25; sais-tu c'que c'est d'avoir le cœur divisé en deux parties ?

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Hautepierre, Neuhof, à ce qu'il parait c'est à Strasbourg..

Non c'n'est pas mon quartier, et si j'en ai entendu parlé, c'n'est que pour son hôpital qui aurai accueilli des " spécimens rares". Je ne citerai personne, mais paraitrai que mon géniteur y habite,

Strasbourg ? Ouais j'connais, tu m'diras qui n'connais pas. Enfin, j'connais l'marché de Noël, la splendide Cathédrale et tout le tralala, mais j'connais pas l'magasin juste en face de l'hôpital ou encore le nom du restaurant près de la ou d'autres travaillent.

Au final j'connais autant que j'connais la Chine, tu m'diras, j'connais Pékin c'est déjà bien.

Y aller ? Le tuer ? Me casser ? Ah non désolé, changez de thème cinq minutes.

C'est trop facile c'est vrai, tuer un être humain, la police au cul, mais bien sur que je fais ça tous les jours.

Non, moi, j'veux des explications, des putains d'explications sur ce qu'il s'est passé, j'veux des détails, comme une commère à la fenêtre de son quartier, j'en suis même carrément affamé.

Si réfléchir avant d'agir est mon style, faire des erreurs est mon pêcher mignon, mais tout réussir reste mon pire cauchemar paraît-il, pourquoi faire facile au lieu de faire compliqué, c'est vrai, j'n'ai pas assez de problème, j'avais oublié.

Un plan ? Pour quoi ? Un plan pour des explications ? Dis ça à ton voisin il te rira au nez, non, pour s'expliquer, faut déjà y aller.

Mais la vraie question est : est ce que j'aurais les couilles ?

J'suis ni Superman ni Rocky, et si Bambi est une force de la nature, alors je me qualifierai en tant que tel.

Je n'sais ni de quoi il est capable, je ne suis pas sur qu'Ibtissam ne me mentait pas, et puis, au final, je n'sais rien. Ne nous affolons pas.

Oui même encore maintenant, je reste méfiant, la vie m'a ainsi forgé que voulez-vous, surveiller ses arrières et rendre les coups. Je doute qu'Ibtissam ai les mains lavées de tout crime volontaire partout, si vous voulez, je pense qu'il a souvent donné au lieu de rendre, tel est mon avis, surement pas neutre, et encore moins doux.

J'écris et écris encore, des phrases sûrement incompréhensibles tant qu'on ne pénètre pas dans ma tête, j'raconte mon histoire ou mes pensées, chose qui reste encore à déterminer.

Mais je m'appréhende, oui vous avez bien lu. Je doute que beaucoup de personnes utilisent ce mot pour ce sens, car pour beaucoup, s'appréhender sois-même paraît très étrange, tandis que c'est mon quotidien.

Qui sait de quoi je serai capable demain, rien n'est jamais rose, et dans une semaine je serai peut être défoncé comme jamais, comme un gosse qui tire sa première taffe, toussant comme un vieux, les yeux rouges comme un toxico.

Ou je serai peut être en train de sauter d'un toit, mon toit. Le même toit qui m'a vu réfléchir et grandir comme personne tandis qu'il me voyait peu à peu plonger dans les abysses de la mélancolie et de la drogue. Ce même toit qui m'a vu écrire et fumer jusqu'à pas d'heure, qui m'a vu pleurer, hurler ma douleur, ce même toit qu'il m'a vu longtemps hésiter en observant  des rebords. Et ce même toit qui verra peut être, voir surement, ma chute.

Ou je pourrai même me retrouver en plein milieu de Strasbourg, une carte à la main et cherchant quelle ligne de tram prendre pour arriver à Hautepierre, peut être même pas forcement pour des explications, mais pour mettre les choses au clair.

Histoire d'un banlieusard, chacun sa vision du tie-quar.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant