— Qu'est ce qui t'arrive mon chéri?
Je sursaute en entendant sa voix. Je ne l'avais pas vu arriver.
— Rien, je marmonne en enfilant ma chemise.
— Tu es allé voir le psy que Larry t'a conseillé?
— Je n'en n'ai pas besoin.
— Tu passes des heures devant ce miroir... ce n'est pas normal.
— Je viens juste de sortir de l'hôpital, j'ai juste besoin d'un peu de temps, je tente de la rassurer avec un sourire.
Elle sort sans insister même si je sais qu'elle reviendra à la charge comme tous les jours depuis que je suis rentré la semaine dernière.
Le reflet que me renvoie ce miroir m'intrigue en réalité, parce que je ne le connais pas. J'ai l'impression qu'Alexander et Théo se superposent et je n'arrive plus à voir qui est qui. Je ne sais plus qui je suis. Quand je baisse les yeux sur mes mains, tout ce que j'y vois c'est du sang, toujours plus de sang. Dans le lavabo je frotte ma peau avec frénésie tout en jurant. Il en reste toujours, pourtant je ne cesse de frotter, pourquoi ça ne part pas?
— Théo.
— Ca part pas, j'explique à mon père en montrant mes mains.
— Qu'est ce qui ne part pas?
— Le sang, regarde, je lui montre mes paumes cramoisies.
Je continue à frotter jusqu'à ce qu'il coupe l'eau et emballe mes mains dans une serviette.
— Arrête, je vais la tâcher. Il faut que ...
— Théo, c'est terminé, tu m'entends? Tout ça c'est finit. Alexander n'existe plus, tu es à la maison, en sécurité, tout va bien.
Je me rends compte alors que je suis essoufflé, mon cœur s'agite trop rapidement et mon torse se soulève avec véhémence. Les mains de mon père se posent sur mes épaules jusqu'à ce que j'arrive à me calmer.
— C'est finit Théo.
Il répète cette phrase comme si elle allait effacer tout ce que j'ai fait ces 3 dernières années. Mais leurs visages me reviennent en mémoire et me percutent, l'un derrière l'autre jusqu'à ce que je m'effondre sur le sol en larmes.
Après cette crise j'ai capitulé et vois désormais un thérapeute. Un mois à raison de deux séances par semaine et on en est toujours au même point. Je n'ai pas besoin de savoir quel est mon parfum de glace préféré ni même quel film je préfère, non ce que j'ai besoin de savoir c'est comment oublier les visages de chacun des hommes que j'ai tué de mes propres mains alors que j'ai juré servir mon pays.
— Il est important de prendre du recul par rapports aux ordres qui vous ont été donné et ..
— Les ordres? Je n'ai jamais reçu l'ordre de tuer, je le contredis.
— Evidemment, mais dans le cadre de votre mission, il était crucial pour ...
— « Je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions, d'observer les devoirs et la réserve qu'elles m'imposent. Je me conformerai strictement aux ordres reçus dans le respect de la personne humaine et de la loi. Je promets de faire preuve de dévouement au bien public, de droiture, de dignité, de prudence et d'impartialité. Je m'engage à ne faire qu'un usage légitime de la force et des pouvoirs qui me sont confiés et à ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à ma connaissance lors de l'exercice de mes fonctions. », je récite. Le respect de la personne humaine et l'usage légitime de la force et du pouvoir qui m'ont été confié, vous les mettez où quand j'éclatais la gueule d'un type qui avait un peu de retard sur ses paiements? Et de ceux qui on servit d'exemple alors qu'ils étaient eux même innocents? Oh et ceux que j'ai dû torturer et exécuter lentement devant Razine pour lui prouver ma loyauté? Tout ça devant leur femme et leurs enfants.
— Ecoutez agent Brankst, je comprends votre souffrance et vos doutes mais ...
— Vous comprenez? Vraiment? Qui avez vous tuer sans raison? Je suis curieux.
— Votre travail...
— Mon travail m'emmerde, je conclus avant de me lever.
Je retrouve Valmir dans un bar du centre ville. Il boite encore quand il vient s'asseoir face à moi. On discute de tout et rien pendant une bonne heure jusqu'à ce qu'il finisse par me sortir les vers du nez.
— Tu vois toujours le psy?
— Je l'ai envoyé chier tout à l'heure.
— Théo ... Tu en as besoin, tu ..
— Tu n'en n'as pas besoin toi, je lui fais remarquer.
— On n'avait pas du tout le même rôle au sein du cartel et tu le sais très bien. Mais surtout je n'y ai passé que 2 ans, à peine! Tu y es resté le double Théo, c'est pas négligeable! N'importe qui deviendrait fou après ça.
— Je ne deviens pas fou, je rétorque vexé.
— Non c'est vrai, tu étais déjà tordu quand tu m'as formé à mon entrée à la DEA, rigole t il.
Je lève les yeux au ciel.
— Mec, tu as tellement bien joué ton rôle que le plus gros Narcotrafiquant du monde t'a fait confiance les yeux fermés. Il avait plus confiance en toi qu'en Nikolaï et tu le sais. C'est normal que tu es du mal à te détacher de cette identité. Moi, je n'ai même pas eue à changer de nom, tout est plus facile de mon côté. On n'a pas eue le même parcourt, tu ne peux pas nous comparer.
— Il m'a demandé qu'elle était mon parfum de glace et mon film préféré? Tu crois vraiment que c'est de ça dont j'ai besoin pour me retrouver?
— Tu as eue de ses nouvelles?
— De qui tu parles?
— De la personne que tu as fait souffrir et qui te vrille le cerveau depuis des semaines. Parce que le véritable problème il est là, n'est ce pas? C'est de ne pas savoir si elle apprécie Théo autant qu'elle a fait confiance à Alexander.
— Elle n'a jamais eue confiance en moi, elle m'a tiré dessus.
— Quand on a peur, on fait parfois des choses absurdes, ça n'empêche qu'elle était dans ton lit quand on a débarqué dans ton appartement. Elle aurait pu disparaître mais elle a décidé de rester, elle aurait pu dormir dans sa chambre ou sur le canapé mais c'est dans ton lit qu'elle a décidé d'élire domicile.
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DERRIERE LE MIROIR
RomansLa frontière entre le bien et le mal est parfois mince. L'un des membres les plus important du Cartel Russe de Ivan Razine, il devra choisir sa voie et prendre des décisions difficiles sans faillir à sa mission principale lorsqu'elle débarquera dan...