Les ombres de l'âme - Tome 2

Chapitre 49 : Douleur permanente

Ava

L'arrivée de l'hiver se fait ressentir avec le froid qui me fouette le visage. J'ai repris un rythme régulier avec une séance de sport quotidienne qui me permet de me réveiller avant d'attaquer une longue journée.

Mon souffle chaud provoque une légère brume blanche s'échappant de mes lèvres entrouvertes au rythme de mes expirations bruyantes. Comme une bonne vieille habitude, je cours dans le parc plusieurs dizaines de minutes avant que mes membres échauffés ne me supplient de me poser.

Je m'assois à même l'herbe fraîche et bois une grande gorgée d'eau en tentant de reprendre ma respiration erratique après mon effort physique. Je sors les écouteurs de mes oreilles et laisse mes yeux observer les alentours pour m'assurer que personne ne m'entendra parler toute seule.

J'expulse un dernier souffle et plante mon regard sur le lieu de repos de mes parents avec un petit sourire en coin.

— J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne suis pas venue. Il s'est passé tellement de choses en l'espace de quelques semaines...

Je frotte mon visage moite et ferme les yeux quelques secondes en laissant l'air matinal emplir mes narines.

— Je vis avec Andrew depuis un peu plus de deux mois et je ne regrette pas une seule seconde d'avoir accepté. Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point je l'aime. C'est... indescriptible. J'aurais tellement aimé pouvoir vous le présenter.

Je ramène mes genoux contre ma poitrine et pose mon menton dessus en soupirant.

— Tout n'a pas été simple entre nous. Mais je n'ai pas honte de le dire, je suis heureuse. Oui, vraiment heureuse, comme jamais je ne l'ai été auparavant. J'espère que cette sensation de bien-être va perdurer, mais... j'en sais rien, j'ai l'impression d'attirer constamment les problèmes. C'est peut-être parce que j'ai du mal à accepter le fait que tout se passe bien dans ma vie... J'ai cette constante impression que quelque chose finira par me briser un jour ou l'autre. Parce que je suis tellement heureuse que je le sens, j'ai un mauvais pressentiment et ça me fait peur. Je me sens tellement ridicule, soupiré-je. Pourquoi je ne peux pas simplement profiter et me dire que tout ira bien ?

Une sensation désagréable me provoque des frissons et une boule se loge au creux de mon estomac. Je me retourne brusquement et tourne ma tête dans tous les sens alors que je me sens épiée.

— Putain, je suis totalement folle, soufflé-je. Vous devez vous dire que je deviens parano à me sentir constamment surveiller, pouffé-je. Je n'ai parlé à personne de cette panique qui me ronge constamment parce que je n'ai pas envie qu'on me prenne pour une malade. Et puis, connaissant Andrew, il tentera de me faire surveiller, et je ne veux pas de ça. Je l'aime, mais il peut être vraiment surprotecteur parfois et ça m'agace.

Je me retourne à nouveau en serrant fermement la mâchoire alors que mon cœur fait des embardées dans ma cage thoracique.

— Ouais, une vraie folle...

Je soupire bruyamment en reportant mes yeux sur les morceaux de granit portant les patronymes de mes parents.

— Ça fera bientôt quatre ans que vous êtes partis. Le temps passe vite. Ça fait déjà plus d'un an que j'ai fait la rencontre d'Andrew, j'ai l'impression que c'était hier. Notre histoire est clairement digne d'une putain de série Netflix, dis-je en poussant un petit rire sans joie. Enfin bref, je vais arrêter de vous parler de ma vie, je deviens carrément morose. Sinon, Tess va bien. Elle a passé le week-end avec nous et j'ai adoré être avec elle quelques jours. Je crois qu'elle est heureuse elle aussi, ajouté-je avec un sourire. Vous seriez fiers de ce qu'elle est devenue. Moi, je suis fière d'elle.