I3; j'attends rien de personne j'leur donne pas la chance d'me décevoir.

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La cloche retentit une nouvelle fois dans le sombre bâtiment dans lequel je passe désormais mon temps, et j'espère pour plus très longtemps.

C'est inhabituel, en général la cloche ne sonne pas deux fois de suite, un doute s'immisce en moi, et si il s'était passé quelque chose ?

Un nouveau sentiment m'envahit à son tour, l'appréhension, les gens se mettent à sortir de leurs cellules, affolés, et je commence à comprendre que ce qui se passe là est grave, très grave.

Et inconsciemment je me met à suivre à mon tour toute cette assemblée, aux folies diversifiées.

« - TOUT LE MONDE RETOURNE DANS SA CELLULE. IMMÉDIATEMENT ! Hurla un gardien, matraque à la main. »

Alors comme un ouragan arrivant, nous faisont marche arrière, comme si nous venions de perdre la guerre, comme si on venait d'obéir à notre père.

En même temps c'était hors de question de se prendre un coup, pour quoi ? Risquer de prendre encore quelques années ? Certainement pas.

Alors je suis à nouveau le groupe, avec cette horrible sensation d'être l'agneau du troupeau.

Celui qui suit parce qu'il est trop petit, celui qui obéit pour ne pas être punit.

J'ai cette horrible sensation d'être un débutant dans un monde de grand.

J'ai la sensation de ne pas être moi, et j'ai peur de ne jamais l'avoir été, malheureusement.

« J'ai encore beaucoup de choses à apprendre, j'suis qu'un étudiant. Mais vu qu'il y a beaucoup d'ignorants j'suis un enseignant. »

[..]

Je rentre dans ma minuscule cellule, suivit de mon colocataire. Je préférais encore mon frère.

Une lettre est posée sur mon oreiller, encore de quoi me faire flipper.

Une lettre venant de personne normale, pas inculpée, est toujours donnée par un gardien à un prisonnier, jamais soigneusement déposée.

Et si je l'ouvrait ? Si c'était une nouvelle fois des nouvelles d'Aïcha, est-elle encore une nouvelle fois menacée ? Si ce n'était même pas elle qui l'avait envoyée ? Sa fait tellement longtemps que je ne l'ai plus entendu parler.

Ou si c'était Kassim ? Si c'était l'espagnolo complètement parano qui avait prédit ma perte, qui avait fait le beau.

Je me rappelle de lui, je le retrouverai, et le jour ou ça arrivera, on pourra parler.

D'homme à homme, s'il en est un vrai.

Faire le malin c'est bien, mais il ne faut pas exagérer lorsque l'on ne fera jamais rien.

« À vouloir tout posséder j'ai fini par rien avoir. On sait bien que tout nous quittera, mais notre âme ne veut pas le voir. »

Je n'ai pas tellement envie d'ouvrir cette lettre, car j'ai le mauvais pressentiment que je finirai par le regretter.

« La cloche a surement sonné deux fois aujourd'hui, les gardiens on dû tous vous stopper, et toi aussi tu as du reculer.

Histoire d'un banlieusard, chacun sa vision du tie-quar.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant