NOVA [Nouvelle version]

Prologue

— Il faut qu'on quitte le Territoire Céleste.

Un an et demi plus tôt...

Farlig, avril 6726

— Tu es sûre de toi Téa ? On est toujours dans Célestial. Ayden peut facilement nous retrouver. Surtout ici.

— Oui Eloe. Je suis certaine que ceux de Farlig ne sont pas comme leur réputation laisse entendre.

— Bon. Dépêchons-nous alors. Les autres nous attendent.

Eloe et Téa pressèrent le pas. Une femme arriva dans leur direction. Téa s'arrêta et se tourna vers elle.

— Excusez-moi, je cherche un endroit pour avoir des conseils et des informations.

— Souv té nib àl !

— Pardon ? demanda Téa, perdue.

— Luc lei noc ? répondit la femme sur le ton de l'interrogation, foni o togas ? 

— Je pense qu'elle nous demande quel genre de conseils voulons-nous... chuchota Eloe à l'intention de Téa.

— Oh... "Luc" pour trouver une ville, dit Téa à la dame de Farlig.

— Rup rop liv ? Iko ! 

— Allons autre part, je ne comprends que dalle à ce qu'elle raconte ! murmura Téa à Eloe.

— De né ta ! Souv té nib àl ! Souv té nib àl !

— Oui oui... "Souv té nib àl", mais nous pas comprendre vous. Adieu, articula du mieux qu'elle le put Eloe.

— Emê rup rop Téa ? 

Téa et Eloe se dévisagèrent, interdites. Parmi tous ces mots venus d'ailleurs, il y en avait un qui n'aurait pas dû être prononcé par cette inconnue. Comment connaissait-elle Téa ?

— Souv riouv rup rop liv ? reprit la dame, Liito na retisé !

— Liito vous dites ? intervint Eloe.

— U. Souv zel Liito. Souv zel Liito. 

— Merci pour l'information. Qu'est ce que je vous dois ? demanda Eloe.

— Tiatèse rup rop Téa, dit la femme en les repoussant, narèsa. 

— Elle nous offre son conseil d'après ce que j'ai compris, sourit Eloe.

— La dame du métro ne parlait pas comme ça, dit Téa, confuse.

— Cette dame a sûrement une maladie. Certains de mes patients étaient comme ça du temps où j'étais Infirmière. Elle semble gravement atteinte malheureusement.

— Ses conseils sont précieux en tous cas ! Direction Liito, la ville de l'Union !

Liito, juillet 6726

Trois mois eurent passés mais ils durent se rendre à l'évidence, Ayden, qui organisait des battues pour retrouver ses opposants ainsi que Téa, était bien trop efficace. Chacun de ses recherchés finissait par être trouvé puis disparaissait de la circulation. Téa qui se faisait appeler Pixie, était assise à la fenêtre de leur petit logement. Ils avaient dû avoir recours à des méthodes peu louables pour se faire loger dans les confins de Liito. Et même là où ils se savaient cachés, ils ne doutaient pas de devoir s'enfuir. Asha et Téa étaient vite devenues comme sœurs, pour autant Ash était inquiète de voir Téa se faire distante. Elle passait ses jours à scruter entre les volets qu'ils maintenaient fermés sur les conseils des passeurs qui les avaient conduits. Elle passait ses nuits à sangloter, se réveillant en sursaut et sueurs froides.

Cette journée-là était grise et pluvieuse. Mais qu'importait, ils ne sortiraient sûrement pas. Téa surveillait de très près ce qui ressemblait à des drones. Ils apparaissaient à l'horizon depuis plusieurs mois et semblaient se rapprocher de jours en jours. Elle commençait à s'endormir, assise sur le rebord de la fenêtre. Elle s'appuyait contre le mur derrière elle. La fatigue lui faisait lâcher le volet des doigts. Un énorme bruit la fit sursauter. Elle écarta le volet et regarda. Une cinquantaine de Rouges faisaient une descente sur Liito. Elle sauta de son appui de fenêtre et posa ses pieds sur le parquet froid. Elle se dirigea en courant vers les chambres de ses amis. Elle ouvrit les portes une à une.

— Téa ? avait demandé Cordélia en se frottant les yeux.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'était exclamé Iloan, déjà sur le qui-vive.

— SluTéayaqwa ? avait marmonné Asha.

— Je sais, avait soufflé Eloe, qui était appuyée à sa fenêtre.

Quelques minutes avaient suffi, les maigres affaires avaient été emballées. Costumés, ils étaient sortis de la ville, en se faufilant par les chemins de passeurs.

— Où va-t-on maintenant ? avait demandé Ilo.

— Pas à Célestial, Visdom ou Vallás, ça c'est sûr, avait assuré Asha.

— Nous serions en sécurité à Lakana, c'est une très grande ville, mal desservie par les tramways et métros.

— Partons à Lakana, alors, souffla Téa.

Lakana, 14 octobre 6727

Plus d'un an s'était écoulé, Téa n'avait jusqu'alors aperçu aucune battue. Tout aurait pu sembler normal et paisible dans la grande ville de Lakana.

Ce jour-là, le 14 octobre 6727, Iloan préparait secrètement l'anniversaire de Téa. Il souhaitait qu'elle pût fêter ses "douze" ans en bonne et due forme.

Il était sorti le matin-même, lui assurant qu'il allait faire quelques courses. Il était près de treize heures lorsqu'il revint. Il était écarlate et essoufflé d'avoir couru. Téa et Asha se jetèrent sur lui dès son arrivée.

— Ilo ? Ça va ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Ilo tenait un morceau de papier froissé dans une main.

— Ils font tomber ça du ciel, balbutia-t-il.

Téa lui prit la feuille des mains. Elle y vit son portrait, couplé de la mention "Recherchée". Sa tête était mise à prix.

— Il faut qu'on quitte le Territoire Céleste, dit Téa en regardant les affiches s'éparpiller sur l'appui extérieur de leur fenêtre.