— Tu n'es pas obligé de partir tu sais?
— Maman, j'ai 28 ans. Je t'assure que c'est un exploit d'avoir tenu 4 mois sous votre toit sans devenir dingue.
— Tu as quand même cassé tous les miroirs de la maison, me rappelle t elle les yeux fuyants.
— J'irai chez le coiffeur. Je suis sur qu'avec une nouvelle coupe de cheveux j'arriverai à me regarder dans un miroir sans avoir envie de le briser.
— Et pour ton psy? Tu comptes aller le revoir?
— Après avoir briser un miroir sur sa tête? Je doute que ce soit une bonne idée... Ca va aller, je t'assure. Je vais bien!
— C'est faux! Et ... j'ai peur mon chéri.
— Et moi je t'assure que je vais bien et que reprendre le cours de ma vie ne peut que m'aider. J'ai besoin d'air.
— C'est à cause de cette fille?
— Quelle fille? Non, tu sais quoi ne dit rien, je préfère ne pas savoir.
4 ans que je n'ai pas remis les pieds chez moi. Ma mère s'est occupée de faire entretenir mon appartement pendant mon absence et ça fait un bien fou de se sentir à nouveau chez soi. Je suis totalement autonome depuis un mois environ mais ma mère avait besoin de m'avoir près d'elle et j'avoue que me faire chouchouter n'était pas déplaisant mais j'ai vraiment besoin de me retrouver et je n'y arriverai pas avec elle qui me materne comme si j'avais encore 5 ans.
Le silence m'accueille quand je déverrouille la porte. J'ouvre les volets, les fenêtres et laisse le soleil lécher ma peau. J'évite le miroir de mon dressing mais ne peut ignorer celui au dessus de mon lavabo lorsque je sors de la douche. Mes nerfs à cran, je ne supporte plus mon reflet et comme à chaque fois que je m'aperçois dans une glace depuis mon retour, mon poing termine dans le verre. Je bande ma main blessée dans le salon quand la sonnette retentit. Je ne suis pas surpris de découvrir mon ami, des cartons de pizzas et un pack de bières à la main.
— Tu as encore...
— S'il te plaît, Val', je le coupe. Pas de commentaire.
— Tu es censé reprendre le boulot dans deux mois. Tu comptes faire comment?
— Comme je fais depuis 10 ans, je suis apte à travailler, je ne vois pas où est le problème, je m'énerve.
— Je suis de ton côté tu sais?! J'ai eue des nouvelles des Irlandais ...
Je relève la tête vers lui attendant la suite. A la grimace qu'il fait, je sais que ce qu'il va me dire ne va pas me plaire.
— Ca s'énerve dehors... Il y a eue pas mal de règlements de compte ces dernières semaines.
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt?
— Parce que je l'ai cherché mais je ne la trouve pas. Ce n'est pas depuis chez tes parents que tu aurais pu faire plus! Tu avais besoin de te concentrer sur ta rééducation, pas sur un fantôme qui te retourne les neurones.
— Mes neurones vont très bien, je râle.
Valmir ricane.
— Si tu veux mon avis, cette nana est douée, même très douée pour disparaître. Alors ... tu devrais peut être l'oublier.
— C'est toi qui me parle d'elle à chaque fois que tu viens, je lui rappelle.
— Ouais mais c'est pas moi qui rêve d'elle toutes les nuits!
— Je ne ... Va te faire voir Poutine!
— Tu vois tu m'appelles comme elle, se marre t il.
— Parce qu'elle a raison! T'es un putain de russe à la con Petroski! Dégage de chez moi.
— Ah bah non, j'ai pas finit ma bière.
Ce n'est pas sa bière qu'il voulait finir mais le pack. Et bien sûr, il n'est jamais parti et dort sur mon canapé! Il passe le reste du weekend à me coller aux basques à croire que ma mère l'a engagé comme baby-sitter!
Les jours suivants sont salvateurs, je récupère mieux ici et me sens de plus en plus en phase avec moi même, enfin le vrai moi disons. J'évite toujours mon reflet dans le dressing mais je sens que les choses s'améliorent. Je suis assez surpris quand Larry vient me rendre visite un soir.
— Je peux entrer?
— Euh ... Oui, oui, bien sûr.
Je me décale et le laisse s'installer à ma table. Larry est un bon chef de mission et je m'entends très bien avec lui mais nous ne sommes pas amis. Le voir ici me perturbe et me rend méfiant.
— Un problème?, je demande n'y tenant plus.
— Pas encore... souffle t il en observant la pièce qui l'entoure.
— Larry... pourquoi tu es là?
Il lâche un soupir contrit avant de me lâcher dans un souffle:
— Je ne pourrai rien pour toi Théo.
— Tu m'expliques? Je n'ai aucune idée de ce dont tu parles.
— Je sais mais ça viendra. Seulement, ne vient pas me voir, je ne pourrai rien faire.
Il glisse un morceau de papier froissé jusqu'à moi avant de se lever.
— Quand tu auras besoin d'aide, tu y trouveras tout ce dont tu auras besoin. C'est tout ce que je peux faire pour toi.
Sans plus d'explication, il sort de mon appartement aussi vite qu'il y est entré. Une adresse, c'est tout ce qu'il me donne. Que veut il que je fasse de ça? Je ne comprends rien à son énigme de merde et quand j'appelle Valmir pour en savoir plus, il est aussi perdu que moi. Larry me cache quelque chose et cela ne me rassure pas des masses. Surtout que s'il est dans l'incapacité de m'aider c'est qu'il va falloir transgresser quelques règles... ou plutôt quelques lois!
Je me couche complétement perdu. Mes yeux plantés dans mon plafond, je tourne et retourne ses mots sans en comprendre le sens. Jusqu'à ce que j'entende la serrure de ma porte d'entrée se déverrouiller. J'attrape mon arme de service dans ma table de nuit avant de l'armer et sort en silence de ma chambre. J'attends de pied ferme l'imbécile qui ose s'introduire chez moi.
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DERRIERE LE MIROIR
RomanceLa frontière entre le bien et le mal est parfois mince. L'un des membres les plus important du Cartel Russe de Ivan Razine, il devra choisir sa voie et prendre des décisions difficiles sans faillir à sa mission principale lorsqu'elle débarquera dan...