Chapitre 4 - Lui

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— Tiens, tiens, la Belle au Bois Dormant est de retour parmi nous, ricane Valmir.

Mon majeur se lève avant de retomber mollement le long de mon corps. J'ai mal au crâne et je me sens faible. Ce n'était pourtant qu'un coup de couteau, ridicule! Je grogne et tente de me lever. Des mains fraîches et bien trop douces pour appartenir à mon ami viennent me soutenir pour m'aider à m'asseoir. Je fronce les sourcils en la regardant faire. 

— Comment tu te sens? Fatigue, maux de tête, étourdissement, vertige?

— Qui ne subirait pas ça après une attaque verbale par un caniche, je râle sous le flux impressionnant de mots qui sortent de sa bouche.

— Si tu avais un sèche cheveux digne de ce nom, je ne ressemblerais pas à un caniche, boude t elle en croisant les bras sur sa poitrine. Tiens, bois ça.

J'examine la solution verdâtre qu'elle me tend avec une grimace.

— Tu ne vas pas jouer les mijaurées. C'est plein de fer et de minéraux, ça va te faire du bien, tu verras, m'assure t elle avec un sourire.

— Et y a quoi la dedans?

Cette fois c'est elle qui grimace.

— Tu n'as pas envie de le savoir. Mais Poutine a vérifié chaque ingrédient.

— Poutine?

— Ton pote le Russe là, dit elle en me désignant Valmir qui se bidonne sur le canapé.

Je le fusille du regard et il se justifie entre deux éclats de rire.

— Elle est trop marrante, j'y peux rien.

—  C'était marrant quand elle t'a bouffé le bras, je lui rappelle.

— Soit pas rancunier Alexander, ça te va pas. 

— Tu m'emmerdes Val'.

Je me lève avant de rejoindre la cuisine où je me sers un café. J'avale son mélange douteux d'une traite et enchaîne avec le café pour faire passer le goût infâme d'épinard. Quel horreur, je vais gerber je crois. Dans le salon, Val et le caniche sont en train de jouer à un jeu de cartes, c'est le monde à l'envers. Mon portable vibre, Val' comprend à mon silence que ce n'est autre que Razine. 

— Si tu ouvres la bouche, tu es morte et nous aussi Darling.

Elle hoche la tête et blêmit. 

— Ivan, comment vas tu?

— Tu te fous de ma gueule James, hurle t il m'obligeant à reculer mon appareil.

— Je me suis pris une lame parce que cet abruti n'est pas capable de faire son boulot.

— Je me contrefous de tes explications. C'est la dernière fois que je te rappelle cette règle d'or. Tu touches à l'un de mes hommes et tu es mort Alexander James. Est ce bien clair? 

— C'est clair, j'abdique les dents serrées.

— Comment avance l'organisation?

— Je suis en train de boucler les itinéraires. Tout sera prêt à temps, comme toujours, je le rassure.

— Bien, bien. On se voit dans 4 jours dans ce cas. 

 Je m'échoue sur le canapé aux côtés des deux nouveaux meilleurs amis du monde. La brune me regarde blême tandis que Val' semble satisfait de la tournure que prend les évènements.

— Qu'est ce qu'on fait si ... 

Il ne termine pas sa phrase mais son regard vers la jeune femme ne me trompe pas. Je soupire et frotte mon visage, épuisé. J'intime à la fausse Camille de se lever. Quand je la cadenasse à son lit elle gronde de mécontentement.

— C'est comme ça que tu me remercies de t'avoir sauvé la vie? râle t elle.

— Je ne t'ai rien demandé Darling et n'exagères pas, ce n'était que quelques points de sutures, j'aurai pu le faire seul! Et si tu penses que ton petit jeu fonctionne avec Val' ,c'est sans doute vrai. Ces abrutis de russes sont vites en transe devant une petite chatte fraîche. Mais moi tu ne m'auras pas. Je n'ai aucune confiance en toi, je découvrirai qui tu es, ce que tu as fait et te livrerai à celui qui te cherche sans aucun remord. 

Ma menace fait mouche, elle perd de sa superbe et se ratatine sur son lit. Satisfait que les choses soient claires entre nous, je rejoints Val. 

— Pourquoi tu joues les connards?

— Parce que si Ivan pense ne serait ce qu'une seconde qu'elle a une quelconque valeur, on est mort tous les trois. 

— Est ce qu'elle a une quelconque valeur? s'inquiète t il.

— Je n'en sais rien, pas tant que je ne trouverai pas son nom. Tu as fouillé son appartement?

— J'ai rien trouvé d'autres que des papiers au nom de Camille Green. Peut être que Larry pourrait ...

— C'est trop risqué pour le moment. Après la livraison.

Il hoche la tête avant de rentrer chez lui. Trop d'imprévu, trop de risque, cette histoire ne me plaît pas. Ivan est de plus en plus tendu et les erreurs de Nikolaï vont nous conduire au fond du trou. 

Plus tard dans la soirée, je l'observe. Elle dort paisiblement, ça non plus ce n'est pas normal. Elle devrait être terrorisée, pas prête à m'aider en recousant ma blessure avant de s'endormir comme si sa vie était remplie de papillons, de licornes et autres conneries du genre. Cette fille va nous faire prendre des risques inconsidérés, il faut que je sache si elle en vaut la peine. Je détaille son visage que j'ancre dans mon esprit avec précision, c'est l'une de mes spécialités après tout la physionomie. Pourtant avec elle je vois flou. Mon cerveau tente de me faire comprendre qui c'est mais je n'arrive pas à recoller une image nette sur elle. 

— Qui est ce que tu fuis? je murmure pour moi même. 

Résigné, je me couche. Ce n'est pas aujourd'hui que je percerai son mystère. Pourtant, il va falloir le faire et vite. Il me reste 3 jours. 3 jours pour savoir si oui ou non je risque ma peau pour elle ou si je la laisse crever sous mes yeux.  


DERRIERE LE MIROIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant