Chapitre 52 : Le déni vous va si bien

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Ava

— Madame ? Madame ? Vous m'entendez ?

Une lumière vive. Une odeur de désinfectant. Une douleur.

Je cligne des yeux. Ma vue est floue et ma tête tourne violemment. Je reprends mes esprits difficilement tandis qu'une voix fluette semble me parler.

Ma tête pivote dans tous les sens et je me mets à paniquer en voyant que je suis dans une chambre d'hôpital, une vraie de vraie.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! m'écrié-je en hurlant après une infirmière en blouse blanche.

— Madame, calmez-vous. Vous êtes à l'hôpital.

Je tente de me lever, mais quelque chose entrave mes poignets. Des liens en tissu sont fermement accrochés autour de mes poignets et la vision de ces entraves me ramène aussitôt des mois en arrière lorsque ma vie a basculé.

— Qu'est-ce que... ? Décrochez-moi ces merdes ! ordonné-je en me tortillant dans tous les sens comme une furie.

— Madame, il faut vous calmer, c'est pour votre bien.

— Pour mon putain de bien ?! Détachez-moi tout de suite !

— Il faut d'abord vous calmer.

— Bordel, je vais vous étriper ! Tous autant que vous êtes si vous ne me sortez pas ça tout de suite !

— Si vous ne parvenez pas à vous calmer, je vais devoir vous administrer un sédatif.

— S'il vous plaît, enlevez-moi ces cordes, supplié-je en me mettant à pleurer. Je vous en supplie.

C'en est trop pour moi. Des images douloureuses s'ancrent dans mon esprit et je me mets à sangloter bruyamment sans cesser de me débattre.

— J'ai besoin d'un médecin dans la chambre 103, la patiente est en état de choc, elle ne parvient pas à se calmer, fait l'infirmière en parlant à travers une sorte d'interphone accroché au mur.

— Quoi ?! Je suis là bordel de merde ! Je vous entends !

Elle ne m'adresse plus un mot et quitte la pièce.

Je tente de me défaire de mes chaînes qui me lacèrent la peau et mon cœur au passage. Mon estomac vrille à cause de mes douloureux traumatismes qui refont surface. Je suis dans un état second, comme si ma raison m'avait totalement quittée et que je n'étais plus animée que par mon stress post-traumatique.

Un flot d'émotions se déchaîne dans mes entrailles. J'expulse ma rage et ma peur en lourds sanglots bruyants digne d'une maboule. Mais je m'en fous. Je me fous de ce que les autres peuvent penser de moi. J'ai tout perdu et je suis effrayée de me retrouver à nouveau attachée contre mon gré.

La porte de ma chambre s'ouvre sur un médecin à l'air sérieux.

— Madame, veuillez vous calmer, je vous prie. Tout va bien, vous êtes à l'hôpital.

— Tout va bien ? TOUT VA BIEN ?! J'irai bien quand vous m'aurez enlevé ces foutues cordes ! Détachez-moi ! m'époumoné-je.

— Iris, donnez-moi le Lorazépam.

— Non, non, non, n'approchez pas. Ne vous approchez pas de moi, sangloté-je en ramenant mes jambes près de mon torse.

— Ça va vous aider à vous calmer.

— S'il vous plaît, je veux seulement que vous me détachiez. S'il vous plaît.

D'un geste habile, le médecin transperce ma chair de sa seringue et déverse son contenu sous ma peau. Rapidement, mon organe vital se calme et mes paupières se mettent à clignoter frénétiquement. Je me sens partir, j'ai la bouche pâteuse et le souffle bien plus lent. Mes muscles se détendent et mon corps retombe mollement sur le matelas immaculé. Je suis totalement shootée, dans l'incapacité de crier la fureur qu'il y a en moi, incapable d'exprimer toute la peine qui me broie les entrailles.

Les ombres de l'âme - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant