Chapitre 13 : Absence

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Andrew, 7 mois plus tôt, 3 mars 2022.

— Zack, tu as trouvé quelque chose sur cet enfoiré de Duke Aston ?

— Rien de plus que tu ne sais déjà.

— Et sur le père ?

— Non plus. Ils ne sont pas futés, mais ils parviennent à bien camoufler leurs traces.

— Ouais comme ce fils de pute de Davis. Putain !

Je suis à bout de nerfs, les deux paumes fermement plaquées contre mon bureau. J'ai passé les derniers jours à broyer du noir tout seul chez moi et j'ai eu la brillante idée de revenir au réseau aujourd'hui. Je le savais pourtant, aucun de mes hommes n'a de nouvelles concernant nos recherches, sinon, j'aurais été le premier au courant. Je n'ai pas envie d'être là aujourd'hui, mais il fallait absolument que je m'occupe l'esprit pour ne pas débarquer à la MK Corp. juste pour la voir.

Pourquoi est-ce qu'elle m'obsède autant ?

Qu'est-ce qui m'a pris de sortir un truc pareil à Kyle ?

Tu as peur.

« La peur c'est pour les faibles »

— Eh, Andrew ? Ça va ?

Je secoue la tête pour me recentrer sur ma conversation avec Zack et oublier les tumultes de mon esprit détraqué.

— Ouais. Appelle-moi dès que tu as quelque chose.

Je sors en trombe du bureau et pars me changer les idées au stand de tir. J'ai cette vieille habitude depuis plusieurs années. Entendre siffler les balles avant de s'encastrer dans la cible me procure un bien-être particulier.

En passant devant la zone d'entraînement, certains de mes hommes se lèvent brusquement pour me saluer respectueusement, comme si j'allais les buter s'ils n'arrêtaient pas leur séance pour moi. Beaucoup d'entre eux ont la trouille, et ils ont raison.

Pathétique.

Tout le monde ici sait qu'il ne faut pas me faire chier, d'autant plus quand je passe une journée de merde, et depuis plusieurs mois, je passe rarement une bonne journée.

— Patron, me lance Ricko avec un geste de la tête.

Je lui adresse un regard sombre sans même lui accorder un mot. De tous les enfoirés qui bossent pour moi, celui-ci est bien le pire. Il n'a pas peur, lui, et ça me dérange. J'ai eu plusieurs fois envie de lui refaire le portrait à cet enfoiré, mais il m'est encore utile. C'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle il est encore en vie après ce qu'il a fait, ça, et aussi parce que je ne comprends pas pourquoi j'ai envie de l'étriper pour l'avoir abîmée. Pourtant, j'aurais dû m'en foutre.

D'habitude, je m'en fous. Il y a bien des gens pour qui je pourrais tuer, comme Kyle ou encore Emmy, mais pas une meuf rencontrée dans un putain de bar pitoyable.

Des bruits sourds tonnent depuis le stand de tir à mesure que j'en approche. Je ne mets pas longtemps à reconnaître le chevelure rouge d'Emmy.

Sans un mot, j'enfile un casque et des lunettes et commence à tirer sur la cible face à moi. Les balles fusent rapidement et se plantent parfaitement sur chaque petite croix blanche de la cible en bois. Une odeur de poudre emplit mes narines et un frisson me parcourt tandis que l'arme de poing ne fait plus qu'un avec mon propre corps.

Sentir la puissance d'une arme à feu, le pouvoir de pouvoir occire n'importe qui d'une seule pression, c'est l'une de mes sensations préférées, détrônée il y a peu par une autre d'un tout autre genre.

Les ombres de l'âme - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant