Chapitre 58 : Vision d'horreur

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Ava

Je cligne des yeux, reprenant lentement conscience après les événements encore flous dans ma tête. Des voix me parviennent indistinctement et, très vite, une douleur lancinante me parcourt tout le corps. J'ai envie de hurler, mais aucun son ne parvient à faire vibrer mes cordes vocales. Ma tête est douloureusement comprimée et une terrible nausée me noue la gorge.

Un réflexe stupide me pousse à poser ma paume sur mon bas-ventre, comme si cela pouvait vérifier que mon bébé n'a pas encore été arraché. Des larmes silencieuses roulent sur mes joues et l'envie de fermer à nouveau les yeux est terriblement puissante.

J'entends crier à l'extérieur, des hommes sont en train de se disputer, mais je ne comprends pas ce qu'ils disent.

Mes yeux s'ajustent peu à peu à ce qu'il se passe. Mon SUV s'est encastré dans un arbre et une fine fumée noire s'échappe du moteur. L'odeur âcre d'essence qui s'en dégage fait naître en moi de terribles souvenirs qui s'ancrent violemment dans mon esprit.

Je tente de bouger, mais chaque mouvement me rappelle la souffrance qui m'envahit. L'air frais de l'extérieur me fait dresser les poils et m'incite à tourner la tête vers l'origine de cette infiltration d'air à l'intérieur de l'habitacle. Je serre les dents face à la souffrance qui me tiraille et parviens à pivoter. Andrew a disparu et sa portière est grande ouverte.

Est-ce qu'il a été éjecté à cause de l'impact ?

Putain ! Que s'est-il passé ?!

J'ai envie de l'appeler, de hurler son prénom, mais je n'arrive pas à parler, je suis trop affaiblie pour ça.

Ces voix, encore ces voix qui hurlent et me brisent. Il y en a une parmi elles que je reconnais parfaitement. Andrew est en train de crier, mais sa voix est étrangement brisée et entrecoupée violemment.

— Tu es la raison pour laquelle maman est morte. Tu ne l'as jamais aimée. Tu n'as toujours été qu'un putain de lâche, une baltringue, rien de plus.

— Tu n'as que ces mots à la bouche, c'est vraiment de ça que tu veux parler pour tes derniers instants ?

— Pourquoi ?! Pourquoi avoir fait tout ça ?!

— J'étais faible et pathétique. J'ai rencontré Davis et il m'a fait ouvrir les yeux. C'est vous qui me rendiez ainsi. Il fallait que je me débarrasse de ceux qui m'empêchaient de révéler ma véritable nature. Ta naissance n'a été qu'un fardeau de plus. Ta mère était faible et inutile, tout comme toi.

Même sans les voir, je peux ressentir toute la haine suffocante qui les entoure. Je ne comprends pas ce que le père d'Andrew fait ici, au beau milieu de cette forêt.

Est-ce que je suis en train de rêver ?

Peu importe s'il s'agit d'un rêve, il faut que je sois là pour Andrew. Je lui ai promis que je ne laisserais pas son père lui faire du mal. Il faut que je l'en empêche.

Occultant la douleur qui me paralyse, je déboucle ma ceinture, ma mâchoire sur le point de se briser tant elle est comprimée. Mes doigts tremblent sur la poignée de la portière alors que j'essaie de l'ouvrir.

De l'autre côté du véhicule, les insultes et les cris fusent de part et d'autre, entrecoupés par moments par des coups que j'espère ne pas provenir du père d'Andrew.

— Tu n'es qu'un putain de bâtard, j'aurais dû te tuer avant même ta naissance. Tu me demandes pourquoi, mais tu ne te rends pas compte que tout est de ta faute ! Tout a toujours été de ta faute !

D'une main tremblante et tailladée, j'attrape mon arme que je laisse toujours dans ma boîte à gants.

Simple précaution.

Les ombres de l'âme - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant