Chapitre 13 - Elle

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J'attends dans ma voiture depuis de longues heures. Les lumières de son appartement se sont éteintes il y a bien longtemps déjà et je n'arrive pas à sortir de là. Pourquoi? Aucune fichue idée. J'ai traversé plusieurs Etats pour rejoindre cette ville, persuadée qu'il était la solution à mes problèmes mais finalement j'ai un doute. 

Mes souvenirs de ces quelques jours passés avec lui dans son appartement, au dessus de l'usine désaffectée, me reviennent. J'étais terrorisée et humiliée, attachée aux barreaux de mon lit comme une vulgaire poupée, un vulgaire chien. 

Mais quand il a dû s'absenter pendant 2 jours entiers, il a pris soin de te laisser de la nourriture en quantité suffisante pour tenir 2 semaines, des couvertures pour que tu n'aies pas froid, de l'eau et des toilettes à disposition et un couteau, me rappelle une petite voix dans ma tête. 

Je sais que le couteau n'était pas là avant son départ, parce qu'à chaque fois que j'ai eue accès à la salle de bain, j'ai fouillé ses placards de fond en comble. Il n'y a jamais eue aucune arme à ma disposition. Je pense qu'il l'avait laissé dans le cas où les russes m'auraient trouvé en premier mais elle m'a servi à me libérer de mes entraves aux poignets.  Quand Valmir m'a réveillé, je lui ai planté la lame dans le bras. Il a su resté neutre malgré la douleur et m'a rassuré comme il le pouvait sur la suite des évènements.

Mais il a passé son temps à me terroriser. Combien de fois a t il posé ses mains sur ma gorge? Mais il n'a jamais serré, me rappelle cette fichue voix. 

Il m'a brisé le dos sur une table en bois. Mais tu venais de l'étrangler

Il a tiré à quelques centimètres de moi. Mais tu hurlais la mort et il voulait te protéger de ce dangereux spécimen qui était sans doute venimeux.

Il a posé son arme sur mon front. Mais avait mis des balles à blancs dans le 357 Magnum pour être sur que tu ne sois pas blessée malgré les risques que cela représentait devant les membres du Cartel.

Je soupire avant de me décider à sortir de ce véhicule. Le problème c'est que j'ai rencontré Alexander et je ne connais pas Théo. Pourtant les traits de Théo transperçaient la surface d'Alexander, faisant de l'ombre au monstre que représentait le narcotrafiquant. Une fois face à lui j'arriverai à prendre une décision, enfin j'espère. 

Devant la porte de son appartement, mon poing levé, je reste figée, incapable de frapper. Une idée germe dans mon esprit. Peut être que si je l'observe sans qu'il ne me voit j'arriverai mieux à me faire une idée et à prendre une décision. Je sors les petits bouts métalliques de ma poche et commence à crocheter sa serrure. J'arrive à déverrouiller sa porte en quelques secondes à peine. Surprenant pour un agent infiltré d'avoir une serrure si basique. Fière de moi, j'ouvre le battant en silence et referme la porte sans un bruit avant de me tourner et me retrouver face à face avec le canon de son arme. Oups...

— Tu bouges, t'es mort, gronde t il.

— J'avais pas l'intention de me sauver en courant pour me faire tirer comme un lapin, je raille.

— Harper?!

Il allume l'interrupteur à sa droite et la lumière m'aveugle une minute avant que mes yeux ne s'habituent à la luminosité. Il ne porte qu'un boxer et je sens mes joues s'enflammées. Je baisse la capuche de mon sweat pour lui montrer mon visage. Il baisse son arme en croisant mes yeux. 

— Décidemment, tu ne peux pas t'empêcher d'essayer de me tirer dessus, je tente de plaisanter avec un sourire en coin, les lèvres pincées.

Il lève les yeux au ciel avant de répliquer.

— Tu ne peux pas t'empêcher de m'emmerder!

Pourtant quand il s'éloigne, je suis presque sûre d'avoir aperçu un début de sourire sur ses lèvres. Je le suis en trottinant derrière ses grandes enjambées. Lorsque j'aperçois son lit, je me fige. Il se tourne, croise ses bras et fronce les sourcils.

— J'ai cru comprendre que "ne pas entrer dans ma chambre" était un concept totalement inconnu pour toi, mais il va falloir l'intégrer et vite Darling. 

Sur ces belles paroles, il me claque la porte au nez, me laissant dans le couloir sans savoir quoi faire. 

— Tu ne me demandes même pas pourquoi je suis là? je râle.

— Pour m'emmerder de toute évidence!

— Mais enfin. Tu ne vas pas me laisser là, comme ça... comme...

La porte se rouvre et il me toise de toute sa hauteur. J'avais presque oubliée qu'il était si grand. A moins que ce ne soit le fait que j'essaie éperdument de ne pas admirer son torse nu et musclé sous mes yeux qui me fasse cet effet...

— Comme quoi? Comme une casse pied qui me réveille au milieu de la nuit? Tu veux quoi? Que je te prépare une tisane, des pancakes? Tu veux peut être que je te borde et te lise une histoire aussi? Une berceuse peut être? 

— Finalement ce n'est pas Alexander qui était con, c'était toi, je crache vexée.

Ma remarque semble le blesser bien plus que je ne le voulais. Pourtant ce n'est pas la première fois que je l'insulte, je ne comprends pas. Je m'apprête à m'excuser quand il ferme à nouveau sa porte. 

Assise sur son canapé, je ne ferme pas les yeux de la nuit, complétement perdue. Je m'en veux de l'avoir insulté, d'avoir évoqué Alexander et d'avoir débarqué comme ça. Après tout, il aurait peut être été plus enclin à m'aider et m'écouter si j'avais fait les choses comme les gens normaux. En appuyant sur cette fichue sonnette. 

Quand il se réveille, je l'attends à table tout sourire. Il examine ce que j'ai préparé les sourcils froncés avant de s'asseoir face à moi. Il a enfilé un jogging mais est toujours torse nu, ça va être difficile de se concentrer. Il lâche un long soupire et je déglutis avec difficulté ne sachant pas à quelle sauce je vais être mangée.

DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant