Histoire d'un banlieusard, chacun sa vision du tie-quar.

28; le monde pour moi c'est rien qu'un très grand hopital.

Mais comment ai-je pu ?

Comment ai-je pu être aussi naïf ?

Et comme toujours je finis déçu.

Ma déprime est si grande que j'en ai envie de me trancher la gorge avec un canif.

Ouais c'est trash, c'est hardcore, c'est ma vie tout entière qui bat des records, j'fais que suivre et avoir des remords.

La plus grande révélation de ma vie aura été celle-ci, si je devais marquer ma déception ce serait sur une tombe, la mienne, c'est pas du pipo, c'est d'la haine, envers moi-même.

Ouais l'pauvre mec, il a pas eu d'chance dans sa vie, miskin il pense plus à la vie.

L'empilement détruit les amis, il détruit. Vous lisez mon genre d'auto-biographie. Je ne fais pas le thug*, je le suis. Et si vous le voulez, vous pouvez me juger, je le mérite car je suis tel que je suis.

Et j'en parle encore et toujours, ça stagne, ça me répugne et comme d'habitude j'parle sans rien foutre, oui j'emploie des mots qui dégoûtent.

J'ai vécu une vie que personne ne mérite mis à part moi. J'ai vécu cette vie où tout le monde m'a détesté, où personne ne me voulait sous son toit.

Et ils auront réussi au final, ces personnes qui me haïssent qui me méprisent et qui font de ma vie ce qu'elle est aujourd'hui.

Alors maintenant Journal, laisse moi te parler de mes plans, tel un enfant je cache mes bêtises, tel l'enfant que je n'ai pas eu le temps d'être, malheureusement ?

Ce soir, à l'heure qu'il sera, je risque fortement de tomber du toit.

Je dis ça je dis rien, ne le répète à personne, ils diront que j'étais bien, gentil, leur ami, ils diront qu'ils ne comprennent pas et pourtant ils sauront pourquoi.

[..]

Un dernier, le dernier de ma vie, promis juré craché.

" Ah ce bon vivant qu'il était n'est ce pas ? Youssef c'était un gars bien, bah ouais poto. Tout le monde le savait.

Youssef on l'respectait, un grand d'la cité.

Youssef il a galéré, mais j'aurais jamais pensé.

Youssef il était cool, zen, pas prise de tête, il était posé. "

J'm'amuse bien en y pensant, j'me foutrais de leur gueule assis à côté de ma maman.

Et à tous ceux qui diront qu'ils me connaissaient, que j'étais un gars bien et tout l'baratin.

Vous gagnez combien ? Une paire de Louboutin ?

Honnêtement j'me déçois ouais. Mais j'abandonne, c'est pas une lettre de suicide, c'est un livre qui attend que j'le dise, un cran au-dessus, montre une envie irrésistible de crever. J'ai pas résisté.

J'prendrai bien ma petite vengeance à tous ces salauds, le trio des maléfiques, Ibtissam, Aïcha, l'autre connard que je suis sensé appeler papa ?

Bon nombres de gens, j'aimerai avoir le temps de prendre ma revanche avec chacune de ces personnes, une à une sans hésitation, sans regrets, si j'avais pu les abattre, j'l'aurais fait.

Si j'avais eu les couilles, ouais.

[..]

Mama, joyeux anniversaire.

Te rappelles-tu Journal de la dernière fois où j'ai écris Joyeux anniversaire à l'unique femme de ma vie ?

Ça fait longtemps en effet. C'est un des chapitres avec lesquels j'ai commencé, avec lequel je vais terminer.

Maman je suis un mauvais fils, j'ai mal fait mon travail mais Maman tout le travail que je pourrais mettre en œuvre pour que tu sois heureuse, tu ne peux même pas l'imaginer.

Tout l'amour que j'ai à donner Maman il est pour toi. Tu es ma meilleure amie, ma seule alliée, mon acolyte, t'es ma Yemma à moi, la seule et l'unique.

Je m'excuse pour toute les souffrances que tu as enduré par ma faute, le gosse du milieu c'est moi, le détesté par son papa.

Maman je ne découvrirais surement jamais ce qui se cache derrière cette sale image et cette sale histoire, je n'ai su te rendre hommage.

Qui nous en a voulu ? Je ne sais pas Mama. Je n'ai pas accompli ma mission, bien essayé ?

Mais Maman, est-ce que tu m'aimes ?

[..]

Bonjour bonne nuit Journal.

La dernière fois que mon stylo grattera le papier, surement la seule chose qui va me manquer.

Ah Journal je t'ai tout dédié et j'aimerais te remercier, car je sais que tu ne diras pas que j'étais un homme bon, mais rien que la vérité.

Dans 3 minutes ma mort sonnera Papier, désolé si les nouvelles ne sont pas très gaies.

Pour moi elles annoncent beaucoup Journal.

La libération, mais aussi le fait que je n'ai rien résolu, rien changé. Tant pis ou tant mieux, je pense que l'histoire s'arrête là Journal.

Mais désolé, je n'ai pas précisé, c'est l'anniversaire de la mort de Mama, l'anniversaire d'Aïcha.

Ça signifie tout et rien à la fois.

Mais dans la vie y'a les gagnants et les perdants.

Dans une compétition y'a qu'un gagnant, personne ne se souvient du deuxième, tout le monde aime le premier.

Donc dans 2 jour on m'aura oublié.

[..]

Ah ce toit, il m'a vu dans mes défonces, mes moments de déprime les plus intenses et a vu mes premières larmes de gosse banal.

Oh que j'aurais aimé être de ces éternels insouciants, nous n'avons visiblement pas la même chance ni le même destin.

Car quoi qu'on dira, personne ne naît et ne naîtra jamais avec les mêmes droits.

Mon beau toit tu me verras cette nuit encore, tu me verras une dernière fois, je te fais mes adieux, cette fois on ne se reverra pas.

Et je m'avance doucement car apparement les suicidaires ont ce mouvement de recul avant de passer à l'acte.

Et si j'avais fait autrement ?

Mais avec des si on refait le monde, et malheureusement ce n'est pas possible pour l'instant.

« - Alors c'est ça la fin de Youssef ? Tel un lâche ? Tu vas sauter et puis quoi ? Ils auront gagné ? Tous ces gens auront eu raison et j'aurais joué la comédie pour rien ? Mais Youssef des gens t'aiment, et si ils n'y en a pas beaucoup, bah y'a moi. Youssef t'es comme un vieil ami au fond. Même si on s'connaît pas. Les gens me haïssent moi aussi. Mais t'as des choses à finir. Je te laisse pas abandonner. On n'a plus 4 ans je le sais, faut assumer maintenant. Tu t'engages tu finis c'est la vie. T'es défoncé comme un con et regardes-toi. Mort sans avoir abouti ce qui était commencé ? Fallait pas s'engager, la vengeance c'est maintenant. En suite, tu feras ce que tu veux. »

Youssef.
« Histoire d'un banlieusard, chacun sa vision du tie-quar. »

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*Thug : The hatred u give / La haine que tu donnes. Mot utilisé par Tupac Shakur.