Chapitre 16

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Quand Téa se réveilla elle soupira. Elle se trouvait de nouveau dans une chambre inconnue. Alors je vais vraiment me réveiller chaque jour dans une nouvelle chambre, soupira-t-elle intérieurement. D'abord dans cette ville, Farlig, puis chez Ayden et maintenant chez Eloe. Quand finirait-t-elle par avoir un domicile fixe ?

La jeune fille sortit de sa chambre en pyjama. Dans le couloir, elle trouva Asha, occupée à accomplir saltos et pirouettes. Téa la regarda, bouche bée, faire une suite d'enchaînements alambiqués que même les professionnels de la Terre n'auraient pas réussi. Mais sans doute que la souplesse et le sport étaient de mise ici. Après tout, leurs ancêtres étaient astronautes.

— Salut Asha ! Quelle heure est-il ?

Aussitôt, Téa se demanda si elle n'avait pas gaffé. L'heure novienne était-elle la même ?

— Il est 10 heures moins le quart. Tu es du matin toi !

Du matin ? Sur Terre, se lever à cette heure était considéré comme une grasse matinée ! De plus, Ayden s'était levé de bonne heure lui. Puis, Téa remarqua l'air curieux et ironique d'Asha. La jeune fille éclata de rire.

— Je rigole ! Tu es vraiment différente toi ! Ma mère est partie au boulot. Elle ne voulait pas te réveiller parce que, je cite, tu lui faisais de la peine. Tu rentres chez Ayden ce soir quand elle reviendra. Bon, un p'tit déj ça te tente ?

Téa nota deux choses. La première, le mot "petit déjeuner" existait toujours. La deuxième, c'était que les Savants et leur famille avaient l'art de remarquer l'anormal sans en faire d'histoire. Asha et Eloe n'avaient pas arrêté de commenter ses gaffes quand elle en faisait et pourtant aucune des deux ne semblait se poser trop de questions à son propos. Les gens de science savaient sûrement mieux que personne que les humains n'avaient rien de normal et qu'aucun d'eux ne pouvait être comparé à des normes. Au moins, là-dessus le monde avait avancé et d'une bonne manière.

— Bien sûr que ça me tente !

— Cool. Mais on va devoir attendre le passage des membres de l'ACEED sinon on aura plus faim.

Téa, perdue, regarda son amie glisser sur la rambarde de l'escalier pour se rendre au deuxième étage, dans la salle à manger.

La veille, Asha avait fait visité à Téa le moindre recoin de sa villa, ravie d'avoir une visiteuse. C'était probablement la première fois que quelqu'un dormait chez elle. Étrange, vu le nombre de chambres d'amis que comptait le troisième et dernier étage. La fillette devait se sentir très seule.

La sonnette retentit. Asha remonta, prit Téa par le bras et redescendit aussitôt. Elle était si euphorique que sa vitesse avait drastiquement dépassé celle de la marche. Maintenant, elle traînait presque Téa, qui tentait tant bien que mal de suivre son rythme, derrière elle.

Elle abaissa la poignée. La porte s'ouvrit sur deux enfants portant un badge. Il était marqué quelque chose dessus mais les lettres étaient inconnues à Téa.

— Bonjour ! lança le plus grand, un garçon d'environ treize ans, nous sommes membres de l'ACEED et nous vous proposons des bons cupcakes faits maison ! Vous en voulez ?

— Bonjour. Oui merci, on va vous en prendre quatre.

La petite rousse qui accompagnait le garçon semblait avoir près de huit ans. Elle plongea la main dans son petit panier rose et en sortit quatre magnifiques cupcakes décorés.

— Cela vous fera huit points s'il vous plaît, annonça le jeune garçon.

Asha sortit donc de sa poche une carte. Comme celle des pauvres gens que Téa avait vu se faire maltraiter sur les Passerelles du tramway, sa carte était beige. Alors que Téa observait l'objet, Asha posa sa carte sur le scanner que tenait le petit vendeur. Téa revint sur ses suppositions. Certes, les deux jeunes commerciaux étaient grands. Mais cela ne voulait rien dire, après tout, la taille moyenne avait bien évoluée. Cependant leur comportement, leur manière de se tenir, évoquait sans aucun doute des enfants plus jeunes. Tout compte fait, ils ne devaient avoir plus de onze et six ans.

— Votre maison...Mademoiselle, c'est un château ? demanda la fillette à Asha.

Asha et Téa sourirent avec attendrissement. Mais ça ne parut pas amuser le garçon.

— Délia ! Ne dérange pas les petites demoiselles.

Les petites demoiselles ?  Téa, vexée, regarda Asha, qui le paraissait tout autant qu'elle.

— Elle ne nous dérange pas. Viens je vais te faire visiter. Délia...c'est ça ?

Un duel de regards semblait s'être engagé. Délia faisait les yeux de chat au garçon. Il sembla à Téa que quelque part, dans le regard de ce jeune homme, un rempart avait cédé. Il ne paraissait pas capable de supporter la mignonnerie de l'enfant.

— Bon... c'est d'accord. Au fait, seul moi peut appeler ma sœur "Délia", vous, contentez-vous de Cordélia, finit-il par annoncer, d'un ton énervé.

— Compris, lança Asha avant de se tourner vers Cordélia, moi c'est Asha. Et elle, c'est mon amie, Téa. Tu es en quelle classe ?

— En CS 1. Et Ilo est Certifié !

— Délia ! C'est pas leurs affaires ! Dépêche-toi de visiter. Je t'attends dehors.

— Tu vas vraiment laisser ta petite sœur en compagnie de "petites demoiselles" comme nous ? rétorqua Asha d'un ton provocateur.

Cette remarque parut agacer le dénommé Ilo. Il s'avança jusqu'à entrer dans la maison et lança.

— Bon, on la fait cette visite ?


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