'homme qui nous attendait et qui s'occupe de mettre le véhicule de Théo à l'abri avant de s'engager sur la route et quitter la ville.
Ne tenant pas compte de ses protestations, je commence à soigner sa plaie pendant qu'il conduit. Après quelques points de suture, je nettoie et bande son bras, satisfaite. Ses yeux me sondent avec une lueur étrange. Je détourne la tête, gênée par cette proximité forcée.
— Merci Darling, souffle t il avant de se reconcentrer sur son itinéraire en silence.
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DERRIERE LE MIROIR
RomanceLa frontière entre le bien et le mal est parfois mince. L'un des membres les plus important du Cartel Russe de Ivan Razine, il devra choisir sa voie et prendre des décisions difficiles sans faillir à sa mission principale lorsqu'elle débarquera dan...