Histoire d'un banlieusard, chacun sa vision du tie-quar.

O7; 'faut pas qu'on enrichisse le cinq étoiles de Belzebuth.

« Nous aussi on veut le Axe qui fait kiffer les meufs, la Clio 3 à 13 000 balles et pourquoi pas la télé neuve ? »

J'suis entre ces quatre murs de béton, depuis environ cinq heures. Et j'suis pas au courant du pourquoi du comment, ni comment on a pu faire l'erreur de m'emmener ici ou encore de c'que j'ai bien pu faire selon leur cerveau horriblement arriéré, soyons honnêtes, moi tout c'que j'ai compris, c'est qu'ils ont défoncés ma porte et qu'Aïcha à pleuré tellement elle était effrayée.

En gros j'ai rien écouté à ce qu'ils m'ont baratiné.

Enfin, effrayée ou dégoutée, avec le regard qu'elle m'a jeté, je saurais pas départager.

« - Encore un arabe, c'est toujours eux de toute façon !

- Oui, il faudrait les renvoyer dans leurs pays en développement à ces criminels ! Ils seraient à leur place au moins ! »

Vous voyez ? Vous voyez ce que moi, avec ma gueule d'arabe, je dois vivre ? Pourquoi ? Parce que je suis petit fils d'immigré ? C'est sur ça qu'ils veulent me juger ? Annulez aussi le procès, foutez moi direct en taule, bah oui monsieur, j'suis arabe, vous voyez pas que j'ai tué des gens ?

« J'rêve de billes verts mais ceux qui en ont me dégoûtent, c'est bizarre tout l'monde m'entend mais y'a jamais personne qui m'écoute. »

Non, j'ai pas choisi d'être typé Maghrébin comme ils ont pas choisi d'être des bourgeois français. J'accepte pas ça, j'porte mes couleurs haut et fort si je veux car c'est ma vie, mais j'accepte pas qu'on me juge parce que j'vis dans un HLM et que j'ai pas d'parents, l'habit ne fait pas le moine, et croyez moi que quand on m'voit, on a tout sauf le pressentiment que j'écris, que j'ai bac+5 et toutes ces conneries. Parce que je leur ressemble.

J'refuse, j'refuse tout, j'refuse comment on m'traite, même si j'suis pas l'seul à être dans cette situation, j'refuse que la vie s'acharne sur moi, j'refuse d'faire pleurer Aïcha, j'refuse d'être là, j'suis innocent mais ça personne le verra, j'refuse.

« Les gens comme moi n'aiment pas les gens comme eux. »

Dans ma tête c'est pas juste une éclipse, là c'est l'apocalypse.

On vient d'me dire qu'j'aurais juste l'droit à un procès, j'ai pas d'avocat alors on va m'en trouver un, oula * un commis d'office. J'passe en comparution immédiate demain.

Croyez pas j'suis un hmar* j'ai compris c'que c'est, si vous savez pas internet sa existe tahu.

[..]

Comparution immédiate finie, 12 mois d'emprisonnement.

J'ai pas compris la vie, j'ai rien fait, j'ai rien demandé, on m'jette ici et rien que quand j'ai vu Aïcha en larmes j'avais envie d'me tuer.

J'comprends pas, j'suis innocent, on vient m'chercher et on m'fout en taule, quand j'ai demandé c'que j'avais fait on m'dit que j'doit pas faire l'miskine* et que j'sais très bien, comme quoi j'devrais pas être fier de moi.

Ils m'ont même pas laisser parlé ces batards, j'avais une vieille avocate j'crois qu'elle me détestait encore plus que toutes les personnes qui étaient contre le crime que je n'ai pas commit.

Non, j'suis pas fait pour ça putain, mama les crois pas, j'veux pas t'décevoir.

« - Numéro 128, t'as un colocataire, bonne chance ! »

Il m'a dit ça et il s'est barré, vive la police nationale, me dites pas qu'ces gens sont humains, impossible d'voir des gens dans l'besoin et de même pas leur lancer un petit grain.