Chapitre 5 - Lui

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C'est un hurlement qui me réveille à l'aube. Mon arme devant moi, j'avance prudemment jusqu'à sa chambre. Elle m'appelle complétement paniquée et en pleurs. La fragilité qui transperce sa voix me retourne l'estomac. D'un coup d'épaule j'ouvre sa porte. La chambre est vide en dehors de cette hystérique. Mes narines frémissent, la rage s'écoule dans mes veines comme une lave ardente qui veut tout ravager sur son passage.

— Là, là, elle est là, hurle t elle en montrant une tâche noire près de sa cuisse.

Ses entraves l'empêchent de s'éloigner de l'inconnue qui tente une approche malgré le bruit qu'elle fait. Je tire. Camille sursaute avant de me regarder les yeux ronds.

— Satisfaite? je raille.

— Mais t'es complétement malade, tu aurais pu me tuer.

— Moi ou l'araignée, tu avais fait ton choix en me réveillant.

Elle continue à me hurler dessus. Je sors en marmonnant dans ma barbe.

— Putain de clébard de merde!

Sur la table du salon, je sirote tranquillement mon café dans un silence paisible quand elle refait son apparition. 

— J'ai envie de pipi.

— Mais c'est pas possible, je râle. 

Je déboule dans sa chambre avec fracas. Elle se recroqueville sur place et m'offre un sourire timide qui me fait lever les yeux au ciel.

— Tu n'es pas obligé de boire 3L d'eau par jour, tu es déjà assez casse couille sans en plus avoir besoin de te sortir toutes les 10 minutes!

— Je ne suis pas un chien, s'indigne t elle. Et c'est de ta faute, tu ne m'as pas laissé aller au toilette hier soir. Je suis humaine, pas une citerne!

Quand je la décroche, elle s'éloigne précipitamment du trou dans son matelas. Je la laisse dans la salle de bain et m'installe sur le canapé. Les minutes s'égrènent. Encore une et je vais la chercher. Mais finalement, je n'aurai pas besoin de bouger, c'est elle qui vient à moi. Une ceinture autour de ma gorge, elle sert de toutes ses forces. Je penche la tête en arrière et la regarde faire amusé. Mon air indifférent la déstabilise, elle fronce les sourcils et sans s'en rendre compte elle desserre légèrement sa prise. L'air passant à nouveau dans ma gorge, je l'attrape par les épaules et la fait passer au dessus de moi. Son dos s'écrase sur la table basse dans un fracas. 

Mes jambes coinçant les siennes, je ramène ses mains, qui tiennent toujours ma ceinture, de chaque côté de son visage et l'oblige à forcer sur sa propre gorge. Ses yeux s'écarquillent d'horreur. Mais je n'appuie pas, enfin pas tant que ça.

— Si tu permets, c'est à moi, je lui fais remarquer avant de reprendre ma ceinture et la passer autour de ma taille.  

Je me redresse pour aller chercher de quoi nettoyer. Quand je reviens, elle est toujours par terre et m'observe, perdue. Je lui tends le balai et finis par lui jeter au visage alors qu'elle ne réagit toujours pas.

— Tu ne crois quand même pas que je vais nettoyer ta merde.

Je me rassois sur le canapé et attends qu'elle ai terminé. Sa tête ne cesse de se tourner vers moi, de peur de représailles j'imagine. 

— Si tu me donnais ton nom, je pourrais choisir plus vite si je t'achève de suite ou si je te laisse encore un peu respirer. 

— Pourquoi tu ne me tues pas? 

— Faut croire que ça me plait d'avoir une femme de ménage, je raille.

— J'ai essayé de te tuer.

— Une erreur de parcourt.

— Tu t'es transformé en Mère Thérésa dans la nuit?

— Si je devais tuer tout ceux qui ont essayé, le monde ne connaîtrait plus le sens du mot "surpopulation", je ricane.   

— Charmant...

— N'est ce pas?! Par contre, la prochaine fois que tu t'aventures dans ma chambre, je risque d'être beaucoup moins indulgent, je siffle.

Elle déglutit avec difficulté avant de retourner à ses débris de bois. Fais chier, je l'aimais bien cette table! 

Je passe le reste de la journée à coordonner les différentes équipes de transferts. Chaque groupe est composé de trois hommes. Une partie s'occupera de rapatrier la poudre dans nos entrepôts de stockage, l'autre s'occupera de livrer nos plus gros clients. Ivan ne sortira qu'une fois tout le monde à l'abri. Il ne sort que lorsque le soleil brille... 

La transaction la plus risquée se fera en sa présence, au lendemain des autres. Nikolaï, Levi, Sergueï, Sacha, Valmir et moi seront également de la partie. Les Irlandais nous posent quelques problèmes depuis un temps et Ivan veut les régler. Alors nous allons livrer notre marchandise en personne et Ivan tentera une dernière négociation, après j'aurai champ libre si nous ne trouvons pas d'accord. 

Mon problème principal, c'est que je risque d'être absent durant 48 heures et je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire de cette nana pendant ce laps temps. S'il y a bien un moment où elle ne doit pas disparaître, c'est là. Si Ivan met la main dessus, j'ai peur d'essuyer une tuerie sans nom. 

Dans mon bureau, Valmir vient me rejoindre. Lorsqu'il voit ce que je fabrique, ses sourcils se froncent.

— Mais qu'est ce que tu fous?!

— J'assure nos arrières...

Je retire les ogives de chaque balles avant de les remplacer par un cache en plastique.

— Cette histoire va mal se terminer.

— On va gérer, comme toujours.

Il n'y croit pas une seconde, moi non plus d'ailleurs. Pour cette fois, je dois reconnaître que c'est lui qui a raison. Ca va mal se terminer. Je devrais peut être me résoudre à l'éliminer, même si ça va à l'encontre de mon code d'honneur. Et puis, si elle se cache c'est qu'elle n'est pas si innocente que ça. Valmir suit le cheminement de mes pensées sans que j'ai besoin de les exprimer.

— Tu as tord. 

Je lève le menton, dévoilant mon cou pour qu'il y voit les marques de strangulation.

— Elle est encore en vie après ça? se marre t il.

— Ma table basse non, je râle.  

DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant