I7; j'tiendrais pas longtemps on sait tous que la mort prend pas son temps.

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Jeudi.

Le temps passe.. Lentement mais sûrement, apparemment.

Qui dit que je sortirais un jour ?

Qui dit que je serait pas mort avant, que je serais pas à court ?

J'fatigue, j'fatigue, oui mais Youssef t'es con, t'es pas en cances-va à Martigues.

Voila que j'me parle à moi-même à présent.. Alors c'est bon j'craque complètement ?

Sa d'vient dur de survivre, j'ai plus d'énergie pour continuer à vivre.

Et puis quand j'sortirais j'ferais quoi ? Si j'fais quelque chose, j'le ferais pourquoi ? Donner d'la bouffe aux pigeons et aux oies ?

25 ans et vie réduite à néant, j'me comporte comme un gosse qui à peur du temps.

[..]

« Puisqu'on a tout partagé jamais j'insulterais tes parents. » Nekfeu - Laisse aller.

J'pense à Aïcha en disant ça, on a tout partagé, nos tristesses, notre connerie et également nos parents, enfin, le souvenir qui s'estompait un peu plus à chaque printemps.

Ah ma sœur fait attention, les hommes sont souvent bien cons, laisses-les faire leurs erreurs, laisses-les les réparer, laisses-les dans leurs peurs avant qu'tu en meurs..

J'ai reup pour elle, j'flippe ma race toute entière, on m'a enlevé mon seul repère su terre..

J'ai b'soin d'elle, maintenant qu'on se parle normalement, comme des grands, j'ai besoin d'ma sœur, j'suis en manque mais pas d'ma dope, j'suis en manque de tout, mais surtout d'elle.

L'amour ne dépassera jamais, au grand jamais, l'amour fraternel, encore moins maternel.

J'manque pas d'amour, j'manque de repère et de mère.

J'ai pas la vie de James Bond, j'ai pas de meuf blonde. J'ai la vie d'Youssef dans une putain d'cité, victime d'beaucoup d'choses, entre autres, d'la vie.

« J'ai le syndrome de l'exclu, j'cache mes blessures, catégorie têtes dures et, en manque d'air pur. » Keny Arkana & RPZ - Le syndrome de l'exclu.

Bah voilà, Aïcha c'est mon air à moi, c'est tout c'qui m'reste et tout c'que j'ai, pour combien d'temps ?

J'suis peut-être pas l'seul à craquer, à m'braquer, encore moins l'seul à pleurer.

J'ai un univers propre à moi-même, vide et noir, seul et silencieux, plein de rap déprimant et sans vendeurs d'beuh. J'ai mon univers à moi, et mon soleil à la tête de ma mère, à côté ma soeur, soleil au sourire enfantin d'mon frère.

Et assez souvent des orages au nom d'mon géniteur viennent tout gâcher, depuis qu'j'suis né.

J'suis pas le genre de mec qui va foutre tous mes échecs sur le dos d'un connard tel que lui.

Mais on va dire qu'il est à l'origine de la presque-totalité de ceux-ci.

J'sais pas c'qui à pu passer par la tête d'ce connard quand il l'a tué, quand il a tout briser, nous n'étions pas heureux ensembles, ou bien son sourire n'était que comédie, ses rires camouflés ?

Histoire d'un banlieusard, chacun sa vision du tie-quar.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant