Chapitre 11 : Haine ou amour ?

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Ava

— N'oublie pas de bien sécher ta plaie après la douche et de porter des vêtements amples. Ne frotte pas et ne gratte pas la cicatrice.

Je hoche la tête frénétiquement en écoutant les multiples conseils qu'il me répète pour au minimum la troisième fois.

— C'est compris Noah, soupiré-je.

— Je viendrai te voir régulièrement pour t'examiner, et dans quelques jours, je t'enlèverai les points.

— OK. Merci pour tout.

Il me fait un sourire, et je le prends dans les bras en souriant, ravie de pouvoir enfin quitter le réseau. Il frotte délicatement mon dos avant de me laisser rejoindre Kyle qui m'attend à l'extérieur.

J'ai l'impression que cela fait une éternité que je ne suis pas sortie, et pour cause, plus d'une semaine s'est écoulée depuis que Lukas est rentré chez moi et m'a tiré dessus. Je repars du réseau, les bras chargés d'antidouleurs et de crèmes cicatrisantes, mais le cœur lourd et un peu plus brisé par les derniers évènements. Je porte encore les stigmates de cette journée de l'horreur : les poignets et les chevilles brûlés par les cordes qui m'ont lacéré la peau, deux plaies au ventre, une petite causée par la balle d'un pistolet et une plus grande, due à ma césarienne, et surtout, un trou béant à la place du cœur. Une partie de moi m'a été enlevée ce jour-là, mon enfant, ma petite-fille que je n'ai même pas eu l'occasion de rencontrer.

Je marche lentement jusqu'au parking du réseau où j'ai donné rendez-vous à mon ami que je peux déjà observer de loin. J'ai choisi d'être dans le déni pour l'instant et d'occulter tous les méandres de mon esprit bien trop douloureux à affronter. Ainsi, je flanque un large sourire sur mon visage encore abîmé et adresse un signe de la main à Kyle qui se dirige vers moi.

Il me prend dans ses bras et dépose un petit baiser sur mon front.

— Tu aurais pu me dire que tu avais du mal à te déplacer, je serais venu te chercher à l'infirmerie.

— C'est bon, je voulais me débrouiller toute seule. Je suis juste un peu engourdie, ça fait des jours que je n'ai presque pas marché.

— Donne-moi tes affaires.

Je lève les yeux au ciel et lui tends le sac que j'ai dans les mains. J'ai demandé à Emmy de me ramener quelques affaires de chez moi, n'en pouvant plus de porter les blouses médicales affreuses qui ne laissent aucune place à l'imagination. En plus des nombreuses boîtes de médicaments que Noah m'a filées « juste au cas où », mon sac est plein à craquer.

Kyle m'ouvre la portière passager et m'aide à m'engouffrer dans le véhicule.

— C'est bon, Kyle, je ne suis pas handicapée.

— Merci d'être venu me chercher, dit-il en parlant à ma place.

Je rigole et boucle ma ceinture avant de poser mon regard sur lui.

— Merci, Kyle, dis-je en souriant.

Il démarre la voiture et mon regard se perd sur le paysage qui défile alors que l'on s'éloigne peu à peu du réseau.

— Ça va aller ce soir ?

— C'est-à-dire ?

— Toute seule, chez toi ? Tu peux venir à la maison si tu veux ou je peux rester dormir chez toi.

Je n'ai pas vraiment réfléchi à comment je me sentirais une fois seule chez moi. Je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable que le jour où Lukas est entré et m'a ligotée à l'un de mes fauteuils. Des frissons me parcourent tandis que je me refais le film des évènements dans ma tête, et je ferme les yeux pour tenter de maîtriser le flot d'émotions qui menace de jaillir.

Les ombres de l'âme - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant