Histoire d'un banlieusard, chacun sa vision du tie-quar.

I8; être un homme ça prend du temps comme commander un verre en boite.

« - You.. Youssef ? »

Comment connait-elle mon prénom ?

J'ai couché avec des femmes mais je sais que je n'ai rien fait avec elle, ce n'est certainement pas ma sœur, ni Lina et encore moins Leyna.

Qui est-elle ?

« - On s'connait ? Demandais-je sèchement.

- Tu lui ressembles tellement.. Houla elle pleure.. Je suis pas nounou j'sais pas quoi faire, je..

- Je ressemble à qui ? Ouhou ? T'es qui merde ?!

- Je.. Tu ne me connais pas... Elle rit nerveusement.

En espérant qu'elle ne m'annonce pas qu'la tipeu dans la poussette c'la mienne parce que j'sais pas c'que j'ferais.

- Suis-moi. Tu vas te calmer et tout m'expliquer, pigé ?

À peine j'sors de taule j'suis de nouveau énervé, pourquoi tout s'acharne sur moi comme ça ? »

La femme et moi marchons l'un à côté de l'autre et j'ai le temps d'observer, elle, puis le bébé.

Ça parait étrange mais je prie intérieurement pour qu'elle ne m'annonce surtout pas que je suis papa, j'suis pas prêt à endosser un rôle comme ça.

[..]

On arrive devant l'parc d'une cité paumée, éloignée d'la mienne mais aussi de tout.

J'm'assois et elle galère avec sa p'tite alors j'l'aide.

J'suis pas un bâtard, j'vais pas la laisser s'demerder pendant quinze ans avec la tipeu.

Enfin, si j'suis un bâtard, j'veux juste que les explications aillent plus vite, putain.

« - Explications, maintenant, tout d'suite. J'veux pas qu'tu passes par quatre chemins, dis l'nécessaire j'ai pas l'temps. J'ordonne et j'espère qu'elle va rapidement se taire...

- Je.. Tu.. Il... Nous.. Elle bégaye et je devient impatient, elle est perdue.

- Putain mais fais des phrases bordel ! J'hurle et la fillette pleure, j'm'en veux même pas, faut aller vite.

- Ok. Ibtissam. C'est ton frère, on l'sait tous les deux. Je.. Écoutes j'suis pas un fantôme qui doit réapparaître, j'veux pas tout foutre en l'air... J'suis pas une pute et j'détruit pas les miffs. J'ai rien d'mander. Elle réprimande un sanglot, et j'comprends l'rapport avec mon frère.

- J'suis tonton c'est ça...

- Oui. Je serre la mâchoire, c'est pas compliqué j'en ai marre. J'étais la fiancée de ton frère.. Peu avant qu'il s'en aille en prison je vomissais beaucoup. Le verdict est tombé, enceinte. J'suis pas une pute, j'étais juste amoureuse. Je savais tout de lui, avec lui j'étais spéciale, c'est simple. J'étais amoureuse d'Ibtissam. J'sais pas quelles conneries il a bien pu faire dans l'passé, je lui ai jamais demandé. J'espère juste que tu lui as pardonné, il l'aurait apprécié. Les larmes coulent.. Il me parlait beaucoup de toi et de ses regrets, j'sais pas c'qui l'a motivé. Il était désolé. Écoutes c'était un mec bien dans l'fond, la face cachée de l'iceberg, malheureusement trop peu d'personnes l'ont vu. T'es tonton, voilà c'est tout. Content ? J'réponds pas parce que c'est pas l'terme approprié, mais j'peux pas lui en vouloir, comme elle l'a si bien dit, elle a rien demandé.

- La maladie d'l'amour hein... J'peux savoir pourquoi on s'est croisés au moins ?

- Les criminels ne sont pas enterrés avec les gens.. Normaux ? Mais bon... J'ferais jamais mon deuil mais j'ai une fille. C'est tout, c'est ma fille, le rayon d'soleil de ma vie pitoyable... J'te demande pas de m'apprécier mais la petite aurait besoin d'un oncle. Au moins un homme dans sa vie. Tiens, appelles moi si tu veux voir ta nièce. Salut. Elle se lève et part avec la poussette, ma nièce dedans et j'reste stoïque. J'pige pas c'qui s'passe, tout simplement. »