NOVA [Nouvelle version]

Chapitre 1

Les ruisseaux coulaient, les oiseaux chantaient et le vent dansait. C'était une matinée des plus calmes. Les gens circulaient joyeusement dans les rues de Célestial. Au loin, on pouvait apercevoir l'Institut, vers laquelle tous les étudiants se pressaient. Les plus âgés qui pourtant étaient généralement calmes, semblaient à la limite de la crise d'angoisse. Ils tournaient en rond. Certains se dépêchaient nul ne savait vers où. D'autres se dandinaient d'un pied sur l'autre. Bien sûr, raison il y avait. C'était un grand jour, celui de l'Examen. Une seule et même question était sur toutes les lèvres, dans toutes les petites têtes pensantes. Allaient-ils réussir à entrer dans l'Ordre ? Tous craignaient d'échouer lamentablement, de faire honte à sa famille et de n'avoir sa place dans la société cette année. Dans l'École de l'Ordre, le contraste était frappant malgré l'événement. Les Rouges, comme on les surnommait, gardaient leur sang-froid et se préparaient au départ. En effet, seuls les plus jeunes de l'Ordre restaient accueillir les lauréats de l'Examen. Les autres, plus vieux, s'en allaient. Le reste de leur aventure se décrirait ainsi. Vivre en traçant leur route jusqu'à trouver leur voie. Il y avait un choix primordial, le Choix, sur lequel ils devaient attentivement se pencher. Le Choix pouvait prendre des dizaines d'années pour certains ou quelques minutes pour d'autres. Alors les plus âgés n'avaient guère le temps de se préoccuper des nouvelles recrues.

À l'écart de cette agitation solennelle, se tenaient deux jeunes personnes. Ils avaient la tête bien remplie. Leurs compétences dépassaient l'entendement. Ils se nommaient Laya et Eili. De loin, on aurait pu croire que les deux Rouges discutaient tranquillement mais de près, on ne pouvait se tromper. C'était une dispute qui les animait.

— ... peux pas me faire ça ! s'écriait Laya, pas à moi !

— Écoute, répondit Eili, c'est mon choix, et rien ne pourra me faire changer d'avis. Je veux siéger auprès des Sages et tu le sais .

— Mais que dis-tu ? Notre place est auprès des Savants ! Nos compétences y seront appréciées ! Depuis quand, rappelle-moi, es-tu intéressé par le pouvoir ? Nous sommes bien d'accord que c'est le seul intérêt qui pousse les Sages à s'enfermer huit longues années dans un monastère !

— Depuis toujours !

— Je ne te reconnais plus Eili, s'attrista Laya.

— Eh bien, tu ne verras alors aucun inconvénient à ce que je rentre chez moi régler quelques affaires avant d'entrer au monastère.

— Quoi ? Mais Eili !

Eili s'en alla. Déterminée à ne pas se laisser faire, Laya lui emboîta le pas. Elle s'efforçait de conserver une certaine distance entre son ami et elle, afin de ne pas se faire remarquer. Après quelques minutes de marche, Eili changea brutalement d'itinéraire. S'était-il rendu compte qu'il était suivi ? Et s'était-il aperçu que c'était elle ? Il jeta plusieurs coups d'oeil derrière lui. Son comportement devenait étrange. Comment se faisait-il qu'il ne l'ait pas encore vue ? Ou peut-être l'avait-il remarquée et tentait-il de la semer ? Cependant cela n'aurait aucun sens, c'était sa ville, elle la connaissait parfaitement. La direction que prenait Eili devenait de plus en plus intrigante. Maintenant, elle en était certaine, cet itinéraire n'était pas qu'un simple détour. Il s'éloignait bien trop de chez lui. Il allait même dans la direction opposée. Quoiqu'il en fût, elle ne lâcherait pas d'une semelle. Laya s'arrêta un instant. Eili l'avait distancée, mais elle pouvait encore l'apercevoir au loin. Où allait-il ainsi ? Tout de même pas dans la zone numéro 47 ? Elle était interdite au public. C'était le lieu où s'était posé le vaisseau Célestial quelques siècles auparavant.