Les ombres de l'âme - Tome 2

Chapitre 57 : Paternité

Andrew

Une odeur âcre d'essence envahit mes sinus alors que je reprends peu à peu connaissance après le carambolage. Ma respiration est rendue difficile à cause de la ceinture de sécurité qui me comprime la poitrine et de l'airbag qui s'est déclenché.

Tout s'est très vite enchaîné. Je discutais avec Ava alors que mon stress me broyait les tripes à cause de ce que je m'apprête à faire et, la seconde d'après, j'étais secoué dans tous les sens.

Chaque mouvement effectué me paraît difficile et une douleur lancinante au crâne me fait plisser les yeux.

— A... Ava ?

Pas de réponse.

Le SUV a effectué des embardées violentes, propulsé par un coup puissant au niveau du flanc droit, avant de finir sa route contre un arbre. Nous sommes retombés sur les quatre roues, au beau milieu d'une forêt dense qui a ralenti les mouvements du véhicule.

Je tente de rappeler Ava qui ne me donne pas la moindre réponse, une fois de plus.

Mon cœur me fait souffrir terriblement alors que je parviens difficilement à garder les yeux ouverts à cause de la douleur fulgurante qui m'assaille de part en part. Je faufile ma main jusqu'à son cou pour espérer sentir son pouls. J'use de toute la force qu'il me reste, de tout l'amour que je ressens pour cette femme pour faire pivoter ma tête, occultant difficilement les lancements douloureux de ma nuque.

Ses yeux sont fermés et sa tête ensanglantée tournée sur le côté. En me concentrant sur les mouvements de sa poitrine, je note que sa respiration est régulière et toujours présente.

— Ava ? Réveille-toi, mon ange, dis-je en sentant mes entrailles se tordre. Je t'en prie, réveille-toi.

Elle est vivante, mais totalement inconsciente, ce qui ne me rassure pas vraiment concernant son état. Je déboucle ma ceinture en serrant les dents et entreprends d'attraper son smartphone – le mien ayant été broyé sous le choc – afin d'appeler qui que ce soit pour nous aider.

Ma portière s'ouvre violemment et mon corps est extirpé de l'habitacle sauvagement, faisant chuter le téléphone au sol. Un grognement, impossible à maîtriser, s'expulse de ma gorge à cause de la douleur qui semble presque me paralyser.

Des bras puissants m'entourent la taille, et mon corps est traîné dans la boue sur plusieurs mètres avant que ma tête ne heurte violemment le sol. Je ne sais pas ce qui est le plus douloureux entre mes membres amochés et ma tête au bord de l'explosion ou la femme de ma vie, peut-être en train de mourir sans que je puisse aller la secourir.

Ma respiration saccadée et ma gorge sèche m'empêchent de respirer convenablement et le voile blanc sur mes yeux ne me permet pas de distinguer la personne qui se tient au-dessus de moi. Je force mes paupières à rester ouvertes alors que ma tête tourne et que le sol semble vouloir m'engloutir dans les ténèbres.

— Eh bien, moi qui croyais que tu serais plus combatif.

Au moment où sa voix me parvient, mon souffle se coupe. Ma vision se concentre petit à petit sur mon géniteur qui se tient sournoisement au-dessus de moi, un flingue pointé sur ma tête.

La peur de le revoir après toutes ces années m'envahit et aucun son ne peut sortir de ma bouche. Je suis tétanisé face à cet homme qui a tourmenté toute mon existence.

— Bonjour, Andrew, ça fait longtemps, dit-il avec un sourire carnassier qui me file des frissons.

Ne pas avoir peur.

Ne pas avoir peur.

Il ne peut plus me toucher.

Il ne peut plus me faire de mal.